« J’ai plus peur de l’islamisation que du réchauffement climatique, c’est grave docteur ? », écrit en 2019 Agnès Lafitte sur X-Twitter. La trésorière fédérale du Rassemblement national (RN) dans les Hauts-de-Seine (92) a été parachutée dans la septième circonscription de Seine-et-Marne (77) pour cette élection législative anticipée. Cette avocate fiscaliste – encartée Front national depuis 2014 – a déjà été investie par le parti lepéniste aux législatives de 2017 et de 2022, ainsi qu’aux sénatoriales de 2023. Jusqu’ici sans succès. Mais cette fois, la Seine-et-Marne semble lui sourire : ce dimanche 30 juin, elle est sortie en tête du premier tour, avec 35,72% des voix.
Sur les réseaux sociaux, Agnès Lafitte partage ses obsessions. Sur son compte X-Twitter et depuis 2019, elle parle beaucoup de la théorie complotiste raciste du « grand remplacement », popularisée par l’écrivain condamné pour incitation à la haine raciale Renaud Camus. Au point de lui afficher publiquement son soutien : « Tenez bon, nous avons tous besoin de vous », lui écrit-elle, en mai 2020. Dans un autre post, la candidate parle « d’invasion par les côtes », disant qu’il faut « que les Européens se réveillent très vite avant leur anéantissement ».
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Quand il ne s’agit pas de couleur de peau, Agnès Lafitte parle aussi de religion. La candidate s’est à plusieurs reprises définie comme « catholique tendance templier », comprendre en croisade pour reprendre Jérusalem, ville sainte chrétienne mais aussi juive et musulmane. Aussi, elle développe régulièrement son obsession pour l’islam. Quand, toujours en 2020, Jean-Yves le Drian, à l’époque ministre des affaires étrangères, dit envoyer un « message de paix au monde musulman », elle parle du « message d’un traitre ». Pour Agnès Lafitte, l’islam n’aurait pas sa place en France.
Agnès Laffite développe régulièrement son obsession pour l’islam. / Crédits : Capture d'écran Twitter
La candidate se fend aussi, parfois, de tweets anti-IVG, comme quand elle explique que « le fœtus est un être vivant, c’est une évidence », ou fait des blagues sur le réchauffement climatique. De quoi compléter sa panoplie du candidat RN-type.
La candidate se fend aussi de tweets anti-IVG. De quoi compléter sa panoplie du candidat RN-type. / Crédits : Capture d'écran Twitter
Contactée, Agnès Lafitte n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Illustration de Une de Nayely Rémusat.
Propos racistes, homophobes, antisémites, complotistes, anti-IVG, liens avec des groupuscules radicaux… Retrouvez ici, la liste des candidats du Rassemblement national épinglés par StreetPress.
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- Christian Pérez, 8e circonscription du Finistère. Le candidat RN qui compare les joueurs de l’équipe de France à des « clandestins ».
- Tiffany Joncour, 13e circonscription du Rhône. Ses amis de groupuscules identitaires violents l’aident à faire campagne.
- Josseline Liban, 2e circonscription du Calvados. Une nouvelle candidate RN raciste et complotiste.
- Julie Aprineca, 3e circonscription du Cher. La suppléante RN qui porte un t-shirt de suprémaciste blanc et qui s’affiche avec des skinheads néonazis.
- Ludivine Daoudi, 1ere circonscription du Calvados. La candidate RN à la casquette nazie qui est aussi membre du très raciste et antisémite Parti de la France.
- Pierre Gentillet, 3e circonscription du Cher. Le médiatique candidat RN pro-russe.
- Brice Bernard, 4e circonscription de Savoie. Le candidat RN qui aime la quenelle.
- Louis-Joseph Pecher, 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle. Le candidat antisémite de Ciotti et du RN.
- Julie Rechagneux, 4e circonscription de Gironde. La candidate RN qui fricote avec les néonazis.
- Nicolas Conquer, 4e circonscription de la Manche. Le candidat investi par Éric Ciotti et fervent supporter de Trump.
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