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Bas les masques. / Crédits : Instagram 235 Barber Street
Des masques en or
Depuis sa première ouverture en novembre 2014 dans le 19ème arrondissement de Paris, 235th Barber Street compte six salons dans la capitale, sept en banlieue, sept en province et deux à l’étranger. Sambou Sissoko y propose, en plus des coupes barbe et cheveux, des gommages, des micro-needling – procédé qui aspire les impuretés de la peau –, des black mask – pour les points noirs – et même des masque en or – pour les rides. « Celui-ci est plus cher », prévient-il. « Je fais le masque noir moi. Tu le sens bien, ta peau est mieux », explique Noah Lunsi, influenceur dont StreetPress vous parlait dans le documentaire Des Barres. Il ajoute un soin à sa coupe, lorsqu’il a le temps, soit dans un « 235 », soit à Barber and co à Belleville. Plusieurs autre petits coiffeurs indépendants proposent des masques dans le coin, rencarde-t-il.

10 carats sur le visage. / Crédits : Capture d'écran d'Instagram.
D’après ses calculs, feuilles de compta en main, Sambou Sissoko estime que 6% de sa clientèle utilise ces services. Une part qui augmente de 3% chaque mois, assure-il. Il reçoit ce jour-là à Drancy, dans un de ses salons où la demande de soin peau est la plus grande – avec Cergy et Enghien-les-Bains. Il est tenu par Aurélie. Elle juge qu’une dizaine de clients lui demandent ces soins chaque semaine. Tous ses barbiers ont suivi une formation. « On suit ce qui se fait à l’étrangers. On pourrait penser que ça vient des States, mais pas du tout. Ça se passe au Moyen-Orient », explique Sambou. Il cite la Turquie et les Émirats, « qui sont à la pointe sur tout ce qui est soins ».
Changement de mentalité
« Les masques, ça n’est pas nécessaires comme les contours, mais c’est un plus pour les gens qui aiment prendre soin d’eux », analyse Noah Lunsi, qui les fait quand le barbier lui propose, sans que ça ne soit encore systématique. « On a ce cliché selon lequel les jeunes de banlieue ne feraient pas ça. Ça n’est pas vrai », juge Sambou Sissoko, qui assure qu’avec « l’ère Instagram, tout le monde veut être beau ».
Si sa clientèle de footballeurs et de rappeurs n’a pas passé le pas – « par manque de temps et parce qu’ils sont souvent coiffés à domicile » –, les influenceurs y ont davantage recours. Il cite Mr Boris Becker, Tonio Life ou encore Paul Kabesa – également dans notre documentaire Des Barres. « Si c’est accepté, ça n’est pas encore la norme. Mais on va les y emmener », jurent les deux cousins du 235th Barber Street. Noah Lunsi ajoute :
« Ça n’est plus un tabou, comme si c’était un truc pour les femmes. De toutes facon, à partir du moment où les mecs ont mis des fringues roses, c’était la fin ! Maintenant on peut faire des manucures, avoir les cheveux longs, se faire des couettes… Et c’est cool. »