Tu commences très tôt à jouer dans l’orchestre de ton père, Egypt 80. Peux-tu me parler de cette époque. Tu étais très jeune, comment as-tu vécu cela ?
J’ai commencé à jouer dans le groupe à l’âge de 8 ans. Je faisais la première partie. Pour moi, c’était drôle, j’étais dans un club, avec toutes ces lumières, à faire des trucs d’adulte. Ces souvenirs valent tout l’or du monde. C’était un grand privilège de jouer avec un groupe aussi bon alors que j’étais si jeune ! Encore aujourd’hui, je continue à vivre avec tous ces souvenirs. Donc je n’ai pas de regrets, c’était ma décision ! J’adorais ce que je voyais sur scène. Je voulais jouer comme eux dans un groupe, je le leur ai dit. Et ils m’ont dit ok, bienvenue dans le groupe. (Il éclate de rire)
Quel est ton meilleur souvenir avec ton père, Fela Kuti, sur scène ? As-tu une anecdote à raconter ?
Je crois que l’un de mes meilleurs souvenirs que j’ai eu de mon père, c’était le jour où sur scène j’ai joué « Authority still in line » et alors mon père m’a rejoint sur scène à la fin du morceau, il était impressionné. Et puis, il m’a dit : « tu pourras faire ce que tu veux en Europe ». Car en Afrique, quand tu aimes un groupe, tu ne te contentes pas que de hurler. Tu montes sur scène et tu sors de l’argent. Au moins 200 euros. (Il imite la foule :) « Donnes le lui, ouais ! » Et alors du coup, tu fais ça.
La scène compte toujours beaucoup pour toi aujourd’hui ?
La musique est une question de sentiments. Jouer en live est ce qu’il y a de plus puissant.
Pour parler de ta musique actuelle, peut-on dire que c’est de l’ « afrobeat contemporain » ? Quels sont les principaux changements par rapport à l’afrobeat traditionnel de Fela Kuti ou de Tony Allen ?
Non, c’est du traditionnel afrobeat africain. Beaucoup de gens m’en parlent, mais je ne vois vraiment pas le lien avec de l’afrobeat contemporain. C’est mon afrobeat, ma propre manière de voir les choses, car l’afrobeat est une musique intemporelle.
Tu te considères quand même comme la deuxième génération d’afrobeat ?
Oui, bien sur, je fais partie d’une nouvelle génération et en ce sens, je fais du contemporain. Mais les grands musiciens sont intemporels comme les compositeurs de musique classique. (Il chante un air connu de Beethoven) Pour toujours, c’est de la bonne musique. N’importe quel musicien qui joue de l’afrobeat vous dira la même chose. L’afrobeat, quelque soit le lieu où tu te trouves, quelque soit le mois ou l’année, c’est une musique formidable.
Y a-t’il des différences sur ton nouvel album par rapport au premier (Many things) ?
Pour moi, ce n’est pas une différence, juste une évolution. Je prends quelque chose qui existe déjà et j’apporte quelque chose de nouveau, de frais. Donc il y a forcément des choses nouvelles sur cet album, que je n’avais pas fait sur le précédent.
Comme le mix de cet album qui est réalisé par Brian Eno & John Reynolds. Qu’ont-ils apportés à l’album ?
Je les ai rencontrés à Brighton, en Australie. Je suis content d’avoir été invité aux côtés de Brian Eno. Il connaissait déjà ma musique, cela m’a beaucoup surpris et m’a fait plaisir. C’est Brian Eno qui m’a invité à faire de la musique sur le thème « love, not money ». Donc ils m’ont apportés des idées fraîches, pour construire l’afrobeat du XXI ème siècle.
div(border). h4>Mini- bioSeun apprend le saxophone et le piano à l’âge de 8 ans et commence à jouer dans l’orchestre de son père, Egypt 80. Il prend la relève de son père après son décès en 1997 et dirige actuellement cet orchestre comme chanteur et saxophoniste.
(© Michela Cuccagna)
Jouer en live est ce qu’il y a de plus puissant.
Peux-tu me parler des sujets que tu dénonces dans le morceau « Rise »?
Rise parle de révolution. Lorsque les gens réalisent qui sont leurs ennemis, ils leurs font face pour assurer l’avenir de leurs enfants. On est dans des sociétés où la vie est difficile, et ils (les parents) font ça pour que leurs enfants aient un travail. Ils s’attendent à ce que leurs enfants puissent s’intégrer plus facilement qu’eux. Mais en Afrique, tu dois faire du mieux que tu peux. Et à côté, chaque année, il y a des compagnies multinationales qui se font des millions et des milliards de bénéfices. La personne normale qui travaille dur pendant toute l’année, ne se retrouve qu’avec 20 dollars à la fin de l’année. C’est une honte ! Cette chanson « Rise » est pour ces personnes, pour tout le peuple.
Donc avec ta musique, c’est important de faire danser les gens sur des paroles engagées ?
Oui, je fais de la musique pour distraire les gens mais j’essaye aussi d’éduquer les esprits. La batterie a un rôle très important. Pendant un concert, je n’aime pas rester assis à écouter la musique, comme avec la musique classique. La danse, c’est la musique du cœur.
Tu t’intéresses à la politique africaine, comme aux élections actuelles au Nigeria ? (son pays d’origine)
Oui, je suis les élections, mais je ne suis inscrit à aucun parti. Aujourd’hui, les élections sont limitées par un petit groupe de personnes qui s’est accaparé le pouvoir. Donc les élections de mon pays étaient supposées avoir lieu la semaine dernière mais ont été repoussées à cette semaine. Je ne pense pas que les gens iront beaucoup voter car ils se font voler leurs votes, cela n’a vraiment pas d’importance pour qui ils votent. Les résultats sont manipulés et changés.
Et ton opinion sur la musique de Femi Kuti ? (son frère, le fils ainé de Fela, aussi musicien)
Oui, j’aime bien. Nous allons peut-être collaborer ensemble cet été. Le plus important pour nous sera de faire passer un message avec notre musique.
(© Michela Cuccagna)
Cet article est à prix libre. Pour continuer la lecture, vous pouvez faire un don.
StreetPress lance la plus grande enquête participative sur l'extrême droite en France. Notre média indépendant repose sur votre soutien, sans vos dons, nous mourrons. En savoir plus →

Nous nous apprêtons à lancer la première plateforme d’enquête participative dédiée à l’extrême droite en France. Ce portail simple et sécurisé, permettra de collecter un maximum d’informations. Chaque citoyen pourra signaler la présence et les actions des groupuscules ou militants d’extrême droite.
Jamais un média français n’a mis autant de moyens dans un projet d’enquête dédié à l’extrême droite. Nous travaillons au développement d’une plateforme sécurisée et nos journalistes vont pendant plus d’un an explorer la matière collectée. Nos spécialistes vont multiplier les enquêtes sur les violences de l’extrême droite, mais aussi ses sources de financement et ses appuis politiques. Nous proposons aussi de réaliser une cartographie interactive documentant de manière exhaustive les près de 150 groupuscules présents sur le territoire. Et enfin, nous réaliserons un manuel de riposte gratuit, proposant des pistes pour les combattre sur le terrain.
Ce projet très ambitieux va coûter à StreetPress plus de 100.000 euros. Et comme nous ne pouvons pas compter sur l’argent de Bolloré, on a besoin de vous.
Je soutiens StreetPress
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER