Article en partenariat avec Groupe SOS
Ris-Orangis (91) – À les voir faire du théâtre joyeusement, il est difficile d’imaginer que ces personnes ont vécu les affres de l’exil. Pitschu a dormi dans la rue à Paris. Dicky n’a pas supporté de se séparer de sa famille restée en République démocratique du Congo. Hermine Clarisse a souffert de se retrouver toute seule en France. Fiona, elle, a été victime d’agression sexuelle.
Toutes ces personnes viennent régulièrement aux ateliers de dramathérapie organisés par le Centre d’accompagnement psychosocial pour les personnes exilées (Capse) de Ris-Orangis dans le département de l’Essonne en région parisienne, géré depuis 2021 par Groupe SOS.
« La dramathérapie, c’est une technique qui permet de libérer l’esprit, d’exprimer les émotions, de se sentir bien par le jeu », explique Marianna Kazmierczak, qui anime ces ateliers depuis environ deux ans par l’intermédiaire de l’association le Chêne et l’hibiscus. Elle est dramathérapeute, un métier à cheval entre la psychologie, le théâtre et le jeu, né aux États-Unis et en Angleterre dans la deuxième moitié du XXe siècle, qui se développe en France depuis deux décennies, classé dans la grande famille des art-thérapies (avec la musique, la danse, la peinture par exemple). Marianna précise :
« On est ici pour accompagner des personnes qui sont exilées, qui sont en souffrance psychique, et souvent aussi sociale pour les aider à aller mieux. »
Ces patients en souffrance psychique sont redirigés par des psychologues et des travailleuses sociales du Capse, sur la base du volontariat. Au début, beaucoup de personnes réfugiées ont hésité à y participer, ne voyant pas nécessairement les bienfaits de ces séances. « Je suis déjà folle, c’est ça ? », a d’abord pensé Hermine Clarisse. La Camerounaise a finalement été totalement convaincue. « Quand je suis arrivée ici, j’étais seule et triste. Et je n’avais personne à qui parler. C’est grâce à ici que mon stress a disparu, témoigne-t-elle. Le moment où tu es ici en train de faire du théâtre, ça te fait oublier ».
« Au début, quand on commence le travail de dramathérapie avec des personnes réfugiées, on travaille sur des choses très simples : juste de lâcher prise, l’envie de rigoler, l’envie de vivre, le fait de pouvoir dormir la nuit. C’est la base de ce travail que j’ai avec toutes les personnes réfugiées », précise la dramathérapeute. Avec le temps, les exilés s’ouvrent à Marianna. « Ça m’a aidée à m’ouvrir aux autres, à pouvoir échanger », raconte Fiona, pour qui être dans une même pièce que des hommes l’angoissait terriblement au tout début. Elle n’arrivait pas à parler. Dicky avoue, lui, qu’il a eu « trop de de pensées négatives ». « Maintenant, je me sens à l’aise », dit-il, fier du chemin parcouru. La bande, elle, est devenue une deuxième famille pour lui et les autres :
« Quand tu rates une séance, c’est comme si on ne s’était pas vu pendant un an ! Donc tu fais tout pour venir ! »
Cet article a été réalisé en collaboration avec Groupe SOS. Plus d’infos sur les articles sponsorisés ici.
Vidéo réalisée par Aziz Oguz, Swann El Mokkeddem, et Thibault Lauras.
Pré-enquête de Lisa Noyal.
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