En ce moment

    20/02/2010

    10 minutes chrono de visite du chef de l’Etat dans un camp de Port-au-Prince

    Sarkozy à Haïti : « Pwésiden toù pétit ! »

    Par Gaylord Van Wymeersch

    Entre marmites, linge tendus et latrines jaunes canard, StreetPress a suivi la visite express de Nicolas Sarkozy, mercredi matin à Port-au-Prince.

    Huit heures sur le Champ de Mars de Port-au-Prince. Fusils mitrailleurs en bandoulières les toutes fraîches recrues des forces spéciales haïtiennes sautent de l’arrière des pick-up rutilants offerts tout récemment par les Américains. Pas de périmètre de sécurité drastique, seulement quelques barrières rouges pour bloquer les rues adjacentes à l’ambassade de France. Les habitants du Champ de Mars, comme d’habitude, vaquent à leurs occupations. Dubitative, une femme qui se fait livrer un bloc de glace pour son commerce de boissons lance à son livreur : « C’est quoi toute cette police ? ». « C’est le Président Sarkozy qui vient », répond l’homme.

    Eh oui, ce mercredi 17 février Sarkozy est de passage dans la capitale haïtienne. Court séjour : quatre heures en tout et pour tout, décrochées au milieu d’un voyage présidentiel entre la Martinique et la Guyane. Alors la cadence est soutenue. Arrivée à 7h sur le tarmac de l’aéroport de Port-au-Prince. Survol de la ville en hélicoptère. Puis direction l’Ambassade de France.

    Dans le camp face à l’Ambassade, un habitant lave la bâche de sa tente. « Je fais le propre pour la venue du Président français », nous explique-t-il. Comme un air d’improvisation et de dernière minute. Les hommes du Raid, gilets de défense noirs et oreillettes vissées, font un tour express entre les tentes. A main levée, les cadors de la sécurité élyséenne tentent d’anticiper le parcours présidentiel.

    Sarkozy à Haïti, le snapshot:

    Neuf heures. Entre les latrines d’urgence jaunes canards, apparaît costard, chemise blanche et cravate noire un Président français décontract. Ambassadeur, ministres… Derrière les gros poissons, les poissons-pilotes. Pas de place pour tout le monde. Entre les marmites par terre, le linge tendu, et les fils de tentes, la bousculade est risquée.

    A l’entrée, un comité d’accueil spontané s’est rassemblé sur un muret. Dans un joyeux chahut, loin des bains de foule hexagonaux millimétrés les habitants ravis de la visite scandent le nom du Président : « Sarkozy, Sarkozy, Sarkozy… ». Un homme lui tend sa petite fille. Dans les bras du Président, pas pour longtemps. Le temps est compté. La fillette rendue à son père et le costard réajusté, Nicolas Sarkozy presse le pas. Pas de Ray Ban aujourd’hui, alors le long du parcours le Président plisse le front sous le soleil de Port-au-Prince.

    A l’entrée du camp, une banderole lestée par deux petites bouteilles d’eau : « Merci les Français. Une nouvelle Haïti, une nouvelle vie, ensemble nous rebâtirons ce pays »

    Sarkozy: « Nous construirons des abris »

    Nouvel arrêt devant une tente sur fond de musique créole. La foule enthousiaste assaille le Président français de questions. « Qu’allez-vous faire pour nous Monsieur le Président ? », presse une femme. Nicolas Sarkozy calme répond : « Nous allons vous aider. Nous construirons des abris. Avec la saison des pluies… Merci. Allez au revoir Madame ». Un peu plus loin, sur un muret une femme glisse à une amie en créole : « Pwésiden toù pétit ! »… Mais, le costard présidentiel, elle en est fan.

    Sarkozy poursuit sa visite entre les tentes. Au total, dix minutes chrono au rythme de mains serrées, de petits sourires de circonstance et de ses « coucous » de la main droite, désormais connus de tous. Et pour tout le monde la même question : « La maison a été détruite ? ».

    Cela faisait bien longtemps que le Président ne s’était permis une visite aussi sereine. Il lui aura fallu aller jusqu’en Haïti, dans un camp de déplacés.


    View Port au Prince in a larger map

    Source : Gaylord Van Wymeersch | StreetPress
    Photos : Gaylord Van Wymeersch pour StreetPress

    Pour continuer le combat contre l’extrême droite, on a besoin de vous

    Face au péril, nous nous sommes levés. Entre le soir de la dissolution et le second tour des législatives, StreetPress a publié plus de 60 enquêtes. Nos révélations ont été reprises par la quasi-totalité des médias français et notre travail cité dans plusieurs grands journaux étrangers. Nous avons aussi été à l’initiative des deux grands rassemblements contre l’extrême droite, réunissant plus de 90.000 personnes sur la place de la République.

    StreetPress, parce qu'il est rigoureux dans son travail et sur de ses valeurs, est un média utile. D’autres batailles nous attendent. Car le 7 juillet n’a pas été une victoire, simplement un sursis. Marine Le Pen et ses 142 députés préparent déjà le coup d’après. Nous aussi nous devons construire l’avenir.

    Nous avons besoin de renforcer StreetPress et garantir son indépendance. Faites aujourd’hui un don mensuel, même modeste. Grâce à ces dons récurrents, nous pouvons nous projeter. C’est la condition pour avoir un impact démultiplié dans les mois à venir.

    Ni l’adversité, ni les menaces ne nous feront reculer. Nous avons besoin de votre soutien pour avancer, anticiper, et nous préparer aux batailles à venir.

    Je fais un don mensuel à StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER