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    30/03/2010

    Le rappeur « de gauche » avait réuni 30.000 euros pour se produire, aujourd’hui envolés

    Rescapé du label participatif Spidart, Kaëm rappe envers et contre la droite

    Par Noémie Toledano

    Kaëm, ex-artiste du label communautaire Spidart, nous raconte comment la plateforme lui a malgré tout servi de tremplin. Kaëm écrit aujourd'hui pour Abd al Malik ou Kery James. Mais le rappeur sèche à notre quiz spécial Première Internationale.

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    Son bonnet vissé sur la tête, les yeux qui pétillent, un petit air de Bernard Campan, Kaëm, Damien dans la vraie vie, est un rappeur de gauche. « Tellement à gauche d’ailleurs, qu’il va sortir du cadre »: C’est ce qu’il écrit sur son profil Facebook. On retrouve l’auteur-compositeur-interprète pas bling-bling pour un sou dans un café du 15ème arrondissement pour une heure de conversation sur la vie, la musique, l’argent et la littérature.

    L’argent des fans-producteurs envolé

    Kaëm est l’un des 500 artistes victimes de la faillite de Spidart, un label musical communautaire. En quelques semaines, il est passé du rêve au cauchemar. Spidart vient le chercher à l’issu d’un tremplin scénique, lui fait signer un contrat d’exclusivité. En un mois et 10 jours sur le site, sa jauge atteint 30.000 € sur les 50.000 € nécessaires pour produire un album. “On parlait d’entrer en studio” se rappelle Kaëm. Et soudain c’est le drame, les investissements sur le site sont bloqués. Le label est en redressement judiciaire, puis en liquidation. Envolé l’argent que des fans-producteurs avaient investis sur lui.

    Un petit tour par la case « justice ». En tant que plaignant !

    L’album, le rêve, ça sera pour plus tard. Et pourquoi pas retenter l’aventure chez My Major Company, le producteur de Grégoire, le premier artiste qui a explosé dans les bacs grâce au concept de production participative? Kaëm hésite, sa conscience le turlupine, « Ma famille, mes amis, et plein d’autres personnes ont misé de l’argent chez Spidart. » Il s’adresse à ses fans-producteurs dans une lettre publiée sur Facebook, « Sachez que mon premier combat portera sur le fait que vous puissiez récupérer l’argent investi», même s’il nous confie par la suite, ne pas espérer retrouver les 30.000 euros, le PDG de Spidart étant « insolvable, endetté jusqu’au cou ». Kaëm est tout de même l’un des plaignants dans l’action contre Spidart.

    Vivre en écrivant pour les autres ?

    Pas d’album, donc. Kaëm va-t-il devoir monter un dossier au Pôle Emploi ? Pas sûr. Ses collaborations n’en finissent pas : Anggun, Abd-Al Malik ou Kery James, mais pas que. Dernièrement, il a entendu ses mots dans la bouche d’une quinzaine d’artistes qui chantent son « Respect mutuel » parmi lesquels Leslie et Vitaa. Et on peut vivre en écrivant pour les autres ? « Entre 1 et  5 % de ce que j’écris est gardé […] Sur ce pourcentage, un autre infime pourcentage va finir en single. C’est ce morceau pour lequel tu es payé qui te rembourse de tout le temps passé à travailler. »

    Kaëm, HisStory:

    1981 : Naissance quelque part dans le Sud où l’accent chante.
    1993 : Mort de son père ; commence à écrire.
    1994 : Perd l’usage de ses jambes dans un accident de ski ; commence à traîner dans le quartier.
    2003 : Devient éducateur spécialisé. Initie des enfants à l’écriture et à la musique.
    2009 : Appelé par Spidart en juillet. Le soufflé s’effondre en décembre, lors qu’il apprend que la société est en redressement.
    2010 : Reste toujours optimiste.



    Un artiste (vraiment) engagé

    Kaëm raconte sa vie, la mort de son père qui l’a poussé à écrire, son accident de ski qui l’a privé de l’usage de ses jambes et l’a poussé dans la rue. A le voir, tout sourire, regardant avec passion les résultats du ski sur la petite télé du café, on a du mal à imaginer une adolescence mouvementée. Il raconte aussi son goût pour la littérature, pour L’Education d’une fée de Didier Van Cauwelaert en particulier, son engagement à gauche, “et quand je dis gauche, je ne dis pas PS” précise-t-il avec son accent qui chante. Pour le titiller, il a droit à une interview “vérifions que tu es de gauche”:

    QUIZZ : Kaëm est-il vraiment de gauche ?

    Pour qui as-tu voté aux dernières élections présidentielles ?

    Attends… je m’en rappelle plus… Ah si, Ségo, aux deux tours.

    Eric Besson est-il de droite ou de gauche, selon toi ?

    De droite. C’est un pauvre mec qui ne mérite même pas qu’on parle de lui.

    Tu es pour la retraite par capitalisation ou par répartition ?

    Répartition.

    Quel homme politique a fondé le journal L’Humanité ?

    … Je ne sais pas … Mais je sais que ce n’est pas Georges Frêche !

    Réponse : Jean Jaurès

    Quel événement insurrectionnel s’est déroulé de mars à mai 1871 à Paris ?

    1871… ? 1871 … 1871 … A mon avis, faut reprendre le programme de Sarko car il arrive à détruire 200 ans d’histoire. Si c’est un événement qui a abouti à un acquis social, je vais le savoir car c’est bientôt qu’on va le perdre !

    Réponse : La Commune de Paris

    Résultat : 3 points sur 5, mais avec bonne humeur. C’est ce qu’il lui reste de la gauche.

    100 mesures pour convaincre – Kaëm

    Source: Noémie Toledano et Aurélie Attard | StreetPress

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