« C’est un appel à toutes les consommatrices, les usagères, les auto-cultivatrices qui défendent la légalisation. » Un appel du 2 mai, date butoir de dépôt des listes candidates aux élections européennes, à destination des fumeuses de cannabis.
Sous l’impulsion de Farid Ghehiouèche, le petit milieu des militants anti-prohibition du cannabis prépare des listes pour les élections européennes du 25 mai. Mais parité oblige, il lui faut convaincre des femmes d’accepter de s’investir. Et visiblement ce n’est pas gagné.
Vu à la télé
Ce n’est pas la première fois que les partisans de la dépénalisation présentent des listes à des élections. Aux Européennes de 2009, Farid Ghehiouèche avait déjà conduit une liste anti-prohibition. Dans la région Île-de-France, il avait recueilli 3.988 voix, soit un score confidentiel de 0,14% des suffrages exprimées.
En 2014 il veut renouveler l’expérience de la liste « Cannabis sans frontières – Stop la prohibition » . Mais cette fois, en présentant des candidats dans au moins 5 régions de France. Ghehiouèche de s’expliquer:
« Si on veut présenter 5 listes cette année, c’est pour pouvoir bénéficier de la campagne audiovisuelle. »
Une fois le seuil de 5 listes atteint, les candidats peuvent bénéficier de spots TV, avec un temps de parole équivalent à celui des autres partis. Des pubs diffusées sur l’ensemble du territoire. Et cerise sur le gâteau, le CSA met à disposition un « prestataire technique » pour les réaliser. Farid Ghehiouèche en salive d’avance :
« On serait directement en concurrence avec les spots de l’UMP, du FN et des autres. »
Get up, stand up
Mais pour présenter des listes dans les circonscriptions Ile-de-France, Ouest, Est, Massif Central-Centre et Outre-Mer, Farid Ghehiouèche doit réunir 120 candidats. « Et candidates ! Parce que c’est vraiment ça qui pêche » regrette le militant. Il explique recevoir en moyenne une candidature féminine pour cinq candidatures masculines, alors que la loi impose la parité parfaite.
Farid Ghehiouèche lance un appel à toutes les consommatrices!

Constituer une liste aux européennes demande pourtant beaucoup moins de candidats que pour d’autres élections. Par exemple en Île-de-France, il ne faut que 30 inscrits sur les listes – soit 15 femmes – contre 163 aux municipales, rien que pour Paris. Mais les candidats tardent à sortir du bois.
La situation n’est pas sans rappeler l’aventure des Cannabis Social Club. A l’époque Farid Ghehiouèche et son ami Dominique Broc avaient tenté d’inciter des fumeurs réunis en groupe à se déclarer massivement en association dans les préfectures. Un succès des plus mitigés car si les Cannabis Social Club avaient fait la une des journaux, seulement une demi-douzaine de « clubs » avaient participé au mouvement.
Débat politique
Joint par StreetPress Laurent Appel, militant de l’association pour la réduction des risques Asud, pointe le manque d’engagement des fumeurs de cannabis :
« C’est une vieille histoire du militantisme sur le cannabis : il y a beaucoup de gens pour en parler au bistrot, beaucoup moins pour l’assumer devant une caméra ou devant les autorités. D’autant qu’il faut donner sa vraie adresse, son vrai nom, présenter une pièce d’identité… »
Farid Ghehiouèche, lui, y croit dur comme fer :
« Les Cannabis Social Club demandaient deux fois plus d’investissement : il fallait assumer de se déclarer, en public, et en préfecture. Là pour être candidat, il suffit de suivre les dispositions du code électoral. »
La vitrine est très belle pour ces partisans de la légalisation du cannabis qui ont peu d’occasions de mobiliser. S’ils ne comptent pas sur un vote massif, ils espèrent pouvoir ouvrir un débat politique sur la dépénalisation du cannabis en se mobilisant. Mais attention au bad trip : Aux Européennes de 2009, pour voter « Cannabis sans frontières » il fallait soi-même imprimer son bulletin de vote. Faute de moyens.
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