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    02/01/2010

    Redif : Quand le parolier rappait pour StreetPress

    RIP Allain Leprest

    Par Aurélie Attard

    Le parolier Allain Leprest est mort lundi 15 août à 57 ans. StreetPress republie le portrait de Leprest, paru le 3 janvier 2010. On y causait écriture, rap, et alexandrin.

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    Un lundi de décembre. Le froid pique le visage, ankylose les doigts. La chaleur du café situé dans le quartier Ménilmontant, non loin du Père Lachaise, est bienvenue. C’est là que le parolier et chanteur, Allain Leprest nous attend, assis comme un client ordinaire, à ceci près que quelques feuilles de papier griffonnées d’encre noire traînent sur la table à côté de son Pepsi.   

    Greco, Nougaro, Olivia Ruiz ou La Rue Kétanou

    En 1983, Allain Leprest écrit Le pull-over pour Juliette Gréco, sur une musique composée par Jean Ferrat.  J’ai Peur, dont il sera l’interprète, porte ses mots, et la musique de son ami Jean. De ses nombreuses collaborations, certaines sont plutôt éblouissantes : Claude Nougaro ou Olivia Ruiz sont de ces personnes qui admirent le poète. Plus récemment, Daniel Lavoie, La Rue Kétanou ou Alexis HK, entre autres, ont chanté le poète, l’ami, sur un CD hommage.  

    Une Valse Pour Rien

    Il y a aussi la fille de son père qui chante, écrit et sait manier l’accordéon. Le chanteur de 56 ans et Fantine ont interprété dans un émouvant duo Une Valse Pour Rien, l’un des titres les plus populaires du chanteur. 

    Peintre (en bâtiment)

    Titulaire d’un certificat d’aptitude professionnelle de peintre en bâtiment, c’est la poésie, puis la chanson, qui prendront naturellement la place dans la vie du jeune homme. Car ce qu’aime réellement ce fils d’artisans, c’est écrire. « C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour faire passer des choses que je n’aurais pas le culot d’avouer autrement ».

    Mec, premier album en 1986

     
    Il a une brève expérience en tant qu’éducateur et publie un recueil de poèmes en 1981. Puis il décide de rejoindre la capitale où il s’installe dans les petites salles pour y murmurer ses textes. Il fait également quelques premières parties et écrit pour d’autres. 
    Après plusieurs années au rythme timide, la machine s’accélère et son premier opus, “Mec”, sort dans les bacs en 1986, succédant à sa révélation au public lors du Printemps de Bourges l’année précédente. S’en suivront une quinzaine d’albums, aux univers musicaux divers, mais à la poésie toujours poignante, qu’elle soit brumeuse ou espiègle « Ton cul est rond comme une horloge / Et quand ma fatigue s’y loge / J’enfile le temps à rebours ». Des paroles accompagnées d’une voix graveleuse, presque brisée.

    Lourd à l’écriture  

    Déformation passionnelle ? Lorsqu’il parle de l’écriture, c’est presque comme s’il nous lisait l’un de ses textes « La journée je guète, je saisis, je pique… et la nuit je restitue le puzzle ». Une douceur malicieuse brille dans les yeux d’Allain Leprest lorsqu’il explique pourquoi il fait ce métier: « Je peux me mettre dans la peau d’une pute alors que je n’en suis pas une. Je peux me mettre dans la peau d’un catcheur, d’un employé de banque. » La chanson, nous précise-t-il également, « c’est l’endroit où l’on peut se cacher derrière soi-même ». Il nous confie par la suite qu’il est « assez lourd à l’écriture », qu’il a « besoin d’infuser », écrasant ainsi le mythe du poète à la plume glissant aussi aisément sur du papier que le couteau rentre dans du beurre mou.

    Atelier d’écriture

    Avant la maladie, qui l’a obligé à laisser en berne pendant trois ans la chanson, il animait un atelier d’écriture, au Picardie, un café d’Ivry-sur-Seine, où il a vécu un temps. Ces rendez-vous étaient l’occasion pour des personnes désireuses d’écrire, de partager avec un groupe leurs créations, leurs émotions.  Néanmoins, il précise avec humilité  « Je n’ai pas de conseils à donner aux paroliers en herbe, sinon de laisser pousser les herbes dans tous les sens » ; parole de poète, parole d’évangile ? Reste qu’il enchérit « La poésie, ce n’est pas forcément des rimes », avant de conclure « Chacun a sa petite chanson, sa petite poésie en lui. Elle peut être très rugueuse, elle peut être savoureuse, elle peut-être faite d’humour, d’amour».

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    Ciao, Allain Leprest

    Allain Leprest s’est suicidé dans la nuit de dimanche à lundi 15 août 2011. Allain Leprest avait 57 ans et se trouvait à Antraigues-sur-Volane, en Ardèche, le village natal de son ami Jean Ferrat. Atteint d’un cancer du poumon en rémission, Alain Leprest, avait un nouvel album et des concerts à La Cigale programmés pour la fin de l’année, a confié son producteur.

    Chez Leprest, vol. 2, décembre 2009
    Voir aussi sur le web: Allain Leprest [Myspace]
    Source: Aurélie Attard | StreetPress