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    04/03/2024

    Coups et jeux sexuels sordides, Isabelle raconte

    Le boss de l’Unsa Police aurait couvert son meilleur ami policier accusé de frapper sa femme et ses enfants

    Par Lina Rhrissi , Mathieu Molard

    Olivier Varlet, le très influent patron du syndicat Unsa Police a remué ciel et terre pour protéger son « meilleur ami » Yves Milla. Un policier condamné pour des violences sur sa femme et ses enfants. Il a fait appel.

    « Il me donne des claques, des coups-de-poing dans le ventre et quand il est vraiment fâché, il nous étrangle et nous fait monter très haut sur le mur. » Dans le bureau de l’assistante sociale du collège Hurlevent, à Hayange (57), Damien (1), 12 ans, visage rouge et tête baissée, n’arrive pas à s’arrêter de pleurer. Il déballe tout : son père les frappe depuis des années, lui et son petit frère, Tom (1), 9 ans.

    Quelques heures plus tôt, ce 20 octobre 2022, le petit garçon a été convoqué dans le bureau de la CPE car les surveillants l’ont vu échanger un billet de cinq euros et soupçonnaient du racket. En fait, l’élève de 5ème a perdu sa carte de bus et rend son argent au camarade qui lui a prêté de quoi se payer des tickets. C’est lorsque la CPE lui explique qu’elle a appelé son père que l’enfant s’effondre. Il répète en boucle : « Je ne veux plus être tapé, j’ai peur. Je ne veux plus que mon petit frère soit tapé », se remémore l’assistante sociale auditionnée par la police. Le collégien raconte aussi cette arme que son père pose sur la table au moment des devoirs et qu’il leur a déjà fait toucher. Le môme ajoute :

    « Personne ne va me croire parce que mon papa est policier. »

    Quand la professionnelle appelle sa mère, Isabelle (1) lui aurait répondu : « Je sais, j’arrive. » L’incident va la décider à parler, après des années de silence, et enfin porter plainte. Dans la foulée, l’assistante sociale va chercher le plus petit frère Tom et accompagne Isabelle non pas au commissariat mais à la gendarmerie de Fameck (57). « Quand nous étions mariés, il me disait que dans la police, il était intouchable », détaille la femme qui s’est longuement confiée à StreetPress.

    La justice va faire son œuvre. Neuf mois plus tard, le 17 juillet 2023, le major Yves Milla, en poste à la police aux frontières (Paf) de Thionville (57), est condamné par le tribunal correctionnel pour six ans de violences sur ses deux enfants et son ex-conjointe. Le policier de 47 ans délégué à l’Unsa police écope de 18 mois de prison avec sursis et le retrait total de son autorité parentale. Il a fait appel de la décision et le procès est renvoyé au 14 mars 2024.

    En théorie, tout policier condamné par la justice doit passer devant un conseil de discipline. Mais Yves Milla a jusqu’à présent échappé à l’autorité administrative. Une question de délais, avance le service communication de la police nationale qui explique que l’enquête administrative a été clôturée il y a seulement « quelques semaines ». Un délai qui est parti pour s’allonger car le dossier n’apparaît pas à l’ordre du jour des prochains conseils de discipline.

    « C’est une méthode classique dans la police », juge un fonctionnaire. « On laisse le dossier dans un coin jusqu’à ce que tout le monde l’oublie. » Selon plusieurs sources bien placées au sein de la police nationale, son « meilleur ami », le patron de l’Unsa Police, ne serait pas étranger à cette manœuvre dilatoire. Les deux hommes sont très proches. Ils partagent chaque été des vacances « naturistes » au Cap d’Agde et, plus régulièrement encore, fréquentent, parfois avec d’autres fonctionnaires de police, les soirées échangistes. Olivier Varlet est pour Yves Milla, un appui de choix : le « bloc syndical » qui regroupe Alliance et l’Unsa police est arrivé en tête aux dernières élections professionnelles. Contacté, le secrétaire général du syndicat reconnaît des liens d’amitié mais assure « qu’en aucun cas Monsieur Milla n’a bénéficié de traitement de faveur » (2). Il ne nie pas pour autant avoir pris sa défense dans le cadre de cette affaire. Il a en effet offert un témoignage des plus favorables à son ami dans la procédure judiciaire que StreetPress a pu consulter.

    À LIRE AUSSI : Il intègre l’école de police malgré une condamnation pour violence conjugale

    Il se pensait intouchable

    L’enquête révèle l’ampleur du cauchemar vécu par Isabelle et ses deux enfants. Les violences psychologiques, les dénigrements et l’emprise dès les premiers mois de la relation. « Il se mettait dans des colères monstres pour une éponge mal essorée, il a voulu contrôler mon compte en banque, il me disait que je valais moins qu’une pute », raconte à StreetPress la femme de 44 ans, consultante dans une boîte d’informatique. Des phases d’humiliations intenses qui alternent avec des déclarations d’amour enflammées.

    Puis viennent les violences physiques, à partir de la naissance de Tom, le cadet, en 2013. Elle est étranglée, frappée au visage. « Il ne me supportait plus à côté de lui dans le canapé ou dans le lit et me tirait par les cheveux pour me traîner dans une autre pièce. »

    Pendant des années, Isabelle et ses enfants vont vivre un enfer au sein duquel la mère de famille se sent coincée, à cause du métier de son mari, qui a été CRS pendant 15 ans, et de son mandat syndical. « Quand tu es femme de flic, aller dans un commissariat, ce n’est pas possible. Tu sais que tous les gars le connaissent. » Yves Milla lui aurait balancé : « Ça ne sert à rien d’aller porter plainte parce qu’on ne te croira pas et que c’est moi qui fait l’avancement [les promotions] des gars. » Sa collègue Fanny (1) affirme aux policiers :

    « J’ai essayé de lui faire déposer plainte, mais elle a refusé catégoriquement. Elle mettait en avant que son mari n’allait pas recommencer et qu’il était intouchable. »

    Isabelle n’est pas la seule à subir les coups du policier. Les violences sur l’aîné ont commencé quand les anciens époux, divorcés depuis 2018, vivaient encore ensemble. « Pendant la période scolaire, ça pouvait être tous les soirs. Et comme je rentrais tard du boulot, j’arrivais et je voyais Damien rouge ou Yves encore en train de s’en prendre à lui. Mais je ne pouvais rien faire car j’avais peur. » Dans des mails envoyés à son épouse, Yves Milla écrit : « Damien a été lamentable ce matin, je l’ai défoncé. » Ou encore :

    « Damien a menti et soutenu qu’il n’avait pas tapé son frère, donc je l’ai tapé en lui affirmant que je ne le tapais pas, il a vraiment compris. »

    Clubs libertins et relations imposées

    Lors de sa première audition, Isabelle, en pleurs, n’avait voulu parler que de ses enfants qu’elle souhaitait « protéger ». Mais la quadragénaire s’est ouverte au fil des mois sur ce qu’elle a elle-même vécu. À StreetPress, elle décrit des scènes d’une extrême violence :

    « Quand il me serrait le cou, il me disait : “Tu vois encore quelques secondes et tu perds connaissance”. »

    En 2016, Yves Milla la frappe tellement fort que la salariée a un hématome au visage pendant 15 jours. Deux de ses collègues en sont témoins. « Elle a prétendu que c’était en faisant du judo. Je suis judoka moi-même et j’ai tout de suite réalisé que c’étaient des mensonges », dit son ancien collaborateur Lucien (1) aux policiers lors de son audition. « J’ai attendu une pause cigarette pour lui poser directement la question. Après quelques minutes, elle a fini par craquer et avouer que son mari était l’auteur de ses blessures suite à une dispute », corrobore son amie Fanny. Quand ils se séparent en 2018, Isabelle se souvient :

    « Il m’a menacée qu’il me pousserait au suicide s’il perdait la garde des enfants, que ça ne lui poserait aucun problème de me supprimer ou de le faire faire. »

    Peu à peu, face aux enquêteurs, bien que les violences sexuelles ne soient pas l’objet de la plainte – qui porte uniquement sur des violences physiques et psychologiques –, Isabelle raconte les actes sexuels qu’elle se serait sentie obligée de pratiquer. Le ton de sa voix baisse quand elle évoque avec nous cet aspect de leur relation. « La seule chose sur laquelle il me mettait en valeur, c’était le sexe et ça a été destructeur. On finit par croire qu’on est bonne qu’à ça. Et quand il arrivait à se mettre dans des colères pas possibles, c’était le seul moyen de l’apaiser. » Aux policiers, elle raconte cette fois où il aurait mis son arme sur sa tempe. Un jeu sexuel pour lui, la plus grande peur de sa vie à elle.

    Au bout de seulement quelques mois de relation vient l’échangisme. Elle accepte de se rendre dans des clubs, « pour lui faire plaisir ». « Je ne pouvais pas montrer mon refus devant les gens parce que je ne voulais pas le mettre en colère. » En 2010, elle tombe enceinte de Damien, l’aîné. Selon Isabelle, sa grossesse est particulièrement difficile. Dans ses souvenirs, elle vomit du matin au soir. Malgré ses réticences, son conjoint policier l’aurait emmenée dans un club libertin et l’aurait incité à avoir des rapports sexuels avec deux personnes âgées. Isabelle dit aujourd’hui qu’elle se sentait « souillée ». Sa collègue Fanny confirme : « Elle m’a confié que parfois, elle n’avait pas envie de ces pratiques mais que son conjoint l’obligeait malgré tout à pratiquer le libertinage. Vers la fin de son couple, elle avait de moins en moins envie de faire ce type de choses. » « Ces relations lui ont posé problème une fois maman. Elle m’a clairement dit qu’elle en avait marre de ces conneries », rebondit Lucien.

    Un « mode pervers »

    Le 24 mai 2023, lors de sa garde à vue, Yves Milla ne répondra à aucune des questions des enquêteurs. « Je fais valoir mon droit à garder le silence », déclare-t-il sans relâche. L’expert psychiatre est le seul à lui soutirer quelques phrases. « J’ai déjà eu le coup de la violence pour essayer de reprendre la garde des enfants, ma femme a lâché l’affaire », balance-t-il, bravache. Yves Milla répond au psychiatre sur une autre facette inquiétante de sa vie : il est allé au moins six fois en Syrie, rendre visite à sa nouvelle compagne franco-syrienne, professeure à Damas. Le dernier de ses voyages dans le pays en guerre date d’avril 2023, un mois avant son placement sous contrôle judiciaire. « Je n’y suis jamais allé avec les enfants. La maman ne voulait pas, pour des raisons de sécurité. Elle avait peur que je ne revienne pas. »

    Ses fils témoignent dans le même sens. D’après leur papa : « La Syrie ce n’est pas plus dangereux qu’Hayange. » Le policier les menacerait de les envoyer au Moyen-Orient s’ils ne font pas leurs devoirs ou au contraire de les abandonner. « Je vais partir en Syrie et je vais vous laisser de côté », aurait-il balancé dans un accès de rage, relate le jeune Damien. Le médecin parle d’un « mode pervers » pour décrire la personnalité du prévenu.

    Une enquête administrative qui impliquerait d’autres policiers

    En plus de l’enquête judiciaire, une enquête administrative est lancée. Isabelle, convoquée une première fois le 11 septembre 2023, nous confie avoir passé une quinzaine d’heures à être auditionnée. C’est dans ce cadre qu’elle en aurait dit encore plus, notamment sur l’implication d’autres fonctionnaires dans ces pratiques sexuelles qu’elle juge forcées. Ces faits auraient eu lieu à l’époque où il était à la CRS 38 de Mulhouse (68). À au moins trois reprises, selon Isabelle, son mari aurait fait venir un de ses collègues chez eux pour qu’il ait un rapport sexuel avec elle, devant lui. La première fois aurait eu lieu en 2009, seulement un an après leur rencontre, et la dernière en 2016. Pour supporter ces séances, Isabelle s’alcoolise. « Il savait que quand j’avais bu, j’étais plus docile. Moi, comme je savais ce qui allait arriver, je buvais pour m’évader. Ça peut paraître improbable mais mon cerveau n’était pas là. » Dans son audition lors de l’enquête judiciaire, la mère d’Isabelle avait évoqué une histoire qui semble faire écho à ce témoignage :

    « Elle m’a juste évoqué pendant une crise de larmes un viol avec des policiers. »

    Un an après sa séparation avec Yves Milla, la plaignante est tombée dans une dépression sévère. Isabelle continue à prendre des traitements aujourd’hui. « Je ne peux pas m’en passer », souffle la maman traumatisée.

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    Il faut sauver le soldat Milla

    Au sein de l’Unsa Police, son syndicat, malgré les faits sordides, tout semble être mis en place pour soutenir Yves Milla. Le 10 janvier 2024, devant la cour d’appel de Metz qu’il a décidé de saisir, lunettes rectangulaires vissées au nez et doudoune grise, l’ancien boxeur parle très bas. Bien loin du personnage confiant et plein d’aplomb que ses collègues connaissent. Dans la salle d’audience, Mathieu Weber, un membre de l’Unsa Paris, est présent aux côtés du prévenu. Contacté par StreetPress, le syndicaliste a refusé d’expliquer sa venue. À l’Unsa, Yves Milla n’est pas n’importe qui. Il est le meilleur ami du patron, Olivier Varlet, le secrétaire général du syndicat (3). Les deux hommes se sont rencontrés il y a 20 ans dans les couloirs de l’Unsa police.

    En 2009, le syndicat est en crise. Une scission entraîne le départ d’une partie des membres qui rejoignent la CGT-FO et créent Unité Police. Les policiers Olivier Varlet et Yves Milla font partie de ceux qui restent fidèles à la confédération Unsa. Une bande de potes se crée et des amitiés durables naissent. Yves Milla prend plusieurs rôles d’importance : délégué départemental, trésorier national du syndicat, secrétaire zonal dans le Grand Est de 2018 à 2020… Olivier Varlet est quant à lui élu à la tête de l’Unsa Police à l’unanimité le 10 septembre 2020. En 2022, il va marier son syndicat – qui jusque-là pesait autour de 15% des votes aux élections professionnelles – avec le très droitier Alliance Police Nationale qui représente 30% des fonctionnaires. Leur coalition remporte dans la foulée les élections.

    Varlet soutient son ami

    Olivier et sa femme, qui a un poste à mi-temps au sein du syndicat depuis que son mari en a pris la tête, sont les deux seuls amis d’Yves Milla interrogés par les policiers pendant l’enquête judiciaire. Selon les dires d’Isabelle, il y a « une personne qui est au courant de tout ou de beaucoup de choses, il s’agit d’Olivier Varlet (…). C’est un ami mais c’est surtout l’ami de Yves, ils sont très proches l’un de l’autre ». Appelé par les enquêteurs, le numéro un du syndicat affirme être le premier à lutter contre les violences intra-familiales. Il défend son grand pote : « L’affaire de mon ami Yves Milla ne correspond pas à ce que [je peux] voir lors de conseils de discipline impliquant des collègues violents. Si j’en ai, on les fout dehors. » Et d’ajouter, avec une certaine dose de cynisme :

    « J’aurais rêvé d’avoir un père comme Yves. »

