Alors que Bert n’arrive pas à décider s’il veut un Coca ou pas, Renaud est affalé sur le canapé de la «bibliothèque» de cet hôtel 4 étoiles du 8e arrondissement, où Bixente Lizarazu se balade comme s’il était chez lui.
Alors les boys, ça cartonne ces temps-ci, il paraît que vous retournez bientôt à Taratata. Heureux, non ?
Bert: Heuuu …
C’est quoi le problème ? Il est pas sympa Nagui ?
Renaud: La dernière fois on était obligé de chanter en français, c’est pas top. Mais on adore Nagui. Il va vraiment au fond des choses avec ses invités. On sent qu’il aime la musique, c’est pas comme dans son autre émission à midi. Encore que, j’adorais « N’oubliez pas votre brosse à dent », c’était décadent de distribuer de l’argent comme ça.
Ok … Sinon comment ça s’est passé avec le public français en général ?
Renaud: Bien mais on doit encore beaucoup jouer en France. On ne sait pas comment ça va marcher. Le public français est curieux et il a faim. Mais on ne peut pas encore dire que ce soit la phouwawawawa.
Envoi – Absynthe Minded
Le site officiel et le MySpace
Parce qu’en Belgique, vous êtes déjà des superstars, non ?
Renaud: Des superstars!
Bert: On joue pour 15.000 personnes ce week-end. Et notre tour était entièrement sold-out. Ca faisait presque 2 ans qu’on avait pas joué en Belgique. Maintenant on joue dans les plus belles salles. On a fait l’Ancienne Belgique qui était pleine jusqu’au plafond.
Renaud: Ça tourne bien à la radio en Belgique. « Envoi » est considéré comme le meilleur single de 2009. et « My heroics Part one » est considérée comme la meilleure chanson de la décennie par Studio Brussels, la radio la plus importante de Belgique.
En parlant de la Belgique, on dit souvent que c’est la plaque tournante du rock en Europe…
Bert: Je pense que c’est très gentil de dire ça.
Renaud: C’est vrai que c’est gentil mais d’une certaine manière c’est aussi vrai ! Il y a de très bons groupes en Belgique.
Bert: Ça a quelque chose à voir avec le fait que nous, les Belges, ne sommes pas chauvins. A Bruxelles, tu entends dix langues en une journée. On est influencé par nos voisins.
En plus de vos voisins, vous êtes influencé par le jazz. Bert, il paraît que tu n’y connaissais rien quand tu as connu les autres membres du groupe ?
Bert : Je connaissais un peu le jazz. Quand j’avais 16 ans, j’écoutais beaucoup de blues et j’avais un oncle qui disait « quand tu commence à écouter le blues, tu vas finir vers le jazz ». Donc je savais que ça existait. C’est à ce moment là que j’ai connu beaucoup de musiques qui m’ont changé : Mingus, Miles David, Django Reinhardt. Et à l’époque, une partie du groupe ne faisait que du jazz.
Sur Nagui: “J’adorais N’oubliez pas votre brosse à dent, c’était décadent”
Pour cet album, vous avez travaillé avec Jean Lamoot, le producteur de Noir Désir, Alain Bashung, Etienne Daho… C’était comment?
Bert: C’était super. Il sait comment travailler avec un groupe qui comme nous fait ses propres arrangements. C’est un homme qui ne parle pas trop et qui est passionné par la musique. C’est devenu un ami.
Renaud: Il a une ouverture musicale énorme. On a besoin de gens comme ça avec Absynthe Minded parce que notre style est très divers. Moi, par exemple, j’ai fait du violon un peu tsigane, klezmer … un peu balkan. Il faut un manitou qui tire une surprise de son sac et qui fait quelque chose de « magic ».
Et puis vous avez signé chez AZ, vous êtes carrément dans la cour des grands…
Bert: On a sorti un album en France il y a 2 ans et demi: Introducing Absynthe Minded. C’est une compil’ de nos trois précédents albums. On l’a enregistré ici, à Paris. Par le bouche à oreille, je pense, c’est arrivé jusqu’à Valéry Zeytoun. Et un jour notre manager nous a dit « on est en train de parler avec AZ, c’est un super label, c’est Universal. » Et voilà, maintenant on est ici, on a signé, et on espère beaucoup de choses.
Sur la pochette, Bert, tu es l’homme au Rubik’s cube. Tu nous expliques ?
Bert: C’est pour te faire réfléchir. (rires) Un chanteur irlandais très connu en Flandres a dit qu’il trouvait qu’un album était comme un rubik’s cube.
Renaud: Un mélange, un mix qu’il faut d’abord chercher, et puis quand c’est assemblé c’est bien fini.
Bert: Bien cuit!
Bien cuit?
Renaud: Oui! Bien fini, bien cuit!
Photos: Michela Cuccagna pour StreetPress
Source et Crédits Photo: Noémie Toledano et Michela Cuccagna /“StreetPress”:http://www.streetpress.com