Vendredi dernier, la chanteuse de Christine and the Queens raflait deux statuettes aux victoires de la musique. Une artiste qui brûlait les planches de la Loge… en 2011 ! Le petit théâtre – 80 places à peine – s’est fait une spécialité de mettre le pied à l’étrier à de nouveaux artistes. Une pépinière de talent qui, malgré le succès, risque de mettre la clé sous la porte après six années d’existence. Cette salle de spectacle du 11e arrondissement, dédiée à la nouvelle création doit faire face à un déficit de 40.000 €.
La rançon du succès

Alice, la co-directrice du théâtre. / Crédits : Kris Macotta
De nombreux artistes de premier plan ont fait leurs débuts sur cette scène. En musique on peut citer le collectif Fauve ou Moodoïd. Côté théâtre, Julie Duclos, Laurent Bazin ou l’humoriste Nora Hamzawi. Si la Loge est désormais un dénicheur de talent reconnu, le succès grandissant a entraîné une augmentation des budgets de fonctionnement du lieu. Alice Vivier, co-directrice du théâtre (avec Lucas Bonnifait) explique ce paradoxe :
« On a de plus en plus de visibilité et on a dû se développer ces dernières années, que ce soit en terme de recrutement ou de moyens techniques. »
Sauf que les financements publics n’ont pas suivi. La Loge reçoit bien une « aide de fonctionnement » de la part de la Mairie de Paris, mais c’est insuffisant. Aujourd’hui, le lieu s’autofinance à 75% et il serait au bord de la banqueroute :
« On est dans une grande précarité, malgré un public toujours plus nombreux. »
La région refuse de l’aider
Pour s’en sortir, le théâtre pensait pouvoir compter sur la Permanence artistique et culturelle (Pac), « outil phare de l’intervention régionale en faveur du spectacle vivant ». On peut lire sur son site que cet organisme public « soutient les projets culturels qui renouvellent les pratiques artistiques. » Sauf qu’en 2014 comme en 2013, la région Ile-de-France a retoqué le dossier de La Loge. Dur à avaler pour la direction du théâtre :
« Cette aide nous permettrait de pérenniser le projet. Là, on est en sous-effectif et sous-investissement permanent. »
La fondatrice de la Loge en a gros sur la patate et dénonce une certaine forme d’hypocrisie de la part des pouvoirs publics :
« D’un côté, on nous dit que notre projet est très judicieux, qu’on fait un très bon travail et ils nous aident à monter notre dossier. Et de l’autre, on ne reçoit aucune subvention de la région depuis deux ans. »
La banlieue d’abord
Joint par StreetPress, la région Ile-de-France rappelle qu’en 2014, sur plus d’une centaine, « moins de 10 dossiers » ont finalement pu obtenir la PAC. Le chargé de mission insiste également sur l’importance du critère géographique dans le choix des attributions :
« La région ne peut pas concentrer ses aides sur Paris intra-muros, il y des zones périphériques qui sont aussi dans une grande précarité et qu’il faut aider. »
Vidéo La Loge, c’est quoi?
En 6 ans, plus de 180 compagnies et artistes ont été accueillis par la Loge et ont pu bénéficier de son mode de fonctionnement : un partage des bénéfices à 50-50, un accompagnement administratif, des heures d’accueil en résidences et de la communication. Ce système constitue souvent une étape décisive dans la professionnalisation des jeunes artistes.
Alice Vivier se veut rassurante quant à l’avenir à court terme de la Loge :
« Nos créanciers ne vont pas nous tomber dessus du jour au lendemain et nous pouvons encore assurer les charges et les salaires pour l’instant. »
Mais si la situation n’évolue pas, l’avenir est très incertain. Les deux directeurs du théâtre espèrent pouvoir débloquer de nouvelles aides de la Mairie de Paris ou se financer grâce au mécénat. Parallèlement, une campagne de don a été lancée sur la plateforme Helloasso pour soutenir le lieu.
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