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    22/06/2018

    Défricheurs de talents

    Le théâtre La Loge ferme pour mieux réouvrir ailleurs

    Par Clara Martot

    Le théâtre parisien, La Loge qui a vu débuter de nombreux artistes comme Christine and the Queens ou Nora Hamzawi ferme. Ses deux propriétaires rêvent d’un autre lieu plus grand mais toujours sans prétention.

    À l’ouverture de la Loge en 2009, Alice Vivier et Lucas Bonnifait devaient appeler leurs potes pour remplir la salle. Fauve et Christine and the Queens n’étaient pas connus, et personne ne venait voir Nora Hamzawi. « Son spectacle ne marchait pas du tout ! » se souvient Lucas Bonnifait, co-fondateur du théâtre avec Alice Vivier, et désormais ami de ces artistes qui ont commencé ici.

    Des carrières propulsées après un passage à la Loge, Lucas Bonnifait peut en citer à la pelle. En dix ans, la réputation du lieu n’a cessé d’attirer de nouvelles compagnies. Jusqu’à ce que la salle ne devienne trop petite pour les ambitions des deux directeurs : elle fermera définitivement ses portes en juillet. Mais renaîtra dans un autre lieu, encore indéterminé, « plus grand et toujours aussi libre. »

    « On avait 25 ans, zéro formation »

    En 2009, le couple qui forme « une seule et même tête » selon les mots de Lucas Bonnifait, investit un local situé au fond d’une charmante cour de la rue de Charonne. Derrière le petit bar cosy et jaune qui sert aussi d’accueil et accessoirement de salle de concert, la salle de théâtre abrite 80 places :

    « On avait 25 ans, zéro formation, on ne savait rien sur la gestion d’un lieu. On a fait plein de conneries ! »

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    Alice & Lucas. / Crédits : DR.

    Les deux directeurs ont une idée fixe : « Ne pas louer la salle aux artistes, mais les accueillir en résidence. Co-réaliser toute la programmation et partager les recettes à parts égales. » Résultat : un climat de confiance quasi-absolu entre gérants et artistes. Ainsi « durant Summer of Loge, notre festival d’été, on donne carte blanche aux compagnies qui ont joué chez nous durant la saison. Le résultat est souvent très surprenant », assure Lucas Bonnifait.

    Mais ce modèle ne s’avère pas toujours rentable. Si bien qu’en 2015, les fondateurs lancent une campagne de financement participatif pour combler un déficit de 40.000 euros. Des temps durs relatés à l’époque par StreetPress, mais Lucas Bonnifait rassure :

    « Tout s’est arrangé après. Notre activité n’a fait que croître. »

    Siestes acoustiques

    Une notoriété portée par des concepts phares, comme les siestes acoustiques, dont la Loge revendique l’invention :

    « C’est Bastien Lallemant qui a créé les siestes, ici. Il convoque des musiques, des récits. Le succès a été immédiat. »

    Bastien Lallemant est d’ailleurs au programme du Summer of Loge, comme l’humoriste Nora Hamzawi ou les chanteurs Albin de la Simone et Cléa Vincent. Mais aussi un « spectacle au coin du feu » créé par la metteure en scène Nicole Genovese qui fait bien marrer Lucas :

    « Elle m’a expliqué mais j’ai pas tout compris. Mais c’est pas grave, c’est même super ! »

    Après le festival qui se déroule du 16 juin au 7 juillet, la scène de la Loge tirera définitivement le rideau. Pour la suite, Alice Vivier et Lucas Bonnifait espèrent recevoir leur public dans un nouvel espace « sans marbre ou grand rideau qui ferait fuir un public peu habitué au théâtre. Et entourés d’acteurs extérieurs au milieu artistique, capables de créer du lien social avec la vie du quartier. »

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