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    10/09/2015

    « Liberté, égalité, dignité ! »

    Des réfugiés soudanais squattent devant la mairie du 18

    Par Alban Elkaïm

    Depuis vendredi, un groupe de réfugiés s'est installé devant la Mairie du 18e. Alors que la police tente d’empêcher le campement, les pouvoirs publics semblent débordés.

    Paris 18e – « Liberté, égalité, dignité ! ». La voix distordue sort du mégaphone brandi par un jeune migrant devant la mairie d’arrondissement. Depuis 5 jours, ils sont une centaine à être venus s’installer ici. La plupart sont soudanais. Ils demandent l’asile politique en France. Ils dorment à même le sol, alors que la température baisse de jour en jour. Les premiers sont arrivés vendredi, après l’évacuation du square Jessaint (Paris 18e). Il y a peu, certains étaient encore installés à La Chapelle.

    Ce mardi 8 septembre, un fourgon de police est garé devant eux. « Les agents nous disent que si on construit quoi que ce soit, ils nous virent. Ils ne veulent pas qu’on monte un camp », explique Hassan, jeune trentenaire soudanais au visage marqué de multiples cicatrices. Ses mains tremblent légèrement : « Il commence à faire froid. » Sous le regard indifférent ou réprobateur de la plupart des passants, certains font les cent pas. D’autres sont assis sur des tapis de cartons, emmitouflés dans des duvets et des couvertures de survie. Ils attendent.

    « Tous ces gens, ils n’ont nulle part où aller, résume Hassan. Quand on va faire notre demande d’asile, à la préfecture, on nous demande de revenir un mois plus tard.

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    Des réfugiés, des passants, et des flics devant la mairie du 18 / Crédits : Alban Elkaim

    Doudoune et café chaud

    « Prenez ». Un vieux bonhomme trapu tend une doudoune noire à trois migrants. « C’est un manteau pour filles, mais ça tient chaud », s’excuse-t-il. « Nous sommes de simples citoyens », précise Sarah Avélisjan-Ségealon en désignant la dizaine de personnes qui s’activent au milieu des réfugiés. « Nous ne faisons partie d’aucune association, et ne nous connaissons pas vraiment », poursuit cette danseuse de 45 ans. La mairie affirme cependant avoir reçu vendredi, une délégation du Collectif de soutiens aux migrants de La Chapelle. Elle était composée de réfugiés, mais aussi de militants.

    Le père Philippe, curé de la paroisse, aide tout ce petit monde à s’organiser. « En distribuant des cafés chauds et leurs laisser l’accès aux toilettes », reprend la danseuse.

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    Abdoul Karim se pêle devant la mairie du 18 / Crédits : Alban Elkaim

    « La population nous aide, mais le gouvernement n’est nulle part », s’impatiente Daoud, quadragénaire originaire du Soudan du Sud. Partout, les mots « logement, papiers, dignité » ont été tracés sur des banderoles, des cartons ou des feuilles scotchées aux portes. « Nous sommes en France, à Paris. Comment peuvent-ils nous laisser dehors ? », s’étrangle Ayoub, 25 ans, ébahi par la situation.

    La mairie est débordée

    De son côté, la municipalité assure qu’elle a peu de marge de manœuvre :

    « Nous sommes une mairie d’arrondissement, nous n’avons pas le pouvoir de leur dire de rester ou de partir, explique Aline Weber, directrice de la communication. Nous avons demandé à ce que toute évacuation se fasse à la condition que tout le monde soit hébergé. »

    Mais pas question de les accueillir dans la mairie. La seule issue est donc de trouver au plus vite des solutions de logement. « Et c’est un travail de fourmis », reprend la directrice de la communication.

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    Hassan (à gauche) et Daoud (à droite) demande un logement, et un peu de dignité /

    En attendant, la municipalité dit s’être organisée avec le curé de la paroisse pour distribuer des boissons chaudes et garantir un accès aux sanitaires. Des négociations seraient en cours pour ouvrir provisoirement une salle pour les migrants.

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