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    06/12/2023

    Ils sont à l’origine de plusieurs attaques racistes

    La division Martel dissoute par le gouvernement

    Par Christophe-Cécil Garnier

    Ce 6 décembre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé la dissolution de la division Martel, bande d’extrême droite violente. Si le décret reprend une grande part des infos déjà publiées par StreetPress, il évoque d’autres agressions.

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    Ce mardi 6 décembre 2023, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé la dissolution sur Twitter-X du groupuscule violent d’extrême droite Division Martel (DM) :

    « Ce groupuscule incite à la violence et à la haine raciale. Il n’a pas sa place dans notre République. »

    Dans un document de quatre pages, le ministre liste les principaux méfaits du groupuscule, sur lequel StreetPress a largement enquêté en octobre. Il leur est d’abord reproché la tentative d’attaque lors du match France-Maroc le 14 décembre 2022. À cette occasion, un membre de la DM a demandé au reste du groupe de se retrouver « dans vos villes en groupes et affrontez l’ennemi en étant matossé, gazeuse, matraque, gants coqués… ». « L’ennemi » étant ici les supporters marocains. Le décret de Darmanin revient aussi sur l’expédition punitive raciste devant le lycée Victor Hugo en plein Paris le 20 avril dernier. Curieusement, le ministère de l’Intérieur parle plutôt d’une « action de déblocage » du lycée dans le cadre des manifestations contre la réforme des retraites. Le récit des militants de la DM présente plutôt l’affaire comme une attaque contre des « sarrasins ». StreetPress vous racontait d’ailleurs tous les détails de cette attaque fin octobre dernier.

    Et il y a évidemment la descente à Romans-sur-Isère (26) du 25 novembre, quand eux et 80 autres militants venus des quatre coins de la France ont tenté de « taper des bougnoules », selon leurs propres termes. À cette occasion, deux membres de la Martel auraient été contrôlés par la police « dont l’une d’elles est soupçonnée d’avoir contribué à la coordination sur place de cette action », est-il écrit. Une référence à Léo R., plus connu sous le ridicule pseudonyme « Gros lardon » ? Le militant, comme StreetPress l’a décrit sur Twitter-X, est fan d’Hitler et du IIIe Reich. Celui qui a quitté l’armée pour « désaccords politiques », a été impliqué dans la tentative d’attaque raciste lors de France-Maroc. À cette occasion, les policiers avaient retrouvé chez lui un grand nombre de couteaux, de drapeaux et de brassards nazis.

    À LIRE AUSSI : Descente raciste à Romans-sur-Isère : quels sont les profils des interpellés ?

    Des interpellations sans suite ?

    Dans le reste du décret, le ministre de l’Intérieur confirme une grande partie des informations de StreetPress et de Mediapart, qui a publié une enquête sur la division Martel l’été dernier. Selon la Place Beauvau, la DM s’est en effet bien constituée au second semestre 2022 et est composée « d’une trentaine de membres » qui sont principalement en Île-de-France, mais aussi dans d’autres départements voisins, comme l’Aisne, l’Isère ou l’Yonne. Leur stratégie de recrutement passait effectivement par certains canaux Telegram dont FRDeter. StreetPress a d’ailleurs révélé qu’un des créateurs, le noblion Mathis S., était membre de la Martel.

    À LIRE AUSSI : La division Martel, les bébés néonazis parisiens

    Le décret révèle tout de même certaines informations. Un membre de la division Martel a ainsi été interpellé et placé en garde à vue le 3 septembre 2022 à Paris pour avoir sur lui une matraque et une bombe lacrymogène en marge d’une manifestation de soutien à l’imam Iquioussen, qui devait être expulsé. Un autre a également été interpellé le 17 juin 2023 à Rouen (76), « alors qu’il aspergeait de gaz lacrymogène » deux personnes noires attablées dans un bar. Une action « préméditée » par l’extrême droite radicale, « désireuse de cibler des personnes d’origine extra-européenne », à l’occasion d’un événement local. Aucune information dans le décret n’indique que ces deux interpellations ont donné des suites judiciaires. Enfin, le décret raconte ces messages d’un Martel qui incite en octobre et novembre 2022 plusieurs interlocuteurs à « monter des équipes pour se livrer à des “ratonnades” », et ce « afin de “faire changer la peur de camps” ». Une ambition qu’ils ont finalement pu mettre en œuvre lors de leur attaque raciste contre plusieurs personnes racisées le 20 avril devant le lycée Victor Hugo, en plein Paris.

    Le 28 novembre dernier, Gérald Darmanin avait annoncé son intention de dissoudre la division Martel et deux autres groupes d’extrême droite radicale. Qui sont-ils ? Mystère et boule de gomme : StreetPress a contacté à plusieurs reprises la place Beauvau qui s’est montrée bien incapable de donner les noms. La com’ avoue son ignorance et a renvoyé StreetPress vers le cabinet qui le 29 novembre a indiqué qu’ils réservent à Darmanin himself la primeur des annonces, d’ici deux semaines environ. Ça lui laisse encore un peu de temps pour se décider… À StreetPress, on a lancé des paris : les Vandal Besak et les identitaires Remparts Lyon ont la cote.

    À VOIR : #FAFLeaks: agressions et saluts nazis, les vidéos inédites de la division Martel

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