« Je suis à 100% avec mes confrères mais je ne suis pas engagée au point d’aller manifester. De toute façon, que j’y aille ou pas, cela ne changera pas grand-chose », explique une avocate spécialisée en droit de la famille dans les couloirs du Tribunal de Grande Instance de Paris. Si à la veille de leur journée de manifestation de mercredi la tension monte chez les magistrats, certains avocats sont plus nuancés. En effet, s’ils sont nombreux à se dire prêts à soutenir leurs confrères, plus rares sont ceux qui envisagent d’aller grossir les rangs de manifestants aujourd’hui. « J’ai des audiences prévues jeudi, j’espère qu’elles seront maintenues », confie l’avocate.
Un mouvement « semblable à une traînée de poudre »
Pour autant, la manifestation semble être placée sous de bons auspices. L’assemblée générale (AG) qui s’est tenue mardi 8 février au TGI de Paris a remporté un franc succès. Pas moins de 80 magistrats du parquet et plus de 200 du siège étaient présents. « Le mouvement de grève est semblable à une traînée de poudre », se félicite l’un d’eux. Et un avocat d’ajouter au sortir d’un vestiaire que « certaines audiences en correctionnelle ont même été stoppées à 11h pour que les juges puissent s’y rendre ».
A moins d’une nouvelle « décapitation » les magistrats feront la grève
A Bobigny, M. Rosenczveig, vice-président du TGI, détaille que par souci « d’anticipation », ils ont « commencé à renvoyer certaines affaires tant civiles que pénales, sauf cas graves, dès lundi ». Au risque d’accumuler des dossiers en retard et de laisser de dangereux fraudeurs récidivistes dans la nature ?
Assis à son bureau, loin de l’agitation et à l’écart des échafaudages qui encombrent le hall en travaux du tribunal, il assure que le « service minimum » sera assuré. Une avocate de permanence prétexte à sa décharge qu’elle ne fait qu‘ « appliquer la juste exigence de ses droits » tandis qu’un de ses collègues soutient qu‘« il est essentiel de réagir aux propos du chef de l’État et ne pas rester sans rien faire ». De toute façon, M. Rosenczveig garantit pince-sans-rire qu’en cas de « nouvelle décapitation », une audience sera effectivement assurée.
Au TGI de Bobigny ils ont « commencé à renvoyer certaines affaires dès lundi »
Sarkozy accusé de faire des magistrats des boucs-émissaires dans la perspective de 2012
Dans leur grande majorité, ils jugent « inacceptables » les propos tenus à leur égard par Nicolas Sarkozy après l’affaire Laetitia. Vindicatif à l’égard du gouvernement, M. Rosenczveig regrette que « ceux qui nous gouvernent actuellement, ont un réel mépris pour le service public ». Selon lui, Nicolas Sarkozy aurait volontairement provoqué les magistrats pour les inciter à manifester: « En pleine période de pré-campagne électorale, le Président joue sur toutes les sensibilités et croit qu’ainsi il va gagner des voies ». Quant aux propos de François Fillon qui a jugé « excessive » la réaction des juges, un magistrat du TGI de Paris estime que « c’est plutôt celle du chef de l’État qui l’est ».
Magistrat et avocats attendent du Président qu’il leur donne les moyens de travailler correctement. « Le manque de personnel » et « la surcharge de travail » sont dans toutes les bouches. Un avocat insiste sur le fait qu‘« il ne sert à rien de voter des lois à chaque évènement si on peut pas les faire appliquer ensuite ». Et un autre d’ajouter que « les juges font de leur mieux avec les moyens du bord et parfois ça dérape ».
A Paris on veut croire que « le mouvement de grève est semblable à une traînée de poudre »
Cet article est à prix libre. Pour continuer la lecture, vous pouvez faire un don.
StreetPress lance la plus grande enquête participative sur l'extrême droite en France. Notre média indépendant repose sur votre soutien, sans vos dons, nous mourrons. En savoir plus →

Nous nous apprêtons à lancer la première plateforme d’enquête participative dédiée à l’extrême droite en France. Ce portail simple et sécurisé, permettra de collecter un maximum d’informations. Chaque citoyen pourra signaler la présence et les actions des groupuscules ou militants d’extrême droite.
Jamais un média français n’a mis autant de moyens dans un projet d’enquête dédié à l’extrême droite. Nous travaillons au développement d’une plateforme sécurisée et nos journalistes vont pendant plus d’un an explorer la matière collectée. Nos spécialistes vont multiplier les enquêtes sur les violences de l’extrême droite, mais aussi ses sources de financement et ses appuis politiques. Nous proposons aussi de réaliser une cartographie interactive documentant de manière exhaustive les près de 150 groupuscules présents sur le territoire. Et enfin, nous réaliserons un manuel de riposte gratuit, proposant des pistes pour les combattre sur le terrain.
Ce projet très ambitieux va coûter à StreetPress plus de 100.000 euros. Et comme nous ne pouvons pas compter sur l’argent de Bolloré, on a besoin de vous.
Je soutiens StreetPress
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER