En ce moment

    25/03/2020

    Ces jeunes adultes revivent leurs années lycées

    Et vous le confinement avec vos parents, ça se passe comment ?

    Par Lucas Chedeville

    Passé 18 ans, dur dur de se retrouver entre quatre murs avec toute sa famille. Entre peur de contaminer ses parents et la flemme de se faire traiter comme un gamin, séances de sport et parties de Mortal Kombat, on s’organise.

    « J’avoue que le fait d’être tout le temps les uns sur les autres, ça peut être usant », souffle Maïmouna, étudiante parisienne bloquée dans l’appartement familial avec sa mère, son beau-père et sa petite soeur de 6 ans :

    « Après, on ne va pas se plaindre. J’ai mon espace à moi, je peux faire mes trucs. Et puis on s’entend bien avec ma famille. »

    Ils sont beaucoup, étudiants ou jeunes travailleurs, par choix ou non, à passer ce confinement avec leur famille, ce qui peut bousculer un peu les habitudes. « Je ne suis pas du tout casanier, mais alors pas du tout. Même mes parents me reprochent de me croire trop à l’hôtel. Du coup, ça fait bizarre », raconte Amine, étudiant de 19 ans qui passe son confinement dans un pavillon de Chelles (77) (dont on peut également suivre les aventures en vidéo, dans notre série Les Confinés). « On a quand même la chance d’avoir un jardin, on peut sortir. Et surtout, on est pas collé h24 tous les quatre. Chacun fait ses trucs et on se retrouve pour les repas. »

    Protéger ses parents

    Avant de quitter son appartement parisien pour retrouver ses parents à Chartres (28), « par pur confort », Aurélien, 25 ans et ingénieur, s’est posé quelques questions : « J’ai un peu paniqué en voyant les cas augmenter à Paris. Du coup, en arrivant, je faisais vraiment super gaffe, je portais un masque et tout ». À la maison, on applique avec rigueur tous les principes de précaution, quitte à créer quelques embrouilles :

    « Parfois on s’engueule parce que je peux être chiant sur le fait de devoir se laver les mains souvent. »

    Et quand quelqu’un revient de l’extérieur, notamment pour aller faire les courses, tout un processus a été mis en place : désinfections des emballages et des sacs, pas de chaussures, bien sûr, « et quand ma mère rentre du boulot, vu qu’elle vient de l’hôpital, on prend tous ses fringues direct pour les mettre à laver ».

    Amine, lui aussi, fait tout pour ne pas exposer inutilement ses parents, avec les petits avantage que ça peut apporter : « C’est moi qui vait faire les courses par exemple. D’un côté c’est pour les protéger, mais aussi comment ça fait du bien de faire les courses ! Je reste longtemps dans les rayons pour en profiter ».

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/whatsapp_image_2020-03-24_at_18.10.30.jpeg

    Amine /

    Sa mère, qui bosse avec les mineurs non-accompagnés à la Croix-Rouge, est obligée d’aller bosser car son équipe est en sous-effectif. « Ça me saoule qu’elle sorte, surtout qu’elle est considérée comme à risque. Mais bon, elle n’a pas le choix d’aller bosser. On doit faire quand même super gaffe pour pas lui refiler quelque chose. »

    Aider ses parents

    « Ma mère bosse à l’hosto, pas directement avec les malades, mais elle a un rythme plus soutenu que d’habitude. Je fais tout pour la mettre bien. Je fais des pâtisseries genre. Là, je lui ai fait un flan avec un sirop de fleur d’oranger. Le but, c’est de la mettre dans les meilleures conditions pour qu’elle aille bosser sereinement », explique Aurélien, qui a aussi promis à son père de nettoyer le cabanon de jardin. « Quand je rentre chez eux pour le week-end, je passe très peu de temps chez moi au final. Je n’ai pas le temps de faire les petits travaux. Là j’en profite. »

    À VOIR AUSSI : Les confinés, la série vidéo de StreetPress

    Même son de cloche du côté de Victor, avec un peu plus de retenu : « Ma mère a décidé d’en profiter pour faire le grand ménage du printemps. Genre TOUT nettoyer. Au début je ne l’ai pas mal aidé, mais au bout d’un moment c’est bon. Du coup je me prends des petites réflexion, c’est chiant », souffle-t-il au téléphone.

