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    16/02/2011

    Après la mort de Lucas Dolega, les photo-reporters regrettent leur liberté des années 70

    Plus dur de bosser pendant la « Révolution de Jasmin » qu'au Vietman ?

    Par Olivia Vigno

    3 semaines après le meurtre du photographe Lucas Dolega en Tunisie une conférence était organisée au CAPE avec d'anciens reporters présents au Vietnam. Beaucoup pointent du doigt des conditions de travail de plus en plus difficiles.

    Coïncidence: Trois semaines seulement après la mort en Tunisie du photographe Lucas Dolega , 32 ans, le gratin de la photo-journalisme était réuni au CAPE France . En marge de l’exposition dédiée à l’un des grands photographe de la Guerre du Vietnam, Henri Huet (Maison Européenne de la photographie, Paris III) les baroudeurs ont disserté sur les risques du métier en zones de conflit. « Oui, ce métier est dangereux. Oui, on sait ce qu’on risque », a martelé le photographe Olivier Laban-Mattei qui était aux côtés de Lucas lorsque la police lui a tiré dessus à coups de grenades: «  Les policiers me tirent dessus alors que je suis de dos. On était 3 ou 4 à prendre des photos, clairement identifié comme photographes ».

    Des conditions de travail plus difficiles qu’au Vietnam ?

    Autour de la table, présidée par Nick Ut , Prix Pulitzer en 1973 pour sa célèbre photo de Khim Phuc, jeune vietnamienne nue fuyant un bombardement au Napalm, une question fait débat. Les difficultés que rencontrent les photo—journalistes pour pénétrer dans les pays en guerre ou sur les zones de conflits sont-elles les mêmes aujourd’hui qu’à l’époque de la guerre du Vietnam ?

    Pour les plus anciens, comme Richard Pyle, chef du bureau d’Associated Press pendant la guerre du Vietnam, à l’époque où il travaillait, les photographes « étaient libres d’aller sur les champs de batailles malgré ce qu’ils pouvaient écrire ». Un avis partagé par Christian Simonpiétri, photographe : « En hélicoptère, on pouvait aller où on voulait. Les américains nous ouvraient toutes les portes. (…) ça n’arrivera plus jamais », n’hésite-t-il pas à affirmer.

    Deux chaises plus loin, le photographe Laurent Rebours a un avis tout à fait différent : « Tout est possible dans la vie. Il y a toujours un accès possible. Il faut toujours contourner les interdits ». Ses voisins semblent tout de même rester dubitatifs.

    « En Tunisie on ne savait pas que Ben Ali préparait son départ »

    Arriver à atteindre la zone de conflit est une chose, ne pas y laisser sa peau en est une autre. Richard Pyle explique que « L’accès aux champs de bataille (…) fait prendre aux photographes et aux reporters bien plus de risques ». Olivier Laban-Mattei confirme. Pour lui, être au cœur du conflit peut-être un handicap majeur car « on a pas toutes les données ». En Tunisie, par exemple «  on ne savait pas que Ben Ali préparait son départ », regrette t-il. Christian Simonpiétri, tient à préciser une chose. Quand il évoque ces confrères décédés dans l’exercice de leur fonction, il « n’aime pas qu’on dise qu’il est mort au Vietnam. Non, il a été tué au Vietnam ».

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