    Quand la condamnation d’Yves Milla en correctionnelle tombe le 17 juillet 2023, l’affaire commence à faire des remous au sein de l’Unsa. Le secrétaire zonal du syndicat à Metz démissionne entre autres pour protester contre le soutien sans faille apporté au major condamné. Dans sa lettre de départ, que StreetPress a pu consulter, il écrit : « Je me suis toujours engagé à travailler pour mes collègues (…). Par contre, je tiens à préciser que j’ai une ligne de conduite, et qu’en aucun cas, je ne peux défendre l’indéfendable (exemple : condamnation pour des violences intra familiales…) » Il n’a pas souhaité répondre aux questions de StreetPress.

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    Appelé par les enquêteurs, Olivier Varlet de l'Unsa défend son grand pote : « L’affaire de mon ami Yves Milla ne correspond pas à ce que [je peux] voir lors de conseils de discipline impliquant des collègues violents. Si j’en ai, on les fout dehors. J’aurai rêvé d’avoir un père comme Yves. » / Crédits : Caroline Varon

    Organiser sa mutation

    En parallèle, la mutation d’Yves Milla loin du Grand Est est organisée. Le 15 octobre 2023, il prend un nouveau poste obtenu dans le cadre d’une « mutation dans l’intérêt du service ». Une mesure qui s’applique normalement quand la conduite d’un fonctionnaire, sans être fautive, est préjudiciable au fonctionnement du service, un différend avec un collègue, par exemple. Dans le cas d’Yves Milla, il s’agirait plutôt d’un tour de passe-passe, organisé selon plusieurs sources par son ami Olivier Varlet, pour lui éviter la commission administrative paritaire interdépartementale (Capi) de Moselle, un conseil de discipline au sein duquel il risquait jusqu’à la révocation.

    Pour le protéger de l’orage, Yves Milla n’a pas été muté n’importe où : il est nommé à la direction des ressources humaines des finances et des soutiens (DRHFS), une direction placée sous l’autorité directe du directeur des ressources humaines de la police, juste en dessous de la Direction générale de la police nationale (DGPN). « La DRHFS c’est le grand manitou RH de la police. Tout transite par là et le directeur est un interlocuteur privilégié des syndicats. Donc si tu veux faire éviter un conseil de discipline voire une sanction à l’un de tes apôtres, tu le fous à la DRHFS et tu négocies directement l’étouffement du dossier », explique un haut responsable syndical.

    Pour un cadre de la police à Metz qui a suivi cette affaire de près mais souhaite garder l’anonymat :

    « L’enquête administrative à Metz devenait très gênante parce que plus on y allait plus on retrouvait des choses assez énormes comme des rapports sexuels non-consentis susceptibles d’aller au pénal. La mutation est devenue prétexte à une clôture précoce. »

    Quand Yves Milla est muté, l’enquête administrative est elle aussi transférée à Paris. Mais l’ouverture d’une nouvelle enquête judiciaire sur les accusations d’agressions sexuelles n’est pas pour autant à exclure : le directeur zonal de la Paf en charge de l’enquête administrative aurait, avant d’être dessaisi, fait un signalement au parquet de Thionville, assure à StreetPress une source policière (4). Une initiative qu’on voudrait lui faire payer ? Il devrait prochainement, selon nos informations, être muté à Vesoul, ce qui a tout d’une mise au placard. Contacté, l’intéressé a refusé de répondre à nos questions. « Résultat : Milla part à Paris en prenant plus d’argent à la fin du mois et il s’extrait du jugement de ses pairs au sein du Grand Est », confie à StreetPress un fonctionnaire qui connaît bien l’Unsa Grand Est pour en avoir fait partie. Lui aussi accuse Olivier Varlet d’être à la manœuvre.

    Circulez, il n’y a rien à voir

    Début janvier, StreetPress a pu échanger avec ce dernier. De l’autre côté du combiné, le patron de l’Unsa est, au départ cordial, il assure que son ami n’a bénéficié d’aucun passe-droit. Mais il va très vite botter en touche : « Je n’ai pas à faire de commentaires sur ce dossier-là. Si vous avez des questions à poser à l’administration, vous les posez à l’administration. »

    Du côté de la direction générale de la police nationale (DGPN), on assure également qu’il n’y a pas la moindre entourloupe : « Cet agent avait été désarmé et écarté de toute relation au public, et ce dès avant la décision de justice de juillet 2023. » Si aucune sanction ou décision de comparution en conseil de discipline n’a eu lieu, c’est simplement parce que « cette enquête [a] été clôturée voici quelques semaines ». Pourquoi n’est-il même pas à l’ordre du jour des prochaines commissions de discipline ? Mystère. Nous n’obtiendrons pas plus de réponse sur le motif de sa mutation parisienne et l’implication d’Olivier Varlet.

    Cerise sur le gâteau : le fonctionnaire de police condamné pour violences intra-familiales dispose toujours d’une décharge d’activité à titre syndical. L’Unsa aurait toujours besoin de ses services !

    L’échangisme comme hobby commun

    Pour quelle raison, même après avoir pris connaissance de sa condamnation, Olivier Varlet prendrait-il le risque de protéger un ami aussi gênant ? Isabelle révèle que les deux copains partagent un loisir en dehors des heures de boulot : l’échangisme. Depuis au moins dix ans, ils passent une semaine d’août au Cap d’Agde, la station balnéaire connue pour ses plages naturistes et ses clubs libertins. Le reste de l’année, les incartades auraient lieu dans des clubs en Alsace et en Allemagne, pour ne pas se faire reconnaître autour de Metz, où vit également Olivier Varlet. Entendu dans l’enquête administrative, Olivier Varlet aurait admis s’adonner au naturisme et, comme sa femme, concède bien avoir passé des vacances au Cap d’Agde avec Isabelle et Yves Milla. C’est même là qu’ils admettent avoir été témoin d’une scène dégradante au restaurant. Isabelle parle d’une cuillère tombée par terre, les époux Varlet évoquent une histoire de carte bleue. Reste que tous les trois s’accordent pour reconnaître qu’Yves Milla a demandé à sa femme de repartir au camping parce qu’il ne voulait plus la voir et qu’elle est rentrée à pied, se sentant humiliée. Concernant les pratiques sexuelles du couple, Olivier Varlet déclare :

    « Ils avaient des pratiques sexuelles particulières mais Madame Milla était actrice et ne se laissait pas faire. »

    Interrogé par StreetPress sur sa présence au Cap d’Agde avec le couple Milla, le numéro un de l’Unsa se fait moins patient. « Je vous ai dit que je ne vous parlerai pas du dossier ni de ma vie personnelle. Ça ne vous regarde pas », avant de clore la discussion. Relancé par mail au sujet de sa pratique de l’échangisme, Olivier Varlet n’a pas répondu. « Il a peur de se retrouver mêlé à un scandale sexuel », juge un haut responsable syndical qui a eu vent de ce dossier :

    « Il n’a peut-être rien fait d’illégal à titre personnel, mais il sait que l’affaire peut lui retomber dessus. C’est pour ça qu’il fait tout pour étouffer le scandale et couvrir son pote. »

    (1) Les prénoms ont été modifiés.

    (2) Contacté, Yves Milla n’a pas souhaité répondre aux questions de StreetPress.

    (3) Il est important de préciser qu’à aucun moment dans son témoignage, l’ex-femme d’Yves Milla n’accuse Olivier Varlet d’avoir commis un acte illégal. Le secrétaire général de l’Unsa ne fait pas partie des fonctionnaires avec qui elle a eu des rapports sexuels à l’initiative de son mari.

    (4) Contacté à plusieurs reprises, le parquet n’a pas répondu à nos sollicitations.

    En 2017, Yves Milla a été interviewé dans le cadre d’un Vox de StreetPress.

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