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    15/03/2022

    Bagarre générale

    À Reims, 120 hooligans néonazis se tapent entre eux pour le plaisir

    Par Christophe-Cécil Garnier

    Le 6 mars dernier, dans une zone industrielle de la banlieue rémoise, près de 120 hooligans néonazis se sont tapés dessus… pour le plaisir. Un combat organisé d’une rare violence puisque plusieurs crânes rasés ont terminé à l’hôpital.

    Dimanche 6 mars, plusieurs camionnettes se garent en bordure d’un chemin de fer d’une zone industrielle. 120 hooligans en sortent et s’organisent en deux groupes qui se font face. En noir, 70 à 80 membres des MesOs Reims, de la Camside Tolosa et d’un contingent du Kop of Boulogne et des Zouaves Paris. En blanc, une bande de 45 indeps des Strasbourg Offender, des Brizak Nancy et de Rouen. Les deux hordes se chargent et le combat est violent. Pendant trois minutes, les 120 hools se mettent des gnons mais aussi des coups de ceintures, de poings américains et même au moins un est poignardé avec un couteau. Pourtant, tout ça est un rendez-vous organisé, une sorte de sport entre ces bas du front adeptes du bras tendu, remporté par la team parisiano-rémoise.

    Le combat entre ces groupes violents d’hooligans néonazis – déjà présentés en 2020 par StreetPress – était prévu depuis deux semaines et a eu lieu dans la zone de Pompelle à six kilomètres de Reims, selon le média Rue89 Strasbourg, en marge du match de football entre Reims et Strasbourg. Chez les Zouaves Paris, on a retrouvé lors du fight les tapeurs Hadrien M. et Bastien M. Le premier vient d’ailleurs d’attaquer StreetPress en justice pour injure publique et diffamation pour notre article sur les Zouaves Paris (il conteste notamment avoir le goût de la bagarre !). Le second était présent au meeting de Villepinte de Zemmour avec les Zouaves et a comparu en janvier 2022 devant la justice pour l’attaque du bar antifasciste Saint-Sauveur en juin 2020. Relaxé pour les violences et les dégradations, il a tout de même été condamné à deux mois de prison avec sursis et 1.000 euros d’amende pour avoir refusé de déverrouiller son téléphone lors de sa garde à vue.

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    Le Zouaves Paris Hadrien M. vient d’attaquer StreetPress en justice pour injure publique et diffamation. Il conteste notamment avoir le goût de la bagarre. Ça ne l'a pas empêché de participer au fight et de s'en vanter sur les réseaux. / Crédits : Instagram

    De l’eau dans le gaz

    À chaque fois qu’un de ses fights entre hooligans a lieu, le compte-rendu de la baston est publié sur des canaux spécialisés sur Instagram ou Telegram. Chaque groupe y donne sa version des faits, amplifie son succès ou minimise sa défaite. L’un des canaux prisés des hools est la chaîne GruppaOf sur Telegram, qui poste chaque jour des infos, photos ou vidéos de fights de hooligans ou d’ultras venus de toute l’Europe, parfois entre eux, parfois contre la police.

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    Sur le canal GruppaOf, le récit du combat a suscité de nombreux commentaires et des insultes entre les deux bandes. Les Strasbourg Offender ont par exemple critiqué l'usage d'armes par la troupe Zouves-MesOs Reims. / Crédits : Telegram – GruppaOf

    Sur ce canal, le récit du combat a suscité de nombreux commentaires et des insultes entre les deux bandes. « La France actuellement retient qu’à nombre supérieur et armés comme des porcs, vous avez mis trois minutes à nous faire plier », lance un membre des Strasbourg Offender sur le chat. Lui et ses comparses dénoncent l’utilisation des canettes, ceintures ou des poings américains et avoir subi « une pluie de débris » sur eux et sur leurs camionnettes. Il y aurait même eu la présence de gazeuses et de matraques télescopiques, là où la troupe de l’Est aurait combattu à mains nues. Bastien M., le membre des Zouaves Paris, lui répond en deux temps :

    « Il y a une 1m30 où on ramasse les mecs que vous avez abandonnés comme les dernières des salopes. On t’a vu juste de dos et tu te permets d’ouvrir ta gueule ? Pauvre tocard, deux ricains, trois cailloux et ça va pleurer. »

    Une vengeance

    D’après Rue89 Strasbourg, quelques hools strasbourgeois et nancéiens ont dû se faire soigner à l’hôpital. Un des bagarreurs a eu le nez cassé par un poing américain. Le média indé local a également annoncé qu’un autre homme, victime d’un coup de couteau au thorax, est sorti deux jours après la baston de l’hôpital de Reims. L’info avait été publiée sur le canal GruppaOf dès le lendemain soir de la bagarre avec des photos d’un sweat troué avec des taches de sang séché. Il s’agirait d’un Parisien. Pour l’alliance Zouaves-MesOs-Camside, la bande de l’Est aurait aussi essayé de leur rouler dessus avec leur camionnette quand ils ont battu en retraite.

    Les Strasbourg Offender, les Brizak Nancy, les MesOs Reims et les Zouaves Paris posaient pourtant fièrement ensemble il y a quelques années. Lors de l’acte III des Gilets jaunes en décembre 2018, ils s’étaient tous regroupés sur les Champs-Élysées avec le Bastion social, derrière la banderole : « Le peuple aux abois, tuons le bourgeois ».

    À LIRE AUSSI : Ces hooligans néonazis qui squattent les tribunes des stades de foot

    Tout ça dit le niveau de violence de ces groupes, prêts à tous les coups pour tabasser leurs opposants, même de leur propre bord. À tel point que sur Telegram et GruppaOf, les hooligans étrangers d’extrême droite ont exprimé leur incompréhension. « Le Kop of Boulogne et Strasbourg sont tous les deux de droite, pourquoi se battre entre camarades ? », écrit l’un. Un autre blague : « Il doit y avoir quelque chose qui ne va pas chez les baguettes… Pourquoi essaient-ils de se poignarder !?? » La réponse peut se trouver du côté d’un précédent fight entre les Offender et les MesOs en novembre 2021, en parallèle du match de foot Strasbourg-Reims cette fois. À l’époque, les Alsaciens avaient violemment vaincu les MesOs Reims à 25 contre dix. Une défaite qui n’a manifestement pas été bien digérée par les indeps rémois, qui ont désormais pris leur revanche.

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