« MAIRE DE SAINT-DENIS. » Les lettres majuscules sont floquées au dos du gilet pare-balles de Mathieu Hanotin. Monsieur le maire dans son drôle d’uniforme se promène cité Gabriel Péri, le 4 février 2022. Il accompagne les policiers de sa ville à la recherche de stupéfiants et de déchets sauvages pour une opération de com’ controversée. Deux jours plus tard, une intervention de la police municipale (PM) dérape dans le quartier de la gare. Appliquant le nouvel arrêté anti-regroupement du maire, les agents municipaux munis de LBD chargent un groupe de supporters. Une petite fille de huit ans perd deux dents dans la bousculade. La scène filmée est révélée par Le Monde le 14 mai 2022. Tollé.
Au conseil municipal qui suit, et qu’il mène comme un chef d’orchestre en distribuant la parole, Mathieu Hanotin défend ses agents qui « font un travail incroyable chaque jour » et juge la publication « injuste ». Visage juvénile et look d’éternel étudiant, l’homme politique de 44 ans est membre du Parti socialiste (PS). Bébé Unef, directeur de la campagne présidentielle de Benoît Hamon en 2017, Hanotin a su séduire l’électorat dionysien avec un discours sécuritaire, dans une ville populaire où la droite n’existe pas. Un véritable chamboulement local. Pour la première fois depuis 1944, la ville perd son étiquette rouge vive du Parti communiste français (PCF), échaudée par le clientélisme. Pour se faire élire, il a promis de s’attaquer aux vendeurs à la sauvette et de nettoyer les rues de sa ville lors de son élection surprise, en juillet 2020. « Vous permettre de vivre dans une ville apaisée où les règles élémentaires sont respectées », affirme-t-il dans une vidéo publiée sur le site de la municipalité.
A LIRE AUSSI : Louis Aliot, le clientélisme et le quartier populaire de Saint-Jacques
« Mathieu Hanotin veut être le meilleur élève de Darmanin à l’approche des Jeux olympiques de 2024 », tacle l’élue d’opposition Sophie Rigard, membre du groupe Saint-Denis à gauche. Depuis 2020, Hanotin a bossé pour mettre en place ses promesses de campagne : sections de police municipale gonflées, nouvelle brigade canine à la pointe, vidéo-surveillance renforcée, il a augmenté le budget de la sécurité de près de trois millions d’euros. Des élus de l’opposition et des habitants dénoncent la brutalité et l’inefficacité de sa politique sécuritaire. « On a des cow-boys qui sillonnent notre ville », fustige Jordan (1), un habitant qui a porté plainte contre des agents de la municipale.
Une mama cuisinière traînée au sol
« La police municipale agresse les gens. Ils foutent la merde parce qu’ils suivent les ordres d’Hanotin », lance Kadi Sanogo, entourée par la fumée de son barbecue artisanal, en bas de son immeuble. L’Ivoirienne de 51 ans est une institution aux Francs-Moisins, une cité au sud-est de la ville. Depuis 15 ans, elle vend du tiep, de l’alloco ou du poulet pour un ou cinq euros. Un business organisé depuis des années avec l’accord de la municipalité précédente. Même les agents de la police nationale ont l’habitude de lui prendre des brochettes !
Mais depuis l’élection du nouveau maire, la Dionysienne n’a plus le droit de s’installer devant la Poste, au 65 rue Danielle-Casanova. Malgré tout, bravache, Kadi Sanogo décide d’y retourner le 5 avril 2022. « Je me suis dit, j’y vais coûte que coûte, c’est ma vie ! » Très vite, les agents de la municipale auraient rappliqué :
« J’étais en train de servir des gens et ils ont envoyé des camions de CRS, ils étaient partout. »
Les échanges sont tendus, raconte-t-elle : « J’ai dit : “Laissez la nourriture aux gens au moins”. Ils n’étaient pas d’accord et ont mis des coups de pied dans mon stand. » La quinqua et un policier auraient tiré chacun d’un côté d’un plat jusqu’à ce que la sauce se renverse sur le fonctionnaire. « Il a pris le reste de la sauce et l’a renversé sur moi. Après, il m’a mis des coups sur la tête et je suis tombée par terre. » Lorsqu’elle voit sa mère inconsciente, Fanta, 9 ans, se met à pleurer et va prévenir son frère dans le HLM familial. Quand il arrive sur place, son fils de 22 ans demande qui a tué sa mère et part se battre avec le policier. Ses collègues le menottent et l’embarquent. Adja, 26 ans, une autre fille de Kadi Sanogo, était enceinte de sept mois quand elle assiste à la scène et se serait fait gazer :
« Ils ont traîné ma mère pour la mettre dans la voiture. »
Dans une courte vidéo qui a circulé sur Snapchat, on aperçoit la mère de huit enfants allongée au sol, dans une flaque de sauce. Elle est ensuite conduite au commissariat avant d’être amenée à l’hôpital Delafontaine dont elle sortira le lendemain. Son fils a passé deux jours en GAV et a été condamné pour outrage.
Le jour de l’affrontement, Nathalie Voralek (4), adjointe au maire à la sécurité, donne une autre version. « Un restaurant à ciel ouvert était installé avec un brasier et des marmites bouillantes sans aucune mesure de sécurité et d’hygiène. Les policiers ont demandé l’arrêt immédiat de l’activité et le rangement de tout le matériel. […] La personne est entrée dans une colère incontrôlable et a jeté le contenu de sa marmite bouillante à deux reprises sur un policier », écrit l’élue sur sa page Facebook.
Youcef (1), 30 ans, a grandi aux Francs-Moisins et discute devant la Poste avec des amis. Tous se souviennent de ce jour-là. « Ils s’en sont pris à Kadi subitement et ont embarqué son enfant, qui a vu sa maman se manger un coup de poing. C’est inadmissible », juge Youcef. Depuis cette histoire, la municipale serait persona non grata aux Francs-Moisins. D’après Youcef :
« Ils sont arrivés et ont voulu s’imposer tout de suite en faisant de la répression aveugle. Pour eux, tout le monde avait quelque chose à se reprocher donc tout le monde était pris pour cible. »
« Ils sont sortis pour en découdre »
Plusieurs plaintes contre la nouvelle police municipale de Saint-Denis ont été déposées. Parmi ces plaintes, celle de Jordan, 41 ans, fonctionnaire territorial, pour violence par personne dépositaire de l’autorité publique. StreetPress a pu consulter le procès-verbal. Le 8 mai 2022, à 1 heure du matin, le papa de trois enfants, noir et coiffé de dreadlocks, sort du concert associatif qu’il a organisé à la salle de spectacle municipale Ligne13. Il est accompagné d’une copine. Sur le point de rentrer chez eux, ils voient une dizaine de policiers municipaux en train de frapper un homme contre un arbre, visiblement ivre. Alors que plusieurs riverains interpellent les policiers, l’agent maître-chien aurait lâché son animal, muselé, sur l’amie de Jordan, une quinquagénaire de petite taille. Un policier aurait lancé : « Je fais ce que je veux moi ! Je suis la police municipale », avant de gazer Jordan (2). « Je me retrouve en pleine nuit, à 50 mètres de chez moi, à ne pas pouvoir rentrer parce que je ne vois rien », hallucine-t-il encore :
« J’ai vraiment l’impression qu’ils sont sortis pour en découdre. Depuis l’arrivée d’Hanotin, on paie nos impôts pour armer des pseudo-flics qui se croient tout permis ! »
Il explique, en rogne, avoir voté pour Hanotin. « J’espérais du changement ». Le déçu n’a pourtant pas vu d’évolution concernant le trafic dans les rues autour de chez lui. Et reste choqué par ce qui lui est arrivé.
Pas très regardant sur le profil des nouveaux policiers
« Il faut bien comprendre que Saint-Denis n’est pas une ville comme les autres au niveau de la délinquance, et que sa prise en charge jusqu’à présent n’était pas normale », déclare Mathieu Hanotin lors d’un de ses premiers conseil municipal, le 10 septembre 2020. Il était entièrement consacré à la sécurité. La première ville de Seine-Saint-Denis, avec ses 111.000 habitants, connaît un taux de criminalité plus élevé qu’ailleurs. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, les violences aux personnes y sont 3,5 fois plus fréquentes qu’à l’échelle nationale. C’est un hub connu du trafic de drogue. Les vendeurs de cigarettes et les pickpockets s’agglutinent à la porte de Paris. « Depuis une dizaine d’années, la situation s’est dégradée et les femmes se font de plus en plus agresser », pense avoir remarqué Rachid, 36 ans, un habitant proche des commerçants du marché, qui a voté pour le socialiste. Mais la méthode du nouveau maire est-elle la bonne ?
Une des premières décisions de Hanotin a été de renforcer la police municipale. Sur le tout nouveau compte Instagram de la police municipale, des stories quotidiennes clament : « Recrutement sans concours ! » Quitte à ne pas être très regardant ? Dans une vidéo Instagram d’entraînement aux tirs, montée comme une bande-annonce de film d’action, un agent a une fleur de lys tatouée dans le cou. StreetPress a retrouvé son compte Instagram personnel. Le policier municipal a été recruté au sein du « groupe de soutien et d’intervention » (GSI), une unité de choc inédite créée par Hanotin. Le fonctionnaire exhibe sa passion pour la Thin Blue Line France, une marque qui reprend un emblème de l’extrême droite américaine censé représenter une barrière entre les citoyens et les délinquants. Il affiche aussi son amitié avec les figures de la fachosphère Papacito et Baptiste Marchais. Informée par StreetPress, la mairie de Saint-Denis assure qu’elle n’a jamais eu de plaintes ou de remontées d’informations susceptibles de l’alerter au sujet de l’agent en question. Ce dernier a depuis mis son compte Instagram en privé.
La nouvelle municipalité incite les Dionysiens à se tourner vers la carrière de policier dès leur plus jeune âge. Le 27 septembre 2022, des policiers de la mumu – comme elle est surnommée – ont participé à la « journée sportive et citoyenne » organisée depuis trois ans par l’association Raid aventure organisation – qui œuvre pour le rapprochement police/population – dans trois écoles de la cité Gabriel Péri. Sauf que cette année, des enfants de six à onze ans y auraient appris à manier des matraques et menotté leurs camarades de classe. « On n’est pas du tout anti-flic, mais c’est complètement délirant d’apprendre la citoyenneté avec des menottes », a dénoncé le représentant des parents d’élèves Wilfrid Dulouard, dans 20 minutes.
Le fonctionnaire exhibe sa passion pour la Thin Blue Line France, une marque qui reprend un emblème de l’extrême droite américaine censé représenter une barrière entre les citoyens et les délinquants. Il affiche aussi son amitié avec les figures de la fachosphère, Papacito et Baptiste Marchais. / Crédits : DR
Beaucoup de sous pour la police
Les effectifs ont été plus que doublé avec le recrutement de plus de 50 agents. L’objectif affiché par Hanotin : arriver à 120 policiers municipaux avant la fin de son mandat. Un chiffre qui s’ajoute aux brigades de la police nationale. Quelle différence ? La police nationale répond à la préfecture de police. La mumu est, elle, sous l’autorité du maire. À l’origine, cette police de proximité fait de la prévention. À son arrivée aux manettes, Mathieu Hanotin décide de changer la donne. Le 16 octobre 2020, il signe une convention communale de coordination entre la police nationale et la police municipale. Elle autorise les agents de la police municipale à s’équiper d’armes à feu de catégorie B. Une trentaine d’agents sont désormais munis de pistolets automatiques 9mm, de LBD, de bombes lacrymogènes et/ou de tasers. Une mesure qui est souvent l’apanage des municipalités de droite. Christian Estrosi l’a par exemple mis en place dès 2016 à Nice.
Capture d'écran du compte Instagram de la police municipale de Saint-Denis. / Crédits : DR
Les horaires de travail de cette nouvelle municipale ont été allongés jusqu’à 2 heures du matin. Elle dispose également d’une brigade cynophile avec trois chiens : berger allemand, hollandais ou malinois. Un centre de supervision urbain (CSU) pour la vidéosurveillance a été inauguré et 215 caméras ont été installées. Et pour couronner le tout, il crée sa fameuse unité de choc inédite baptisée « groupe de soutien et d’intervention » (GSI). Au total, en 2022, 7,8 millions d’euros ont été investis pour la sécurité, qui est la priorité budgétaire « numéro une » du nouveau maire. Ce sont 2,8 millions d’euros de plus que lors du mandat précédent.
La police municipale de Saint-Denis dispose d'une brigade cynophile avec trois chiens : berger allemand, hollandais ou malinois. / Crédits : DR
Pour quel bilan ? Contactée par StreetPress, la mairie assure par mail que ses enquêtes de satisfaction montrent que les Dionysiens se sentent plus en sécurité qu’avant. Depuis le début de l’année 2023, la police municipale serait intervenue 61 fois pour porter secours à des personnes en danger et 28 fois pour vol ou dégradation. Ses agents répondraient à 500 appels d’habitants par mois. Lors du dernier conseil municipal, le 5 octobre 2022, le maire a également présenté une flopée de chiffres assez impressionnants : 94.119 paquets de cigarettes, 51,6 kilogrammes de cannabis ou encore 12.452 doses de médicaments psychotropes saisis pendant l’année écoulée.
Quant au tout nouveau centre de supervision urbain (CSU) où travaillent quinze agents, le jeune maire s’enorgueillit de « préparer la ville de 2030 ». Le mois dernier, les caméras de surveillance auraient permis l’intervention des policiers municipaux pour aider deux femmes qui subissaient une agression sexuelle, de nuit, dans l’espace public.
« Il va finir par y avoir un mort »
« Les chiffres ne correspondent pas du tout à ce qu’il se passe. La violence est toujours aussi présente », fustige Soukouna Bakary, élu de l’opposition et membre du mouvement citoyen La Seine-Saint-Denis au Coeur, positionné à gauche. Il reconnaît qu’il y a besoin de plus de police municipale sur le territoire, mais s’oppose à son armement :
« Ça change la relation avec la population qui est déjà une défiance envers les institutions. »
L’élu s’inquiète des missions de la police municipale, qui tendent à remplacer celles de la police nationale. « S’il faut plus de policiers nationaux, c’est au ministère de l’Intérieur qu’il faut s’adresser ! » Sophie Rigard, membre du groupe Saint-Denis à gauche, qui combat farouchement la politique sécuritaire du maire, regrette la disparition de dispositifs de prévention, comme les médiateurs de nuit, supprimés en 2021. « Ils sont remplacés par des brigades sur-armées et coûteuses », s’alarme la conseillère municipale.
« Plus le temps passe, plus ça augmente. Il va finir par y avoir un mort », redoute Amel Dahmani, secrétaire du syndicat Sud à Saint-Denis. Plusieurs militants locaux ont monté en novembre 2022 un collectif contre les violences policières à Saint-Denis qui a commencé un recensement des dérives depuis le mandat de Mathieu Hanotin. Pêle-mêle : un agent aurait lâché son chien sur un jeune maîtrisé à terre, deux agents auraient giflé un adolescent, deux autres auraient roué de coups un homme dans un hall, un autre aurait agrippé un jeune par le cou, l’aurait balayé au sol puis frappé au ventre avec le pied…
Sur Instagram, des publications font la promotion de la police municipale de Saint-Denis. / Crédits : DR
Porter plainte contre la PM peut s’avérer risqué
Depuis six ans, Samah Sakouhi, mère de famille de 48 ans, est agent d’entretien dans les écoles de la ville. Le 1er mai 2021, pendant le confinement, son fils de 17 ans est encore dehors à 19h15, au-delà du couvre-feu. Il célèbre sa victoire après un match de foot avec des amis en lançant des pétards dans le quartier Brise Échalas, selon le récit qu’il a fait à sa mère. La police municipale aurait débarqué, tasers en main. « Mon fils a eu peur, il est parti en courant. Ils l’ont attrapé et l’ont tabassé », raconte Samah Sakouhi. L’élève en BTS a eu sept jours d’ITT à cause de blessures aux cervicales et au poignet. StreetPress a pu consulter son certificat médical et le procès-verbal de la plainte. Trois jours plus tard, le 4 mai 2021, Samah Sakouhi interpelle les policiers qui auraient agressé son fils. Le ton monte avec l’un d’eux. « Il a commencé à m’insulter de petite pute. » La gardienne d’1m51 assure avoir reçu un coup dans la poitrine. Elle est ensuite embarquée et passe 24 heures en garde à vue. Elle reçoit de surcroît deux amendes de 135 euros chacune, pour circulation à horaire interdit et non-port du masque à des horaires qui correspondent pourtant à sa garde à vue.
Le lendemain, la contractuelle porte plainte au commissariat pour violence par personne dépositaire de l’autorité publique suivie d’incapacité n’excédant pas huit jours. Un mois plus tard, Samah Sakouhi reçoit un courrier de la mairie lui annonçant la suspension de ses fonctions. « Considérant qu’il est reproché à Madame Samah Sakouhi (…) d’avoir eu un rapport par la police municipale pour outrage et menace de crime ou délit contre une personne dépositaire de l’ordre public », est-il écrit pour justifier la décision. Son contrat ne sera pas renouvelé. « Au bout de six ans, vous vous rendez compte que je suis dangereuse pour mes collègues ? », s’indigne l’ex-employée de la ville qui est depuis suivie par un psychiatre et prend des médicaments. (3)
Armes, chiens et violences, bienvenue dans la police municipale de Saint-Denis. / Crédits : DR
Hanotin tente de jouer sur tous les tableaux
Le maire de Saint-Denis sait que la question des violences policières est un enjeu crucial dans cette ville populaire. Le 14 avril 2021, Yanis, 20 ans, est décédé après un accident de scooter à Saint-Denis. La famille accuse la police nationale de l’avoir abusivement poursuivi en voiture. Le 7 nombre 2022, les proches de Yanis manifestent pour réclamer les vidéos de surveillance. Hanotin ne veut pas se les mettre à dos. Quelques semaines après, le 24 novembre 2022, le maire et son attachée de presse reçoivent la famille de Yanis, dont Valérie, sa mère endeuillée, et Émilie, sa belle-sœur, dans un grand bureau boisé. « Il ne nous avait jamais contactés avant », précise cette dernière, qui a trouvé l’attitude de l’homme politique paternaliste. « Le maire nous a assuré qu’il allait écrire au procureur et qu’on obtiendrait les vidéos », rembobine la porte-parole du collectif Justice et vérité pour Yanis. « Mais il nous a aussi demandé de ne pas attiser la haine anti-flics. C’est culotté sachant qu’on a empêché des émeutes pendant la marche et qu’on a dû assurer notre propre sécurité puisqu’il ne nous en a apporté aucune. » [La famille a été gazée par la police nationale lors d’une soirée de commémoration, le lendemain de la mort de Yanis] Aujourd’hui la famille attend toujours les vidéos. Émilie, qui fait partie du collectif contre les violences policières à Saint-Denis, estime que cette réunion était hypocrite :
« C’était de la communication. Il s’est foutu de nous. »
Dans son mail de réponse à StreetPress, la mairie explique qu’elle n’a aucun moyen de faire plus que ce courrier. Concernant les agissements de la police municipale, elle assure être extrêmement vigilante concernant l’exemplarité de ses agents : « Tout comportement, dans l’exercice des fonctions, qui contreviendrait aux règles de droits ou à la déontologie déclencherait une enquête administrative et une sanction adaptée à la faute. »
A LIRE AUSSI « Mon fils Yanis est mort après avoir été poursuivi par la police »
(1) Les prénoms ont été modifiés pour préserver l’anonymat des témoins.
(2) Au sujet de cette plainte, la mairie de Saint-Denis a répondu à StreetPress : « Les faits décrits par les agents de la police municipale sont différents de ceux que vous évoquez. Des auditions libres ont eu lieu suite au dépôt de plainte, à ce jour nous n’avons pas connaissance des suites données à cette plainte. »
(3) Au sujet de la suspension de Samah Sakouhi, la mairie de Saint-Denis a répondu à StreetPress qu’elle avait été suspendue après des menaces de mort contre les policiers, ce qu’elle nie.
(4) Edit le 17 avril : StreetPress avait indiqué par erreur dans une version précédente qu’il s’agissait de la première adjointe Katy Bontinck
Illustration de Une de Caroline Varon
Face au péril, nous nous sommes levés. Entre le soir de la dissolution et le second tour des législatives, StreetPress a publié plus de 60 enquêtes. Nos révélations ont été reprises par la quasi-totalité des médias français et notre travail cité dans plusieurs grands journaux étrangers. Nous avons aussi été à l’initiative des deux grands rassemblements contre l’extrême droite, réunissant plus de 90.000 personnes sur la place de la République.
StreetPress, parce qu'il est rigoureux dans son travail et sur de ses valeurs, est un média utile. D’autres batailles nous attendent. Car le 7 juillet n’a pas été une victoire, simplement un sursis. Marine Le Pen et ses 142 députés préparent déjà le coup d’après. Nous aussi nous devons construire l’avenir.
Nous avons besoin de renforcer StreetPress et garantir son indépendance. Faites aujourd’hui un don mensuel, même modeste. Grâce à ces dons récurrents, nous pouvons nous projeter. C’est la condition pour avoir un impact démultiplié dans les mois à venir.
Ni l’adversité, ni les menaces ne nous feront reculer. Nous avons besoin de votre soutien pour avancer, anticiper, et nous préparer aux batailles à venir.
Je fais un don mensuel à StreetPress
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER