Saint-Claude, Haut-Jura (39) — « On est bien ici, il ne faut juste pas avoir de soucis de santé », lâche Martine, derrière le comptoir d’un des derniers magasins de vente de pipes artisanales de la ville. Les yeux rivés sur les montagnes de sapins du parc naturel du Haut-Jura qui dominent l’ancienne cité ouvrière, elle ajoute, rassurée : « Je traîne la jambe, mais pour l’instant je n’ai pas d’autres problèmes. » Dans son dos, des photos de ses parents, ouvriers dans l’industrie de la pipe et du diamant, sont accrochées : « Mon père taillait, ma mère polissait. » Au fond de ses yeux bleus, Martine se remémore son enfance dans sa petite ville qu’elle aime tant, comme sa rue principale du Pré « pleine à craquer » les soirs de fête. « Saint-Claude a beaucoup perdu… », lâche-t-elle. 5.000 habitants ont disparu en cinquante ans. Martine parle de son déclin, des fermetures d’usines et de son hôpital, dont il ne reste plus grand-chose.
« Avant, on avait quand même de la chance pour se faire soigner… »
Ils sont deux médecins dans le service d’urgence. / Crédits : Pauline Gauer
En 2019, le centre hospitalier Louis Jaillon de Saint-Claude a vu trois de ses services fermer. Plus de maternité, plus de pédiatrie, plus de chirurgie. Les urgences de la troisième ville la plus peuplée du département — 8.500 habitants — ont été maintenues mais avec des moyens jugés insuffisants. Les soignants portent à bout de bras ce qu’il reste des services de soins, pourtant essentiels dans cette région enclavée. De l’autre bout de la pièce, son ami Joël, dit « Jojo », et voisin de boutique balance :
« On vit dans un trou, on ne peut pas tout avoir ! »
L’autre hôpital du département le plus proche est à une heure de route, à Lons-le-Saunier. Martine déroule : l’angiologue de son mari est à Pontarlier (25), dans le Doubs, à 84 kilomètres et 1 h 35 de route. Son cardiologue à Oyonnax (01), dans l’Ain, à 32 kilomètres et 35 minutes de voiture. « Et quand c’est important c’est Lyon (69) ou Besançon (25) » – entre 1 h 30 et 2 heures.
Selon une étude de l’Association des maires ruraux de France, il est six fois plus difficile de consulter un médecin en milieu rural qu’en ville. / Crédits : Pauline Gauer
Dans le Haut-Jura, plus de 80 pourcents de la population, soit environ 50.000 personnes, vivent dans des villages de montagne. En Bourgogne-Franche-Comté, près d’un habitant sur deux (46 pourcents) est situé dans un désert médical. Selon une étude de l’Association des maires ruraux de France, il est six fois plus difficile de consulter un médecin en milieu rural qu’en ville. La directrice déléguée de l’hôpital Angélique Gonzalez préfère mettre l’accent sur ce qui reste :
« On peut se réjouir d’avoir encore un hôpital et des services qui fonctionnent dans une ville comme Saint-Claude, c’est une chance. »
« Mauvaise image »
Sous la lumière d’un néon, des chaises vides attendent leurs visiteurs dans cet étage de l’hôpital Louis Jaillon. Un affichage présente encore les gestes à tenir pendant la canicule ou les règles d’hygiène. L’ambiance tranche avec l’image d’un bâtiment fourmillant de blouses blanches et de patients inquiets. Depuis quatre ans, une partie de l’établissement est inerte. De quoi désoler les soignants qui connaissent les autres établissements alentour débordés et en manque de lits.
Depuis quatre ans, une partie de l'établissement est inerte. / Crédits : Pauline Gauer
En 2019, le centre hospitalier Louis Jaillon de Saint-Claude a vu trois de ses services fermer : la maternité, la pédiatrie et la chirurgie. / Crédits : Pauline Gauer
Dans l’un des services encore animés, deux blouses blanches s’étonnent de notre présence : « Des journalistes ? Ici c’est compliqué, on n’a pas trop le droit de parler aux médias… » StreetPress a pu rentrer dans l’établissement sur validation de la directrice déléguée Angélique Gonzalez. Réunis dans son bureau, une dizaine de personnels ont accepté de se prêter aux jeux des photos et de répondre aux questions sur l’accès aux soins. Des diététiciennes, des animatrices de l’Ehpad ou encore des cadres, des urgentistes et quelques infirmiers… « Bizarrement, nous les médecins, n’avons pas été conviés », balance l’un d’eux, croisé entre deux portes.
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La directrice est fière de présenter son établissement, qui souffre d’une « mauvaise image ». Si des services ont fermé, reconnaît-elle, d’autres ont été maintenus et certains vont même ouvrir. Comme la mise en place prochaine d’un service de courts séjours gériatriques, ou l’installation d’un IRM — privé — devrait voir le jour, même si les travaux ont dû être mis sur pause cet été, faute de paiement des factures à temps par l’hôpital. Le service de chirurgie ambulatoire devrait être aussi relancé, sous réserve de trouver des chirurgiens de l’extérieur qui viendraient y faire des vacations. « C’est du privé, mais quand on n’a rien… », avoue-t-elle.
Au sein de l'hôpital, les ascenseurs du secteurs des soins de suite et de réadaptation et celui de l'Ehpad, ne fonctionnent pas. Ils tiennent « rustine sur rustine ». / Crédits : Pauline Gauer
Dans les couloirs encore en vie, les équipes du Samu courent. Un patient s’en va, le box est nettoyé en un coup de vent pour accueillir le suivant. La directrice déléguée reconnaît le manque de personnel et les difficultés de recrutement, « comme partout ». Dans le secteur des soins de suite et de réadaptation (SSR), l’un des deux ascenseurs est en panne, et l’autre est réservé aux travaux en cours : « On le prend quand même, on n’a pas le choix, sinon c’est les escaliers… », commente discrètement un personnel, dépité. « C’est rustine sur rustine depuis cinq ans, maintenant, il faudrait les changer, mais ça coûte trop cher. »
Dans le bâtiment de l’Ehpad, situé juste en face à quelques pas, l’ascenseur ne fonctionnerait plus non plus. Sous couvert d’anonymat, un personnel raconte :
« Quand une personne âgée a besoin de descendre, on prend celui de la cuisine. Ça pose des problèmes de sécurité et d’hygiène, mais on n’a pas d’autres choix. »
Farid Lagha de la CGT : « Parfois on voit des gens reprendre la route parce qu'on ne peut pas leur proposer de prise en charge. » / Crédits : Pauline Gauer
« Parfois, on est obligés d’appeler une ambulance pour la transporter à son scanner… alors que c’est juste en bas, à quelques mètres », raconte un autre. La directrice des hôpitaux du Jura par intérim Chittra Kichenaradja assure à StreetPress qu’ils sont aujourd’hui fonctionnels.
À l’occasion des élections municipales qui auront lieu en mars 2026, StreetPress a décidé de tirer le portrait de Saint-Claude. À travers une série d’enquêtes et de reportages, nos journalistes Clara Monnoyeur et Pauline Gauer racontent au long cours ce territoire, ses habitants, et les enjeux qui le traversent à l’aune du scrutin.
Épisode 1 : Rêves et espoirs de la jeunesse enclavée du Haut-Jura
Épisode 2 : À Saint-Claude, dans le Haut-Jura, la santé est à l’agonie
Épisode 3 : (à venir)
Épisode 4 : (à venir)
Un seul véhicule d’urgence
Dans son bureau syndical installé dans l’ancien bloc chirurgical, Farid Lagha, secrétaire départemental CGT de la santé et de l’action sociale du Jura, raconte d’une traite son désespoir face à un service public « en état de mort imminente ». Il assure que son « hôpital est sous perfusion » et « fonctionne en mode dégradé ». L’ambulancier syndicaliste, qui a fait de l’accès aux soins le combat de sa vie, énumère les cas « lunaires » et leurs conséquences « gravissimes ». Le 29 décembre 2021, le Samu est appelé pour un homme de 54 ans avec une forte douleur thoracique. Le patient n’habite qu’à une dizaine de kilomètres de la ville de Saint-Claude et de son hôpital. Sauf que ce jour-là, l’urgentiste est absent et il n’y a aucun remplaçant de disponible. Le seul véhicule du Smur de l’hôpital ne peut être utilisé sans médecin à bord. Dans l’urgence, le véhicule de l’hôpital de Morez, situé à une trentaine de kilomètres et à 40 minutes de route, prend le relais. Mais après une heure d’attente, il meurt d’un infarctus du myocarde.
À Saint-Claude, il y a un personnel infirmier pour 20 patients, alors que les normes internationales recommandent six à huit patients par soignant. / Crédits : Pauline Gauer
« Le Smur de Saint-Claude aurait pu le prendre en charge dans les dix minutes qui suivent, dans un délai donnant beaucoup plus de chances au patient », assurait dans un communiqué le Comité de défense et de soutien à l’hôpital de Saint-Claude, créé lors de l’annonce des fermetures des services. Un cas qui n’est pas isolé. « Quand notre seul véhicule part sur une intervention ou un transfert vers un autre hôpital, il faut compter 2 h 30 aller-retour », précise Benoît, infirmier urgentiste. Autant de temps d’attente pour les autres patients. L’ambulancier syndiqué Farid Lagha insiste :
« Avec un seul véhicule, on est obligé de prioriser, de faire des choix entre les patients. C’est-à-dire des choix sur des vies. »
Pour Farid Lagha, ambulancier et secrétaire départemental CGT de la santé et de l’action sociale du Jura, le service public est « en état de mort imminente ». / Crédits : Pauline Gauer
Nadia (1), soignante, raconte, sous couvert d’anonymat le cas d’un homme pris en charge aux urgences dont l’état se serait « dégradé ». L’équipe aurait demandé son transfert vers un autre hôpital, il aurait fallu attendre « quatre heures » pour trouver une ambulance médicalisée disponible. Il serait décédé pendant son transfert. « Si on avait eu les services compétents sur place, il aurait pu être pris en charge », assure-t-elle, encore marquée. Il y aurait aussi eu cette patiente, désorientée, arrivée aux urgences, et mise dans le couloir, sans surveillance, faute de place et de personnels : « Elle a chuté de son brancard, et est restée au sol pendant plusieurs heures », raconte un soignant. Benoît, l’infirmier urgentiste multi-casquette, lâche :
« On est très souvent tout seul. »
Ils sont deux médecins dans le service d’urgence, alors quand l’un part en camion, et que l’autre est en repos, Benoît se retrouve seul à gérer. « Vous pouvez avoir un enfant de huit jours et une femme en train d’accoucher à gérer en même temps », explique-t-il. « En hiver, il peut y avoir une trentaine d’entrées par jour ».
Delphine est restée pour l’ambiance « familiale » et le cadre de vie malgré son rythme de travail effréné, bon nombre de ses collègues sont partis en Suisse. / Crédits : Pauline Gauer
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Ici, on compte un personnel infirmier pour 20 patients, alors que les normes internationales en recommandent un infirmier pour six à huit patients. Delphine, les yeux bleu turquoise rieurs, malgré son rythme de travail effréné, fait partie de celles qui sont restées pour l’ambiance « familiale » et le cadre de vie. Certains de ses collègues sont partis de l’autre côté de la frontière, en Suisse. Genève n’est qu’à 1 h 30 de route et les salaires sont bien plus élevés – selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, la France fait partie des pays qui paient le moins bien ses infirmiers —, et surtout, les conditions de travail sont meilleures, avec un nombre de patients qui varie autour de sept par soignant.
L'hôpital de Saint-Claude, selon Farid Lagha, ambulancier et secrétaire départemental CGT, « fonctionne en mode dégradé ». / Crédits : Pauline Gauer
Un hôpital devenu un centre de tri ?
« 50 pourcents de nos activités sont des transferts vers d’autres établissements », poursuit Benoît. « Les images IRM faites sur place, sont envoyées et analysées à distance par un radiologue d’un autre établissement », dénonce Farid Lagha de la CGT : « Et si le patient doit être opéré, sans chirurgie sur place, il doit de toute façon être transféré. On réoriente, on perd du temps… » Il poursuit :
« Parfois on voit des gens reprendre la route parce qu’on ne peut pas leur proposer de prise en charge. Résultat : on embolise les autres hôpitaux. »
Dans le Haut-Jura, plus de 80% de la population, soit environ 50.000 personnes, vivent dans des villages de montagne. / Crédits : Pauline Gauer
En Bourgogne-Franche-Comté, près d'un habitant sur deux est situé dans un désert médical. / Crédits : Pauline Gauer
Sur le site du centre hospitalier, pourtant, on peut lire, non sans ironie : « Incontestablement, l’établissement a un rôle de proximité indéniable. » Les patients qui atterrissent ici ne sont pas seulement des habitants de la ville de moins de 10.000 âmes, mais aussi tout le bassin alentour, qui comporte une population de près de 70.000 personnes. L’hôpital Louis Jaillon fait partie de la communauté hospitalière du Jura Sud, avec les sites de Lons-le-Saunier, Champagnole, Orgelet, Arinthod et Saint-Julien, Morez.
Fermeture de la maternité
Au premier étage de l’hôpital, trois sièges verts et bleus vides trônent dans une salle d’attente. Au bout d’un couloir sombre, une chambre d’accouchement est déserte. Sur le lit, un carton, et au-dessus, une lampe ronde, éteinte. « C’est morbide », lance un personnel. Le lieu censé accueillir la vie est comme abandonné. L’espace n’accueille plus personne depuis le 2 avril 2018, date de fermeture de la maternité. Ce jour-là, les obstétriciens se sont retrouvés face aux portes de leur service cadenassées. Depuis, une quinzaine de femmes auraient accouché « sur le bord de la route », annonce la mairie, selon son propre décompte entre 2019 et 2021. La directrice des hôpitaux du Jura Chittra Kichenaradja indique n’avoir aucun chiffre à ce sujet et renvoie vers l’Agence régionale de santé (ARS), qui de son côté, déclarait à la presse ne pas avoir constaté d’augmentation significative des accouchements hors structure hospitalière.
En une quarantaine d'années, "le nombre de maternités en France a presque été divisé par trois. / Crédits : Pauline Gauer
Reste que les parturientes doivent désormais accoucher à Lons-le-Saunier — hôpital support le plus proche du département. Une heure, voire 1 h 30 de voiture, pour les villages alentour sur des routes sinueuses faites de lacets enneigés ou verglacés l’hiver. Sinon, direction les départements limitrophes, qui ont d’ailleurs constaté une augmentation d’environ 25 pourcents de leurs parturientes.
Le maire étiqueté divers droite, Jean-Louis Millet, dépité, raconte :
« Des femmes me racontent prendre des chambres d’hôtel pour être sûres d’être à côté quand ça arrive. »
Des urgentistes exerçant à Saint-Claude. / Crédits : Pauline Gauer
Il ajoute : « D’autres me disent prévoir la date pour ne surtout pas accoucher en hiver. » L’édile, qui a soutenu la candidature d’Éric Zemmour en 2022, a fait de la défense de son hôpital un combat « à vie ». Une lutte menée de front avec son opposant communiste et ancien maire, Francis Lahaut (PCF). Mais ni leur alliance au-delà de leurs différends politiques ni les 5.000 citoyens descendus à plusieurs reprises dans la cité pour manifester n’ont suffit. Devant les bâtiments et sur quelques ponts de la ville subsistent encore les banderoles des anciennes mobilisations aux slogans : « Touche pas à mon hôpital. »
Le maire Jean-Louis Millet (divers droite) continue de demander l'application de "l’article 23 de la loi « montagne », garantissant aux populations un accès « à une maternité dans des délais raisonnables ». / Crédits : Pauline Gauer
L’hôpital a mis en place un mini-service périnatal de proximité. Celui de Lons-le-Saunier a aussi créé au sein de sa maternité quatre « chambres hôtelières », précise la directrice Chittra Kichenaradja, destinées aux femmes venant de loin et ayant un accouchement proche. Le maire Jean-Louis Millet continue de demander l’application de l’article 23 de la loi « montagne », qui garantit aux populations un accès « à une maternité dans des délais raisonnables ». « Accoucher sur le bord de la route, ça peut être très anxiogène », s’indigne Laure Feldmann, gynécologue-obstétricienne à Saint-Claude. Elle dénonce le silence autour de l’augmentation de la mortalité infantile en France ces dernières années.
Laure Feldmann, gynécologue, a déjà prescrit « des ordonnances pour des antidépresseurs », par manque de généralistes dans le coin. / Crédits : Pauline Gauer
L’Hexagone fait partie des pires élèves européens en se situant à la 23e place sur 27, entre la Pologne et la Bulgarie. En une quarantaine d’années, le nombre de maternités en France a presque été divisé par trois.
Un déficit de 25 millions
Pour la direction de l’hôpital de Saint-Claude, ces fermetures de service ne sont en rien une volonté de faire des économies. L’ARS indiquait même qu’il s’agissait simplement de « garantir la sécurité sanitaire » en permettant aux personnes de se faire soigner dans des plus gros « centres spécialisés ». Le déficit de l’hôpital est pourtant gigantesque et atteindrait 25 millions d’euros. « On était à quatre millions avant les fermetures », argue Farid Lagha qui abonde :
« Il faut m’expliquer comment on fait moins en dépensant plus ? On veut faire des économies en fermant des services et c’est l’inverse qui se produit. Ça coûte plus cher et on soigne moins bien les patients, quelle est la logique ? »
La directrice adjointe de l'établissement reconnaît le manque de personnel et les difficultés de recrutement, « comme partout ». / Crédits : Pauline Gauer
« Le jour où je ne pourrai plus prendre ma voiture, je serai bien coincée », panique Andrée, habitante de Saint-Claude et retraitée. « Étant veuve, je vais sûrement mourir toute seule chez moi. » Nadia, la soignante questionne :
« En fait, ce qui est angoissant, c’est le devenir. Si ça continue, comment nous, dans ces conditions, on va être soignés plus tard ? »
Le déficit de l’hôpital atteint 25 millions d’euros. / Crédits : Pauline Gauer
À Saint-Claude, malgré l’ouverture d’une maison de santé, des habitants continuent de se trouver sans médecin traitant. « J’ai déjà fait des ordonnances pour des antidépresseurs ou pour la thyroïde car les personnes n’avaient pas de temps pour aller voir un généraliste », raconte la gynécologue-obstétricienne Laure Feldmann. Même elle a abandonné se soigner dans le coin. « J’ai appelé il y a trois ans pour avoir un rendez-vous chez le dentiste, on m’a mis sur liste d’attente, je n’ai jamais eu de nouvelles depuis. J’ai appelé pour un kiné, je n’ai jamais eu de nouvelles… Maintenant je vais à Paris quand je rentre voir mes proches. »
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« Tout ça, c’est partout, ce n’est pas qu’à Saint-Claude », lâche une soignante. Farid Lagha tient à appuyer : « Il y a une volonté nationale de détruire les services publics, y compris ceux de santé comme l’hôpital. » En vingt ans, le déficit des hôpitaux publics n’a jamais été aussi élevé, atteignant 2,5 pourcents de leurs recettes en 2024. Martine les yeux perdus dans ses montagnes qu’elle aime tant, chuchote, comme si elle se le promettait à elle-même :
« J’habite Saint-Claude depuis le début et j’espère bien y vivre jusqu’à la fin… Je ne veux pas partir ailleurs. »
(1) Le prénom a été modifié.
Contactée, l’ARS Bourgogne-Franche-Comté n’a pas répondu aux questions de StreetPress.
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