Salut Julie, c’est quoi ton parcours dans la production?
J’ai déjà tourné dans plusieurs films difficiles, comme Select Hotel, pour lesquels j’avais mis mon salaire en participation, aidé le réalisateur à faire les ventes et mis beaucoup de gens en contact. Pour poursuivre dans cette voie, on a monté Rouge International il y a 3 ans. Et, en 2007, on avait vu Raed Andoni « pitcher » son projet Fix Me au Festival de Locarno. On a été séduit par ce ton assez cynique et en même temps drôle, avec de l’humour. Raed est une sorte de Woody Allen palestinien, on n’avait jamais vu ça. Une fois le film terminé, on est d’abord allé à Sundance en sélection officielle, puis nous voici à l’ACID à Cannes, qui est une sélection très importante pour nous, car vue par tous les exploitants de France, c’est à dire toutes les salles de cinéma. On va tout donner pour faire parler du film, pour le soutenir et le porter jusqu’au bout du bout.
Fix Me est un docu-fiction, qu’elle a été la part de la scénarisation?
Avant le tournage, Raed Andoni a travaillé avec Olivier Lorelle, scénariste reconnu en France. Plusieurs thématiques se dégageaient, comme le fait de se sentir différent des autres dans un pays où l’on est obligé d’intégrer un groupe et de prendre position pour ou contre Israël. Il y avait aussi cette réflexion sur la position de l’artiste et sur le sentiment de faiblesse, dans une région où l’homme se doit d’être fort. Ensuite, une équipe européenne (Fix Me est une production France/Palestine/Suisse, ndlr) est allée filmer la thérapie de Raed en Palestine; l’équipe ne parlait pas arabe et il était important qu’ils ne comprennent pas, car il s’agit d’une réelle thérapie. Malgré l’écriture, Raed ne savait pas ce qui allait se passer, c’était son premier contact avec la thérapie, car ce n’est vraiment pas quelque chose qui se fait à Ramallah. La psychanalyse n’est pas ancrée en Palestine, comme elle peut l’être à New York ou en Argentine. Au final, le film est plus émouvant que ce à quoi on s’attendait : il y a une vraie sincérité qui s’en dégage, Raed ne joue pas, il ne triche pas.
Julie Gayet Bio Express:
3 juin 1972: Naissance à Suresnes
1992: Premier apparition à l’écran dans Premiers Baisers. Elle y gilfe Luc et Jérôme, mais n’est pas crédité
1996: Delphine dans Delphine 1, Ivan 0
2005 Isabelle de France dans Les rois maudits sur France 2
2006: Nathalie dans Mon meilleur ami
2009: Productrice de Fix Me avec sa boite de production Rouge International
Le film parle à un moment de la créativité, qui serait “liée à l’ennui”. Quelle est votre définition de la créativité ?
Dans Huit fois debout, qu’on a produit, il y a une grande tirade de Denis Podalydès qui parle du doute et de la nécessité d’avoir des gens qui doutent dans la société. Alors je dirais que la créativité c’est le doute, c’est se remettre en question et douter sans cesse, car il est parfois nécessaire de regarder le plafond sans bouger. Mais c’est une position très fragile à défendre; c’est pourquoi je suis très fière qu’on ait aidé Fix Me. J’aime beaucoup le doute, et particulièrement le doute de Raed Andoni. Après Cannes, je pense qu’on va monter le syndicat du doute avec Rouge International.
Et sinon, l’ambiance de Cannes ça te plait?
Il y a tellement d’aspects. Il y a d’abord le côté boîte de nuit/soirées avec des gens qui ne sont même pas dans le cinéma. Il y a ensuite le côté paillettes/glamour/protocolaire, que je continue à adorer, car j’aime les stars et j’aime les voir. Et puis il y a, sous l’iceberg, tout le marché, qui est la véritable âme du Festival. C’est là que sont les gros bosseurs, les vendeurs du monde entier, qui permettent au cinéma d’exister partout. Comme comédienne, j’ai toujours fait des gros films qui ont payé les petits films. Et donc tant mieux s’il y a de l’argent dans le cinéma et si les gens vont voir de grandes stars, qui permettent aussi de faire des films comme Fix Me. Et puis c’est vraiment essentiel que l’ACID existe, ils offrent une superbe visibilité aux films fragiles.
Quand est-ce que Fix Me devrait sortir en France?
Le film a déjà un distributeur en France, Sophie Dulac. Il devrait sortir à la fin de l’année. J’espère qu’on arrivera à en parler, que tout le monde en parlera; on va faire un boulot de fond et essayer de toucher les gens partout.
En partenariat avec Fluctuat |
*A lire aussi sur StreetPress les six premiers volets de la série « Mais qu’est-ce qu’ils foutent à Cannes ? » avec Gerry Canon à la recherche de l’Arche d’Alliance , Le porno en 3D, Gilles vendeur à la criée bègue , Stéph et Jérémy adeptes des Passes Magiques , Eric Roux, Ministre de l’Église de Scientologie et Arnaud Van De Casteele, Docteur en Absinthologie , Le festival vu du camping
Source: Jacques Torrance | StreetPress et Fluctuat
Face au péril, nous nous sommes levés. Entre le soir de la dissolution et le second tour des législatives, StreetPress a publié plus de 60 enquêtes. Nos révélations ont été reprises par la quasi-totalité des médias français et notre travail cité dans plusieurs grands journaux étrangers. Nous avons aussi été à l’initiative des deux grands rassemblements contre l’extrême droite, réunissant plus de 90.000 personnes sur la place de la République.
StreetPress, parce qu'il est rigoureux dans son travail et sur de ses valeurs, est un média utile. D’autres batailles nous attendent. Car le 7 juillet n’a pas été une victoire, simplement un sursis. Marine Le Pen et ses 142 députés préparent déjà le coup d’après. Nous aussi nous devons construire l’avenir.
Nous avons besoin de renforcer StreetPress et garantir son indépendance. Faites aujourd’hui un don mensuel, même modeste. Grâce à ces dons récurrents, nous pouvons nous projeter. C’est la condition pour avoir un impact démultiplié dans les mois à venir.
Ni l’adversité, ni les menaces ne nous feront reculer. Nous avons besoin de votre soutien pour avancer, anticiper, et nous préparer aux batailles à venir.
Je fais un don mensuel à StreetPress
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER