En ce moment

    29/08/2011

    Une asso aide ceux qui n'ont pas de garant à se loger et se réinsérer

    2 ans avec Cédric et Vanessa, du camping en bordure du périph' au 2 pièces à Faidherbe-Chaligny

    Par Françoise Ortie

    Sur StreetPress Vanessa et Cedric racontent comment ils ont pu quitter «leur tente sur les bords du périph'» en 2 ans grâce à un accompagnement. Aujourd'hui ils ont un Jack Russell et un écran plasma. En attendant la Renault Evasion ?

    30% des SDF à Paris ont entre 16 et 30 ans. Vanessa, 25 ans aujourd’hui et son compagnon Cédric, 29 ans, ont galéré pendant 2 ans et demi pour trouver un logement. De l’impossibilité de trouver un garant, au quotidien dans la rue, alors que Vanessa est pourtant en CDI. Ceux qui les ont sauvés : Des jeunes comme eux, bénévoles dans une association de réinsertion par le logement, qui les ont sorti de la spirale infernale des loyers exorbitants.

    Paris – 11e arrondissement – Juillet 2011 : Au 1er étage sur rue, Cédric et Vanessa nous ouvrent la porte d’un petit deux pièces de 20 mètres carrés rue Basfroi. Dans cet intérieur chaleureux, tous les agréments de la vie de couple moderne : chien, télé, niche, machine à laver. Dans le couloir, des photos de famille et de Vanessa en première communion. C’est parti pour le récit de trois ans de vie, dont deux ans de galère pour trouver un toit.

    Avril 2009 – Mai 2010: La galère

    25 avril 2009: Une semaine après avoir signé un CDI, Vanessa, 22 ans, se fait jeter de sa coloc après une dispute. Elle et son ami, Cédric, 27 ans, atterrissent direct dans la rue. Du squat de jardins publics aux bancs en passant par le métro, tous les jours le couple galère pour trouver un toit. Le 115, numéro d’urgence pour les sans-abris, ne peut pas les prendre en charge : « Quand on appelait, il n’y avait jamais de places. En couple, c’est plus compliqué.» Et tous les matins, Vanessa retourne à son boulot d’auxiliaire de personnes âgées comme si de rien n’était.

    Mai 2009: Cédric et Vanessa décident de s’acheter une tente et de s’installer dans l’herbe sur les bords du périph, à Porte d’Ivry dans le 13e, « juste à côté des voitures. » Se laver dehors, manger avec une gazinière, et le bruit des voitures en fond sonore. « Moi je dormais bien avec les voitures » avoue Vaness. Pour Cédric, par contre, impossible de fermer l’oeil « ça nous a crevé.» Un jour, un policier vient pour les expulser. Il pense avoir à faire à des roumains, leur demande d’ouvrir leur tente. A côté de leur matelas gonflable, un couteau, en cas d’agression nocturne par des voleurs ou des squatteurs. Bim, expulsés.

    Novembre 2009: Pendant deux mois, Vanessa et Cédric dorment dans une cave, prêtée par un pote. Ils squattent dans un lit une place au sous-sol, sans fenêtre ni chauffage. Ils font leurs besoins dans un sac plastique qu’ils vont ensuite jeter dans la poubelle de l’immeuble. Le père de leur ami, qui veut récupérer la clef de sa cave, leur suggère gentiment de partir.

    Février 2010: Une tante de Vaness, à Meaux propose de les loger pendant un mois.

    Mars 2010 : En cherchant dans les pages jaunes, ils finissent par atterrir dans un hôtel au mois à Trilport (77). « Tout mon salaire y passait » avoue Vanessa, soit 900 euros par mois. A l’époque, Vanessa est en CDI, Cédric touche le RSA. Revenu mensuel du couple : environ 1400 euros par mois. Ils n’ont toujours ni garants ni argent sur leur compte pour déposer une caution. L’hôtel, sur les bords de la Marne est agréable, mais trop cher. « Et puis petit a petit on s’est rendu compte que c’était rempli de cas sociaux, de fous. »

    div(hash). h4>Cédric et Vanessa qui êtes-vous ? Cédric a 29 ans et un niveau CAP de peintre en bâtiment et ravalement. Il a effectué de nombreux petits boulots (restauration, peinture) avant de se retrouver au chômage.

    div(hash). h4>Vanessa, 25 ans possède un CAP de serveuse dans la restauration. Avant de décrocher un CDI d’auxiliaire de vie pour personnes âgées, elle a bossé dans une usine de maquillage et de parfums, dans la restauration, et à la mairie de Melun.

    Enfin une chambre à soi

    Juin 2010 – Décembre 2010: Avec l’association SNL

    30 juin 2010 : Le couple reçoit un coup de fil de Natasha, “l’assistante sociale de l’association Solidarités Nouvelles pour le Logement (SNL) qui prend en charge certains dossiers Dalo (droit au logement opposable) de la préfecture et offre un accompagnement personnalisé. SNL propose au couple d’intégrer un logement passerelle, un 2 pièces de 30 mètres carrés dans le 11e arrondissement, à condition d’être suivis par deux bénévoles de l’association, Irène et Barbara.

    Début juillet 2010: Arrivée de Cédric et Vanessa dans l’appart, quartier Voltaire, avec pour bagages : « aucun meubles, juste un matelas dépanné par un ami, un peu de vaisselle et 2 chaises ». Le loyer est de 248 euros par mois avec les allocations au lieu de 600 à 800 euros normalement pour ce quartier.

    Novembre 2010 : Pour meubler leur nouveau home sweet home, le couple se débrouille. Cédric trouve un billot de cuisine en bois et marbre dans la rue métro Faidherbe. Complété par de nouvelles trouvailles: un meuble de télé flambant neuf et un lit, acheté sur Le Bon Coin. Chaque mois, ils mettent un peu d’argent de côté pour acquérir un frigidaire, un canapé. Au bout d’un an, leur appart est meublé.

    Décembre 2010 : Cédric perd la CMU . Vanessa panique : « je pensais que c’était ma faute. Que je gagnais trop et qu’à cause de ça, c’était à moi de payer toutes les dépenses maladie pour le couple. » Curieuse France que celle qui nous fait angoisser de trop gagner. Les bénévoles de l’association SNL leur apprennent que tout le monde en France a droit à la sécu. Cédric se greffe sur la mutuelle de Vanessa. Grâce à SNL, ils découvrent qu’il n’y a pas que les urgences en cas de maladie. « Je ne me soignais pas, j’avais peur que ça coûte trop cher » avoue Vanessa.

    Janvier 2011 – Juillet 2011: Une chien, une télé plasma et la Freebox

    12 mars 2011 : Vanessa et Cédric se rappellent du jour précis de l’arrivée dans l’appart de Kenza, un Jack Russel marron et blanc, donné par une amie. « Quand il est arrivé, il avait une grosse boule à droite, c’est parti depuis qu’il est avec nous et qu’il mange des croquettes. L’angoisse peut-être. Tu sais, les chiens aussi ça réfléchit, ça fait des rêves » avoue Cédric. Récemment, ils lui ont acheté une niche : « On a une maison, alors pourquoi pas lui ?»

    Avril 2011 : Après 10 mois de restrictions pour payer leur loyer, premier achat « loisir » pour l’appart. Le couple investit dans une télé écran plat pour 150 euros au lieu de 702, vendue par un ami.

    Mai 2011 : Vanessa commence à s’émanciper au travail, à connaître ses droits et à se faire respecter. Elle demande à suivre une formation, ce que son patron accepte et réduit ses horaires de travail (avant elle faisait du 8h / 23h non stop). Elle voudrait un salaire fixe « pour pouvoir s’organiser » et ne veut plus s’occuper des « vieilles méchantes », ces personnes âgées qui ne veulent pas être prises en charge et refusent de lui ouvrir la porte.

    Juillet 2011 : Achat d’un ordinateur pendant les soldes doté de la Freebox. Grâce à ça, « ça va être plus facile pour Cédric de chercher du travail. » Ils ne savent pas encore bien s’en servir, alors Irène et Barbara, les accompagnatrices, leur expliquent comment naviguer sur Google Chrome. « On s’est fait plaisir » avoue Vanessa.


    Kenza le Jack Russel et sa nouvelle niche: « On a une maison, alors pourquoi pas lui ?»

    « Dès que Cédric aura un travail, c’est parti », ils postuleront pour un logement en HLM. En attendant, Vaness voudrait se reposer. Ça fait trop longtemps qu’ils n’ont pas pris de vacances. « Vivre dans la rue ça m’a épuisé. » Quand leur accompagnatrice leur suggère des bon plans pour partir en vacances pas cher ils rétorquent en cœur : « dormir sous une tente, plus jamais ».

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER