Salut les gars! Alors qui est Terence l’étroit ?
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Si Terence n’est pas américain pourquoi est-ce que vous chantez en anglais ?
Antoine: Notre musique est influencée par la musique anglo-saxonne. C’est comme si on demandait à un mec qui fait du reggae pourquoi il ne chante pas en allemand. Une des entités de notre musique c’est l’anglais. Et puis c’est peut-être un peu plus facile que le français aussi…
Pourtant il y avait une chanson en français sur votre 1er album…
Antoine: Il faut savoir faire des erreurs et les réparer par la suite! C’était une chanson influencée par des musiciens belges qui chantaient en français mais qui avaient un accent belge à couper au couteau. C’est de là que le français s’est imposé.
Et à part les chanteurs belges avec un accent à couper au couteau, quelles sont vos influences ?
Stéphane: Ça va de la musique improvisée à la musique classique en passant par du trash bien lourd ou du hip-hop.
Nicolas: Toutes les curiosités qui tombent dans ma besace. Surtout le rock indépendant des années 90 comme Nirvana, les Pixies, Sonic Youth…
Benoît: Les Melvins !
Nicolas: Oui les Melvins. D’autres choses sont ensuite venues se greffer comme Nick Cave ou Tom Waits.
Antoine: Les Melvins aussi…
Nicolas: Et les Melvins. Y a aussi mon côté sentimental, je suis un gros fan de Lassa, des TinderSticks qui me font chialer.
Antoine: Et des Melvins…
Nicolas: Et des Melvins qui me font chialer aussi.
Antoine: En ce moment j’écoute Slipknot et Lady Gaga.
Bio Express
Né en 2002, Narrow Terence (Terence l’étroit) c’est d’abord deux frères: Antoine et Nicolas. Ils feront ensuite la connaissance de Benoît alors qu’ils sont artistes résidents dans un studio parisien. Puis c’est en montant une création d’artistes avec le groupe Ezéchiel, que Stéphane sera débauché pour rejoindre Narrow Terence.
En 2007, le groupe sort son premier album autoproduit, Low Voice Conversation, qui leur ouvre notamment les portes du Printemps de Bourges, section Découvertes. En mars 2010, leur deuxième album Narco Corridos surprend l’oreille en multipliant les genres musicaux.
« Il faut savoir faire des erreurs et les réparer par la suite!»
Votre premier album était beaucoup plus accessible. Que s’est-il passé entre les deux ?
Nicolas: On a tous eu une grosse dépression. La thérapie de groupe nous a conduits au deuxième album. Non, en fait le premier album propose déjà en substance ce que le deuxième album raconte. Ça me rappelle ce que m’a dit quelqu’un y a pas longtemps: «c’est comme si le premier album était une photo floue du cliché très net que vous avez fait sur le deuxième». Dans le deuxième, on a radicalisé la formule, on est allé plus loin dans les sons plus lourds. On aime les grosses dynamiques. C’est comme dégueuler des tripes sur scène, faut que ça sorte. On a aussi mis beaucoup plus d’humour et de second degré dans le deuxième album.
Dans ce deuxième album on passe de ballades à du métal. C’est pour éviter qu’on vous colle une étiquette ?
Antoine: Les chansons viennent comme la vie est faite. Parfois on a plutôt envie d’écouter un truc tranquille ou quelques fois on a plus besoin d’un truc trash. On s’est demandé si on faisait pas un album déstructuré et puis on s’est dit, qu’après tout, on écoute tous Mr Bungle.
Benoît: Ah non désolé, je connais pas bien Mr Bungle, tout ce qui est hard….
Pas de fil conducteur alors ?
Nicolas: Narrow Terence est un groupe de voix et c’est la voix d’Antoine qui crée cette homogénéité.
Narrow Terence : l’interview
Beaucoup de chansons parlent de rupture, de mort… Qui écrit les textes?
Stéphane: C’est pas moi !
Antoine: Nico et moi. Mais il y a pas que des chansons tristes ! Dinner, c’est super, c’est l’histoire d’un mec qui va chez sa belle-famille pour la première fois. C’est des bons gros beaufs, il se sent pas très à l’aise mais il est tellement amoureux de sa copine qu’il en vient à saigner du nez, ça c’est un côté Dragon Ball Z que j’ai voulu laisser. Et dans la salle de bains, il rencontre la sœur de sa copine qui est sublimissime. Et ben la morale de mon histoire c’est que finalement, il reste avec sa copine parce que c’est elle qu’il aime. Il n’y a que des trucs sympas!
Et “Wet dead horses” ou “How she ruined my days”…
Nicolas: C’est l’histoire du rock’n roll de voir sa copine partir avec son meilleur pote. Le texte m’est venu d’une amorce d’une chanson de Tom Waits qui s’appelle “Make it rain”, dans laquelle il dit « elle est partie avec ton meilleur pote, tu connais l’histoire…
Antoine: Et tout ton fric aussi!»
Nicolas: Ouais et tout ton fric aussi.
Benoît: C’est romancé ou c’est véridique?
Nicolas: C’est purement et simplement romancé. Ça pourrait arriver à Terence l’étroit cette histoire-là.
Beaucoup de chansons du premier et du deuxième album font penser à des musiques de film, je me trompe ?
Nicolas: Si je peux passer une annonce justement… On a déjà eu une expérience avec un titre pour le film de Sébastien Jaudeau, La Part animale. D’ailleurs, c’est pas mal ça, la part animale, pour le groupe. Il fallait qu’on fasse groover Rachida Brakni dans une scène du film. On adore travailler à l’image, ça développe le côté poétique de la musique.
Benoît: On peut peut-être passer un message à Quentin Tarantino pour faire la musique de son prochain film ?
Antoine: Mais même si on peut avoir Téléfoot, c’est cool.
« C’est l’histoire du rock’n roll de voir sa copine partir avec son meilleur pote!»
Pourquoi appeler l’album Narco corridos ? Une référence au style mexicain ?
Antoine: Ça vient de la série The Shield qui parlait du Narco Corridos. Je trouvais ça marrant que des mariachis décrivent le meurtre de quelqu’un en musique. Et puis on adore les sonorités d’Amérique latine, on avait envie d’en rajouter un petit peu.
Et sinon, c’est comment de bosser entre frères ?
Antoine: Les gens autour de nous ont l’impression que c’est une catastrophe… Il m’a frappé un jour mais j’ai eu pitié de lui donc j’ai pas répondu.
Narrow Terence : Dinner
Le Concert de Narrow Terence par Michela Cuccagna
Source et Crédits photo: Lisa Serero et Michela Cuccagna | StreetPress