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    09/12/2025

    « C’est "Touche pas à mon poste" mais sur Internet »

    Bad buzz, clashs et invités d’extrême droite : Le Crayon, les Cyril Hanouna du web ?

    Par Jérémie Rochas

    En cinq ans, Le Crayon a accumulé cinq millions d’abonnés grâce à des débats ultra-polarisés avec des invités de l’extrême droite la plus radicale. Une étiquette qui s’est retrouvée jusque dans son actionnariat, le média essaie de la gommer. Enquête.

    « Qui fabrique vraiment l’opinion en France ? » Pour répondre au thème de la nouvelle vidéo du Crayon diffusée sur YouTube ce 30 octobre, Antonin Marin, ancien étudiant en maths devenu directeur de publication de l’autoproclamé « premier média de débat des jeunes », reçoit Christine Kelly, l’égérie réactionnaire et animatrice de l’émission « Face à l’info » sur CNews. « Aujourd’hui, la France connaît une montée des idées d’extrême droite. Certains accusent des médias comme CNews d’avoir contribué à cette droitisation du pays, d’autres y voient seulement le reflet d’une société qui change », introduit Antonin Marin, l’un des fondateurs de ce groupe.

    La présentation est un tantinet ironique : Le Crayon a été accusé de dérouler le tapis rouge à toute l’extrême droite, même la plus radicale. Depuis sa création en 2019, la chaîne YouTube de débats a invité une quarantaine de personnalités appartenant à la mouvance — certaines plusieurs fois. Identitaires, transphobes, militants anti-avortement, masculinistes ou encore conspirationnistes, les fondateurs du Crayon assument leur manque de limite éditoriale. « Peu importe l’orientation politique, le parcours sociétal d’une personne, on veut pouvoir discuter avec elle », a affirmé Antonin Marin dans une vidéo publiée l’an dernier.

    À StreetPress, ses créateurs disent vouloir « créer des échanges les plus constructifs possibles » entre des « bulles idéologiques » où chacun resterait « enfermé ». « Si on se divise et qu’on ne se parle jamais, on ne fera jamais société ensemble et on sera toujours dans le combat », avance le directeur de publication à StreetPress. Un discours qui a bien servi au Crayon, cumulant cinq millions d’abonnés sur ses plateformes, qui a pu réaliser un entretien en 2024 avec Emmanuel Macron, et prévoir un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros en 2025. D’autres trouvent dans ce discours une volonté de faire grossir le média à tout prix, quitte à avoir pendant deux ans le milliardaire catho-identitaire Pierre-Édouard Stérin au capital, ou y pointent une déontologie douteuse de l’agence de communication du média, Le Surligneur.

    Débats ultra-polarisés

    Des titres racoleurs, des invités polémiques, de la joute verbale sans modération, la recette du Crayon n’est pas nouvelle. Elle reprend tous les codes du média américain Jubilee créé en 2010 et qui a aujourd’hui près de onze millions d’abonnés sur YouTube. « C’est quelque chose que je regarde. Après si c’est une source d’inspiration, je ne sais pas vraiment. L’idée, ce n’est pas d’être le Jubilee français », assure Antonin Marin à StreetPress. Dans les émissions du Jubilee, des personnalités d’extrême droite comme Charlie Kirk — militant trumpiste assassiné dans l’Utah en septembre — ou le journaliste islamophobe Ben Shapiro ont été invitées en 2024 à débattre face à 25 de leurs adversaires politiques. Un format repris à minima par Le Crayon dans son « seul contre tous ».

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    Captures d'écran de la chaîne YouTube du Crayon. / Crédits : DR

    Les deux chaînes affichent un objectif commun : « créer du lien humain » chez Jubilee ; « réunir la société » pour Le Crayon. Et ce, malgré des débats transgressifs et ultra-polarisés où des invités sulfureux aux propos racistes prennent part comme l’ex-policier d’Éric Zemmour, Bruno Attal ; le porte-parole de Génération identitaire, Jérémie Piano, dont le groupe avait déjà à l’époque commis de nombreuses violences ou l’ancien boss du Front national jeunesse (FNJ), Julien Rochedy, devenu influenceur masculiniste qui vante « la supériorité de la civilisation blanche européenne ».

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    Il y a aussi des figures de la sphère complotiste d’extrême droite comme Michel Onfray, François Asselineau, Greg Tabibian ou Charles Gave. Ce dernier, financier de l’extrême droite adepte de la théorie raciste et conspirateur du « grand remplacement », a été présenté comme le « président du think tank libéral et conservateur l’Institut des libertés » dans une vidéo, sans dire qu’il a été un des financiers de la campagne d’Éric Zemmour en 2022. Une pratique récurrente : d’autres lignes du CV de plusieurs figures d’extrême droite ne sont absolument pas mentionnées. Comme l’abbé Matthieu Raffray, intégriste star des réseaux d’extrême droite, présenté comme un simple prêtre.

    « Donner la parole à des personnes qui prônent la violence, le racisme, le sexisme, la haine anti-LGBTQIA+, ce n’est pas être neutre, c’est les plateformer et donc au final marcher avec eux », estime Mathieu Burgalassi, streamer, journaliste et anthropologue spécialisé sur l’extrême droite. Il a participé à un débat du Crayon entre les deux tours des dernières élections législatives et a dénoncé un piège après s’être retrouvé face à des profils « 100 % éloignés de ceux qui avaient été annoncés ». Il a notamment fait face à Alice Cordier, leader des fémonationalistes de Nemesis, déjà invitée par Le Crayon en 2021.

    Malgré une expérience « éprouvante », Mathieu Burgalassi a la conviction qu’il faut continuer à occuper ces espaces médiatiques pour ne pas laisser le champ libre à l’extrême droite et « mener la bataille culturelle ». « Il y a des enjeux à les debunker et à les mettre en porte-à-faux. » En face, Antonin Marin concède : « Ce casting aurait pu être mieux si on n’avait pas changé les gens à la dernière minute. » Mais conteste qu’il y ait eu « trois personnes contre Mathieu Burgalassi ». « En tout cas, ce n’était pas l’objet. »

    Volonté de « faire le buzz »

    Le média diffuse largement sur ses réseaux sociaux les sorties polémiques de ses invités en formats courts, comme celui où le policier Bruno Attal prône les tirs par balle « même sur quelqu’un de désarmé ». Autre exemple : le vidéaste identitaire Georges Matharan déclare « se foutre » des centaines de décès des personnes exilées en Méditerranée. Cette vidéo a été un succès pour la chaîne avec 4,7 millions de vues. « Je ne suis pas dans la théorie : “le buzz c’est toujours du buzz quoi qu’il arrive”, ça peut même être délétère pour le message qu’on peut porter », indique pourtant Antonin Marin.

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    Indignées par les invités ou les propos tenus dans les débats organisés par le média, certaines personnalités refusent désormais systématiquement ses invitations. C’est le cas de Laurène Lévy, créatrice de contenu spécialisée dans le bien-être au travail. « Outre le fait qu’ils ont décidé de s’orienter uniquement vers des sujets à controverse et donc de faire du “bad buzz“ — avoir de la visibilité et faire de l’oseille — ce qui me pose problème, c’est les gens à qui ils donnent la parole », expliquait-t-elle sur son compte TikTok en 2024. « Ils racontent qu’ils sont neutres alors qu’on sait pertinemment qu’ils sont orientés à droite, même très à droite », avant de poursuivre, « en fait, Le Crayon c’est “Touche pas à mon poste” mais sur Internet ». Un ancien invité du Crayon, habitué des plateaux télé, confirme :

    « Il y a un côté Hanouna où on invite des gens parce qu’ils ont fait le buzz sur Internet. Et un côté Guillaume Pley pour qui ce n’est pas la personnalité qui compte mais la thématique qui va faire le buzz. »

    Avec une proximité parfois étonnante. Le 12 novembre 2021, la cofondatrice Sixtine Moullé-Berteaux publie une story sur son compte Instagram où elle s’affiche tout sourire dans sa voiture. « Qui veut voir Baptiste Marchais dans un prochain ring du Crayon ? », écrit-elle en commentaire. Si le passé de Baptiste Marchais dans un groupuscule néonazi n’avait à l’époque pas encore été révélé par StreetPress, cet influenceur catho-nationaliste trainait déjà avec la crème de la fachosphère, partageant leurs propos. Interrogée, elle assure l’avoir rencontré dans le cadre d’un déjeuner en vue de la préparation d’un débat, avant que la rédaction refuse « car ça ne collait pas ». « On ne se connaît pas, on ne se suit pas sur les réseaux », insiste l’entrepreneuse.

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    En novembre 2021, la cofondatrice Sixtine Moullé-Berteaux publie une story sur son compte Instagram où elle s’affiche tout sourire dans sa voiture avec Baptiste Marchais. Interrogée, elle assure l’avoir rencontré pour un déjeuner dans le cadre d'un débat. « On ne se connaît pas », insiste-t-elle. / Crédits : Instagram de Sixtine Moullé-Berteaux

    Le cas Pierre-Édouard Stérin

    Cette volonté de s’ouvrir à tout le monde, qu’importe les opinions, s’applique également à leurs soutiens financiers. En 2023, les milliardaires Xavier Niel et Pierre-Édouard Stérin rejoignent le capital du Crayon, à hauteur de 3,9 % pour le second. L’investisseur catho-identitaire était inconnu du grand public avant les révélations un an plus tard par « L’Humanité » et « La Lettre » de son projet politique « Périclès » visant à porter l’extrême droite au pouvoir. Antonin Marin certifie que Stérin « n’avait aucun impact sur la ligne éditoriale » et que l’équipe du Crayon n’avait pas « envie d’avoir un investisseur engagé dans un projet politique ». « On se désolidarise du projet “Périclès” qui ne correspond pas aux valeurs de notre entreprise et de notre média », insiste-t-il. Pourtant, ce n’est qu’en 2025 que la rupture est consommée. À la suite d’une succession de tensions chez des partenaires du Crayon.

    En avril, leur seule présence au salon Change Now, « l’exposition universelle des solutions pour la planète », a provoqué la colère d’une partie du secteur de la transition écologique. En septembre, alors que la région Pays de la Loire (52) a confié un média d’orientation dédié aux jeunes au Crayon, les élus d’opposition écolo ont accusé la présidente Christelle Morançais — membre du parti Horizons d’Édouard Philippe — de « financer des réseaux d’extrême droite ». À la même période, c’est leur partenariat avec le festival Delta, à Marseille (13), qui crée la polémique. « Il n’y a pas de place pour ces idées », a réagi Benoît Payan, maire de Marseille. Dans la foulée, les organisateurs de l’évènement ont menacé Le Crayon de rompre le partenariat si Stérin restait actionnaire.

    À LIRE AUSSI : Comment le milliardaire d’extrême droite Stérin inonde le web d’influenceurs cathos-réac

    Un mois plus tard, le média cède et annonce le retrait du fonds Otium de son capital — la holding détenue par le milliardaire. Sur le post de Wallerand Moullé-Berteaux, cofondateur et chroniqueur du Crayon, qui claironne la nouvelle sur LinkedIn, le milliardaire lui répond directement dans un autre post depuis supprimé : « Pourquoi communiquer ainsi ? Le Fonds du Bien commun était là lorsque tu avais besoin d’argent. Je trouve très peu élégant de nous remercier ainsi. »

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    Le message supprimé de Pierre-Edouard Stérin sous le post de Wallerand Moullé-Berteaux du Crayon. / Crédits : LinkedIn

    La galaxie Stérin n’est pourtant pas si loin. En juin, Antonin Marin et Sixtine Moullé-Berteaux ont tous deux représenté Le Crayon pour officialiser la signature d’un partenariat avec l’école de journalisme ESJ Paris, récemment reprise par les milliardaires Bolloré, Arnault, Saadé. Outre ses liens épinglés par « Libération » avec l’Institut libre de journalisme — école d’extrême droite —, le directeur du développement de l’ESJ est Alexandre Pesey, qui est également le patron de l’Institut de formation politique (IFP). Ce centre de formation de jeunes conservateurs destiné à mener la bataille culturelle a notamment reçu des fonds du projet « Périclès » de Pierre-Édouard Stérin. Un mois avant, la responsable du développement réseau en régions de l’IFP Emmy Font — épouse du sénateur zemmouriste Stéphane Ravier — a d’ailleurs été invitée dans un débat du Crayon pour parler de l’éducation des enfants. Mais le directeur des publications Antonin Marin n’en démord pas :

    « On le démontrera au fur et à mesure des années, on a aucune volonté politique et parti pris idéologique. »

    « Très influents et très riches »

    C’est Sixtine Moullé-Berteaux, encore lycéenne en 2019, qui a l’idée de créer un média à destination des jeunes. Elle convainc son frère Wallerand de l’aider à créer une application « Le Crayon Politique » pour diffuser des éditos sur des sujets de société. Ils sont rejoints très vite par deux autres étudiants, Antonin Marin et Jules Stimpfling. Pendant plusieurs mois, les quatre associés tentent de définir leurs formats, entourés par une équipe de bénévoles. Ils décident de lancer leur chaîne YouTube et s’essaient aux reportages, aux chroniques d’actualité et aux podcasts sur le sport. Les vidéos publiées stagnent autour des 500 vues. Mais la bande a des rêves de grandeur, se souvient Léo (1), un ancien membre de l’équipe :

    « Le plus important pour eux c’était de se faire connaître et de faire du bruit, être un vrai média. »

    Il modère le storytelling souvent raconté par les fondateurs comme un média né dans une chambre d’étudiant et bâti sur des bouts de ficelle : « Ils se donnent l’image de jeunes qui se sont lancés tout seuls mais les Moullé-Berteaux sont très influents et très riches. Ils ne sont pas très honnêtes là-dessus. » Leur mère a en effet longtemps présidé le Cercle Montesquieu, un regroupement d’avocats au service des grandes entreprises. Avant de devenir PDG du Crayon, Wallerand était gestionnaire administratif et communication au sein de la même association de patrons — de quoi construire un réseau. Un des représentants du Cercle Montesquieu a d’ailleurs été invité quelques mois après le lancement du média. Mais les fondateurs du Crayon contestent toute injection financière ou copinage, mis à part la mise à disposition du luxueux appartement de la mère de Sixtine et de Wallerand pour les tournages.

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    C’est finalement en mars 2020 que les quatre associés trouvent le buzz tant attendu avec un concept qui fera leur marque de fabrique : « Le Ring. » Pour inaugurer cette nouvelle émission de débat, ils décident de faire s’affronter sur le thème du féminisme Louise Aubery, créatrice de contenu en développement personnel, et Julien Rochedy, l’ancien directeur du FNJ. Pendant près de vingt minutes, la première est accusée par son adversaire d’encourager « la barbarie masculine » et de « détruire la civilisation occidentale », sans modération de Wallerand, alors animateur du débat.

    « Tu ne fais que remettre en question ce que je dis par rapport aux réponses de Julien », s’agace Louise Aubery au cours du débat qui engrange plus d’un million de vues sur YouTube. « Elle avait détesté qu’on fasse ça. Moi aussi, j’avais trouvé ça bizarre un débat antiféministe en 2020 », se souvient Léo. De son côté, Antonin Marin convient que l’émission aurait mérité un fact-checking, aujourd’hui appliqué à tous les débats du Crayon. « On a amélioré ça. C’est dur de nous juger sur la première émission qu’on a faite. » Dans la foulée, le média diffuse son premier entretien politique avec Jordan Bardella.

    Une agence de com’ déguisée en média ?

    Pourtant, Le Crayon admet une nouvelle orientation. « Il y a de moins en moins de politiques à proprement parler sur notre chaîne car ce ne sont pas eux qui ont les meilleures idées », pose Antonin Marin. Quid des influenceurs ? Depuis 2021, Le Crayon est devenu une entreprise qui a construit son modèle économique. En parallèle du média se sont créées deux agences de communication qui sont devenues leur source principale de revenu. Sixtine Moullé-Berteaux dirige Le Surligneur, une agence spécialisée en relations presse et contenu pour les entrepreneurs. Parmi ses clients se trouvent l’ex-footballeur Blaise Matuidi, les créateurs de contenu Océane et Le Motif ou encore le youtubeur Sam Zirah. Une de leurs anciennes clientes, l’entrepreneuse Yasmine Douadi, est même devenue en octobre actionnaire du groupe Le Crayon. Elle dirige avec son mari Jérémie Michel — ex-animateur du collectif « avocats pour Zemmour » — Riskintel, un média spécialisé dans la cybersécurité.

    Chaque année, avec l’agence Le Pinceau, ils organisent « les cercles des leaders d’opinion » qui réunissent les personnalités de l’entreprise, de la politique, des médias et des réseaux sociaux pour des futures affaires. Les quatre fondateurs sont eux-mêmes influenceurs et atteignent tous individuellement les 40.000 abonnées sur Instagram ou Linkedln. Wallerand est devenu le temps d’une saison chroniqueur sur M6 dans « La grande semaine » ou dans « Les Grandes Gueules » sur RMC. De son côté, Sixtine enchaîne les émissions de podcasts sur l’entrepreneuriat. « Mon activité d’influence, ça sert plus de com pour Le Surligneur qu’autre chose », répond-elle.

    Entre deux plateaux, les Moullé-Berteaux sont aussi appelés à intervenir auprès d’organisations politiques. En octobre 2023, Wallerand participait à la rentrée des Jeunes Républicains pour une table ronde sur le journalisme et l’entrepreneuriat. Sixtine est une habituée des conférences du Medef. Tous deux sont aussi des fidèles du Chinese Business Club, un cercle d’affaires exclusif d’entrepreneurs, qui convie de plus en plus des personnalités d’extrême droite comme Jordan Bardella, Thaïs d’Escuffon ou Alice Cordier. L’agence de relations presse du média a pour client le président fondateur du réseau d’affaires, Harold Parisot, avec un objectif affiché : « Le positionner en tant que leader des réseaux d’affaires en France. »

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    Cette triple casquette de média, d’agence et d’influence agace la concurrence qui reproche au Crayon de brouiller les pistes pour attirer la clientèle. « Le média ne sert que de développement commercial pour ramener des gens chez Le Surligneur. Et comme ils sont eux-mêmes leaders d’opinion, ils vont se placer et signer des contrats. C’est un argument commercial », s’agace une responsable d’agence de relations presse. Une autre dénonce même un manquement « déontologique » du Crayon :

    « Si vous vous revendiquez agence de relations presse, vous ne pouvez pas être vous-même influenceur. »

    Elle ajoute : « Eux ont décidé de créer un écosystème dans lequel aucun de leurs positionnements n’est clair. » Les fondateurs le reconnaissent, des clients du Surligneur se sont retrouvés à plusieurs reprises dans les émissions du Crayon. Rien qu’en 2024, au moins cinq clients de l’agence de presse ont été reçus en interview vidéo sur Le Crayon pour faire la promotion de leur contenu.

    En mai, c’est Sam Zirah qui a été invité dans le média quelques semaines après avoir signé chez Le Surligneur. « Ils se renvoient la balle entre eux. Quand ils n’arrivent pas à placer leurs clients du Surligneur dans les médias, ils n’ont qu’à les envoyer dans leur propre média », s’agace l’une des agences concurrentes. Mais Sixtine Moullé-Berteaux assure : « La rédaction et nos activités d’agence sont totalement différenciées. » En juin, au Chinese Business Club qui accueillait Cyril Hanouna, elle avait lancé à l’animateur qui lui parlait du Crayon : « J’espère qu’un jour, on pourra vous recevoir. »

    (1) Le prénom a été changé.

    L’illustration de Une est une capture d’écran d’une vidéo intitulée « On vous dit ce qu’on ne vous a jamais dit (même les débats qui ont mal tourné) », publiée sur la chaîne YouTube du Crayon le 21 février 2023.

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