Depuis sa construction (commencée en 2002) lors de la deuxième Intifada , le mur de séparation est pour les Palestiniens un terrain d’expression, bien souvent politique : sur les murs, figures de l’OLP, drapeaux palestiniens et colombes symboles de paix se côtoient.
Sur la partie du mur qui sépare Bethléem d’Israël, graffeurs palestiniens et étrangers viennent lutter contre la résignation en imprimant les marques d’espoir des habitants – c’est en tout cas ainsi qu’ils le vivent. Et l’espoir fait vivre, y compris au sens propre : certains ont ainsi monté leur petit business autour du mur.
Récoltes Les champs d’oliviers qui faisaient autrefois la richesse de Bethléem sont désormais derrière le mur, côté israélien. Le camp d’Aïda, au premier plan, où vivent plus de 5.000 personnes, est l’un des rares a être traversé de part en part par la barrière de séparation, qui mesure 7 mètres de haut et s’étire sur plus de 700 km.
Le camp est régulièrement l’objet d’incursions de l’armée israélienne, la dernière datant d’avril 2013. Au fond à gauche, on aperçoit la colline de Jérusalem.
Lance-pierre La deuxième Intifada a marqué la conscience des plus jeunes, et le mur en est la mémoire vivante. Beaucoup d’artistes s’inspirent de ces événements. Ici, un jeune Palestinien est emmené par des soldats, tandis que ses camarades tâtent du lance-pierre.
Comme au Louvre Juste après le camp de réfugiés d’Aïda, se trouve le célèbre graff rappelant le tableau de Delacroix, « La liberté guidant le peuple ». Les graffeurs palestiniens avaient remplacé le drapeau bleu-blanc-rouge par le drapeau de la Palestine.
Quelques mois après, les soldats israéliens ont repassé le bas de la fresque à la peinture grise. Exit la Marianne et le Gavroche, mais le drapeau palestinien est toujours là, qui semble flotter de lui-même.
Houmous Les symboles de paix sont les graffs les plus courants sur les quelques kilomètres de murs qui traversent Bethléem. L’inscription « Make hummus, not walls », rappelle non seulement l’aspiration à la paix des Palestiniens, mais aussi que le fameux plat est le met le plus consommé de la région – au point que le Liban et Israël s’affrontent régulièrement sur la paternité de la purée de pois chiche .
Hijacking Le mur est parsemé des grandes figures de la « résistance palestinienne ». Ici, Leïla Khaled, une militante du FPLP (Front Populaire de Libération de la Palestine), et membre du conseil national Palestinien, devenue en 1969 la première femme à avoir détourné un avion de ligne.
Illégal Mahmoud a grandi à Bethléem. Malgré les incursions des soldats israéliens qui tentent régulièrement d’effacer les graffs, celui-ci continue à poser sur les murs.
« Il ne leur suffisait plus d’avoir pris notre terre, il fallait aussi qu’ils nous cachent aux yeux du monde, qu’ils nous plongent dans l’oubli. C’est un mur illégal. Vous voulez me jeter de mon pays? Je préfère mourir, je suis Palestinien, je mourrais ici, sur ma terre. »
Falafels Mahmoud et son ami Farid ont ouvert un petit restaurant de falafels à quelques mètres du mur. C’est grâce au tourisme du street-art que le business fonctionne. On peut y croiser des photographes et des artistes venant parfois de très loin pour contempler le mur.
Les graff de l’anglais Banksy attirent une foule de curieux, et font de Bethléem, avec l’église de la Nativité, une des villes les plus touristiques de Palestine.
Garage La maison d’Anastas, juste à coté du camp d’Aïda, est presque entièrement enclavée par le mur. A l’arrière, la terrasse offrant autrefois une vue imprenable sur les champs d’oliviers, ne donne plus aujourd’hui que sur les 7m de béton s’élevant vers le ciel.
« Ma famille et moi avions un garage automobile ici, et bien sûr nous avons fait faillite, plus personne ne pouvant accéder ici, raconte-t-elle. Nous essayons de survivre en tirant profit des touristes qui viennent voir le mur… » raconte celle qui tient désormais une boutique d’artisanat local.
Posters Mahmoud prend la pose devant le Banksy Restaurant, où l’on peut également acheter pour quelques dollars un souvenir du mur : des posters reproduisant les graffs que Banksy principalement, mais aussi de l’artisanat local. Là encore, il faut bien vivre…
Cet article est à prix libre. Pour continuer la lecture, vous pouvez faire un don.
StreetPress lance la plus grande enquête participative sur l'extrême droite en France. Notre média indépendant repose sur votre soutien, sans vos dons, nous mourrons. En savoir plus →

Nous nous apprêtons à lancer la première plateforme d’enquête participative dédiée à l’extrême droite en France. Ce portail simple et sécurisé, permettra de collecter un maximum d’informations. Chaque citoyen pourra signaler la présence et les actions des groupuscules ou militants d’extrême droite.
Jamais un média français n’a mis autant de moyens dans un projet d’enquête dédié à l’extrême droite. Nous travaillons au développement d’une plateforme sécurisée et nos journalistes vont pendant plus d’un an explorer la matière collectée. Nos spécialistes vont multiplier les enquêtes sur les violences de l’extrême droite, mais aussi ses sources de financement et ses appuis politiques. Nous proposons aussi de réaliser une cartographie interactive documentant de manière exhaustive les près de 150 groupuscules présents sur le territoire. Et enfin, nous réaliserons un manuel de riposte gratuit, proposant des pistes pour les combattre sur le terrain.
Ce projet très ambitieux va coûter à StreetPress plus de 100.000 euros. Et comme nous ne pouvons pas compter sur l’argent de Bolloré, on a besoin de vous.
Je soutiens StreetPress
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER