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    21/10/2015

    La méditation lui permet de « contrôler les voix »

    Kai, le yogi de la place Stravinsky

    Par Antoine Tombini

    Eté comme hiver, Kai pratique le yoga de trois à six heures par jour. Ancien mannequin puis styliste, il a tout quitté pour faire le lotus sur la dalle du centre Pompidou.

    Le mec

    Kai Martin alias « Zondag » fait le grand écart, puis la position du lotus sur la dalle du Centre Pompidou. Il se met à crier, pour enfin faire le poirier devant les yeux ébahis des touristes de passage. Amusés ou impressionnés, certains lâchent une petite pièce à l’homme au turban et aux foulards bariolés. Depuis 3 ans, Kai n’a pas bougé, et vit dans la rue à Beaubourg, pratiquant chaque jour son yoga à côté des fontaines :

    « L’expérience du yoga est la plus belle chose qui me soit arrivée, avant je ne trouvais rien de comparable. Je voyage à l’intérieur, par l’esprit, un peu comme un astronaute voyagerait dans l’espace. »

    Le yoga lui permet aussi de « contrôler les voix » :

    « Il y a quatre ans, à Berlin, alors que je méditais, j’ai commencé à entendre des voix dans ma tête. Ça disait “On a capturé le magicien…”, c’était horrible. J’ai commencé à devenir parano, à vouloir sauter par la fenêtre! Maintenant avec la méditation, je suis beaucoup plus maître de mon esprit, je contrôle ces voix. »

    La spécialité

    Avec plus de 10.000 heures de pratique à son actif, Kai maitrise différentes formes de yoga comme l’Heradja (le mental), l’Hatha (le physique) ou l’Ashta (en 8 étapes). Aspirant à devenir maître yogi, il compte d’ici peu se mettre au Prana yoga, qui permettrait d’accéder à un niveau de conscience ultime, et à la totale maîtrise des énergies du corps et de son environnement.

    « C’est un entraînement intense et très difficile. Je vais devoir faire 16 heures de méditation et respiration par jour, pendant quatre ans. »

    Le spot

    Quand il est venu s’installer près des fontaines de Niki de Saint Phalle, Kai a directement ressenti les « bonnes ondes » émanant de l’endroit. Installé dans une tente à l’abri derrière le Centre Pompidou, il affirme qu’il n’aurait pu trouver meilleur spot :

    « Il y a de l’espace, des couleurs. La fresque de Dali, c’est plat, et pour le bruit, quand je médite, je n’entends plus rien. »

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    Kai défie la gravité. / Crédits : Antoine Tombini

    La story

    Kai vient de Moers, petite ville allemande à deux pas de la frontière belge. Il débarque à Paris en 1992 pour faire des études de mode. Il restera finalement 11 ans dans le milieu, passant de stagiaire chez Hermès à mannequin pour de grands défilés. « Ensuite je suis passé du côté créatif, styliste puis photographe. »

    C’est lors d’un apéro entre potes, arrosé d’alcool et de grands pétards, qu’il a la révélation :

    « Il y a eu une sorte de grand flash blanc, un moment d’absence, et puis j’ai compris: Il fallait que je quitte cette société pour faire du yoga. »

    Le changement est radical : Kai quitte le monde de la mode pour vivre dans la rue. Sans maître pour lui transmettre les clés de la discipline, il apprend quelques postures sur des posters d’écoles de yoga affichés dans la rue, et des enchaînements par des yogis de passage sur la place.

    Un jour, il se fait inviter au festival international de Yoga par des bouddhistes rencontrés au Bois de Vincennes. Il débarque à l’entrée sans argent et en maillot de bain. Ne voulant pas déranger, il commence à faire son yoga dans une salle de réunion, et rencontre par hasard Maurice Daubart, figure emblématique du yoga occidental, qui l’initiera au « Toumo Tibétain ». Le Yoga du froid.

    « Maintenant, je peux faire du yoga tout le temps ! Le Toumo me permet d’entrer en transe, et de ne plus ressentir la sensation de froid. À la fin de chaque session en hiver, je plonge même dans la fontaine. »

    La thune

    Malgré les nombreux touristes de passage, il ne récolte qu’une dizaine d’euros par jour environ. « Juste de quoi manger. » Les gens du quartier lui filent parfois des fringues et des couvertures. Mais Kai n’est pas intéressé par l’argent :

    « Avec mon expérience, je pourrais donner des cours et me faire 1000 balles par jour si je voulais. Mais ce n’est pas mon but. Et je n’ai pas envie de donner des cours à des personnes considérant le yoga comme un loisir ou un hobby. »

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