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    20/10/2011

    Des bureaux de vote pleins comme un tajine

    Élections tunisiennes à Pantin: « Comment on va faire si après 19h il y a toujours la queue ? »

    Par Robin D'Angelo

    De jeudi à samedi les Tunisiens de France sont invités à élire leurs représentants à l'Assemblée Constituante. Mais s'ils avaient boudé les inscriptions sur les liste électorales, dès le premier jour les Tunisiens sont venus en masse.

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    « C’est un des plus beaux jour de ma vie ! Quand je suis arrivé ce matin et que j’ai vu tout ce monde, j’ai pleuré ! » Brahim Razgallah est excité comme une puce quand il croise StreetPress dans un couloir du consulat de Tunisie à Pantin. Jeudi 20 octobre à 16h30, il y a une queue de 200 mètres devant le bâtiment officiel transformé pour 3 jours en centre du vote: Les Tunisiens de France y élisent leurs représentants pour l’Assemblée Constituante, chargée de rédiger la Constitution de la Tunisie post-Ben Ali.

    Ouvrez les valves ! Brahim, responsable des 6 bureaux de vote du consulat n’en revient toujours pas. « Ce matin dès 7 heures, il y avait déjà la queue alors que le bureau devait ouvrir à 8 heures ! » Avec seulement 55% des Tunisiens inscrits sur les listes électorales – 37% chez les Tunisiens de France – à la fin de la première phase d’inscription le 14 aout, la Révolution de Jasmin avait pourtant un peu la gueule bois comme l’expliquait RFI ici

    Mais l’Irie – l’Intendance Régionale Indépendante pour les Élections – a sorti les gros moyens pour que les Tunisiens de France votent. La clé du succès selon Brahim:

    « Le 11 octobre on a inscrit automatiquement tous les Tunisiens qui étaient dans les bases de données du consulat. Et puis mardi on a décidé d’ouvrir le vote à tous les Tunisiens qui ont une carte d’identité ou un passeport ».


    A voté

    Quand je suis arrivé ce matin et que j’ai vu tout ce monde, j’ai pleuré !

    A voté Devant l’entrée du consulat deux bénévoles derrière deux notebook vérifient les cartes d’identité des électeurs en entrant leur numéro. « On leur dit dans quel bureau ils doivent voter et si c’est trop loin on peut s’arranger pour qu’ils le fassent ici ».

    A l’intérieur du consulat les votants font la queue 5 par 5 devant les 6 bureaux de vote. Plusieurs pancartes leur expliquent comment voter à l’aide de dessins.
    Sur le bulletin – une feuille au format A2 – les logos des 48 listes pour la circonscription France 1 et des cases à cocher. En échange de leur vote, les électeurs trempent leur doigt dans une encre bleue qui leur collera à la peau pendant 3 jours. Un peu comme au bled.

    Huissier Fekria Hentati fait un scandale devant le bâtiment:

    « Ça fait un mois que je me suis préparée. Hier encore je recevais un mail de l’Isie pour me le confirmer. Il y a plein de petits Ben Ali qui se mettent en place ! »

    Sa liste « L’Espoir » – la numéro 11 parmi les 48 – est introuvable sur le bulletin de vote alors que la candidate assure ne pas avoir été informée de son invalidation. « J’ai perdu 1.500 euros ! ».


    “Alors moi je suis où ?”

    Il y a plein de petits Ben Ali qui se mettent en place !

    Kamel Ben Taarit fait le pied de grue devant le consulat avec ses affiches. « On m’empêche de les coller ! ». Il a appelé un huissier pour venir « constater »

    Brahim Razgallah tente tant bien que mal de garder son calme. « Je vous ai envoyé un mail monsieur pour que vous veniez coller vos affiches et vous n’êtes jamais venu ! ». Du bout des lèvres, le responsable du centre de vote reconnaît que 48 listes c’est trop et que les candidats manquent de professionnalisme. « Mais c’est normal, c’est nouveau pour nous ! Ce qu’il faut voir ce sont tous ceux gens qui faim de démocratie ! »

    A 18h ils sont toujours aussi nombreux. Un jeune homme chargé de l’organisation se précipite sur Brahim: « Mais comment on va faire si après 19h il y a toujours la queue ? »


    Kamel et Fekria, candidats d’un jour

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