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/90558515_1395629210623546_74860536939937792_n.jpg

    Maureen. /

    Tout doit être fait pour éviter les conflits inutiles. « Je fais vraiment des efforts pour que ça se passe bien. Genre quand un truc m’énerve, au lieu de râler comme je le ferais d’habitude, je ne dis rien. Je leur donne un coup de main quand ils me le demandent », raconte Maureen, partie de sa coloc parisienne pour retrouver ses parents à Rennes.

    « J’essaye vraiment d’être le plus agréable possible, parce que je leur impose ma présence quand même », rappelle Aurélien.

    « L’impression de retourner au lycée »

    « Bon, ma mère a tendance à croire que, quand je suis dans ma chambre, je ne fais rien. Alors elle vient pour me faire des petites réflexions. Mais je bosse en fait ! », explique Victor, programmateur dans une salle de concert parisienne. « Même s’il n’y a plus de concerts, y’a pleins de trucs à gérer pour les mois à venir. J’ai pas mal de trucs à faire en vrai. »

    Aurélien, quant à lui, a eu le bonheur, en pleine réunion Skype avec les pontes de sa boite – d’où sa veste de costard sur la photo –, de voir son père débarquer sans toquer dans sa chambre pour demander où est le chat. « C’est un peu comme si j’étais revenu à l’époque du lycée, avec ces côtés relous. »

    Pour l’instant, pas de grosse embrouille à signaler pour chacun. « On peut se lancer des petits pics mais ça s’arrête là. Et puis même si on s’embrouille, je sais que que ça n’ira pas très loin », témoigne Maïmouna. « Ça change pas vraiment de d’habitude. Chacun fait ses trucs de son côté. On se voit juste un peu plus quoi. Donc pas d’énervement particulier », complète Camille, rentrée chez son père à Fougères, en Bretagne

    Recréer des liens

    Au contraire, pour ceux qui n’ont pas forcément l’habitude de passer du temps avec leur famille, cette cohabitation forcée peut quand même avoir ses bons côtés : « On essaye de se créer des nouvelles habitudes, comme diner tous ensemble. Un peu comme on fait quand on part en vacances », explique Maïmouna. Elle poursuit : « On se fait aussi des jeux de société, bon c’est un peu galère avec ma petite soeur mais c’est cool quand même ».

    Même si Camille a pas mal de taff à rendre pour les cours, elle passe du temps avec son père, notamment à jouer aux jeux-vidéos :

    « Il a acheté Mortal Kombat. C’est tout pourri, enfin je n’aime pas, mais on joue quand même assez souvent. Ça fait du bien. »

    Amine créé un nouveau jeu chaque jour pour son petit frère de 16 ans :

    « Là on a fait le jeu de l’allumette. On doit faire le plus de tours possible de la table avant que l’allumette ne s’éteigne. Ça fait passer le temps et puis ça crève ! »

    Et leur père participe souvent à leurs délires ou les filme. Pour Maureen, c’est séance de sport quasi quotidienne avec sa mère grâce à des tutos Youtube. De l’aveux de tous ou presque, le meilleur moyen de passer son confinement sereinement en famille, c’est de réussir à s’isoler, souvent. « Faut presque faire un double confinement », conclut Victor en se marrant.

    Le journalisme de qualité coûte cher. Nous avons besoin de vous.

    Nous pensons que l’information doit être accessible à chacun, quel que soient ses moyens. C’est pourquoi StreetPress est et restera gratuit. Mais produire une information de qualité prend du temps et coûte cher. StreetPress, c'est une équipe de 13 journalistes permanents, auxquels s'ajoute plusieurs dizaines de pigistes, photographes et illustrateurs.
    Soutenez StreetPress, faites un don à partir de 1 euro 💪🙏

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER