En ce moment

    17/04/2019

    Menaces, appels au viol et chasse à l’homme

    Après des tweets inopportuns sur Notre-Dame, des militants étudiants harcelés

    Par Rémi Yang

    Appel au viol ou à la lapidation, menaces, insultes racistes et sexistes. Après des tweets inopportuns sur l’incendie de Notre-Dame, deux militants harcelés.

    « J’espère tu meurs lapider et qu’on t’écarte le trou dbal sale fdp »… Au lendemain de l’incendie de Notre Dame de Paris, Guillaume est victime d’une campagne de cyber-harcèlement. Un tweet a suffi à embraser Twitter. « Si on y réfléchi bien, si l’intégralité de Notre-Dame brûle ça fera de la place pour construire des logements sociaux et ça c’est cool », écrit le jeune militant de l’Union Nationale Lycéenne. Hafsa, du bureau national de l’Unef, y va aussi de son commentaire. « Je m’en fiche de notre Dame de Paris car je m’en fiche de l’histoire de France jsp quoi, allez y mentionnez moi », avait-elle tweeté.

    Après ces tweets inopportuns, le retour de flamme est violent. « On se souviendra de cette énorme pute », peut-on notamment lire sur le réseau social. Plusieurs comptes d’extrême droite relaient les tweets d’Hafsa et Guillaume. La Cocarde, Génération Identitaire Île de France … « Je me souviens même avoir vu l’Action Française dans mes mentions », complète Guillaume.

    Sous son tweet, des messages par centaines, pour beaucoup haineux. « Et ta mère la pute elle a aussi besoin des aides sociales pour s’occuper de son enfant attardé? », écrit l’un. Un autre en message privé lui envoie : « Aah sale fdp j’espère Dieu il va s’occuper de toi comme il faut. Que tu te fasses violer en publique fdp ». Hafsa subit la même campagne de harcèlement, cette fois matinée de sexisme et de racisme. « Baise ta race petite moukère de merde », dit l’un ou encore : « Sale pute. On va s’occuper de ton cas », écrit un autre. Depuis, la militante de l’Unef, a désactivé son compte Twitter. Elle ne souhaite pas communiquer sur la polémique.

    Chasse aux sorcières

    Selon Guillaume, c’est un élu Patriotes du Grand-Est qui aurait lancé la machine : David Masson-Weyl a pris une capture d’écran du tweet de Guillaume et l’a partagée sur son compte. « Je pense qu’il est important de dénoncer tous ceux qui sont allés trop loin », fait valoir ce proche de Florian Philippot. « Il ne s’agit pas là d’étudiants anonymes qui auraient tweeté n’importe quoi, mais de militants politiques qui ont d’importantes responsabilités au sein de leur structure. Ainsi, cela me semble naturel de les confronter à leurs propos. » Avant de préciser qu’il condamne tout cyber-harcèlement. « Malheureusement, ceux qui ont dénoncé les mêmes propos, ne sont pas responsables des tweets des autres », commente-t-il.

    « Ce qui a participé à la campagne de cyber-harcèlement sur notre camarade, c’est que ça a été relayé par des comptes d’extrême droite. », analyse Mélanie Luce, présidente de l’Unef. Le syndicat s’est cependant désolidarisé des propos portés par leur militante. « On considère que c’est une partie de notre patrimoine national qui est à protéger. Nous sommes tristes de ce qui s’est passé hier soir », commente-t-elle à propos de l’incendie de Notre-Dame, avant de marteler :

    « Ce n’est pas une raison pour harceler. »

    Sur Facebook, l’histoire tourne à la chasse aux sorcières. « Nous recherchons activement toute information sur n’importe quel membre de l’Unef et sur la structure elle-même. Adresse postale, données de contact, log & IP… », pouvait-on lire sous un post de la page du syndicat étudiant, avant qu’un modérateur ne le supprime.

    Quand la ministre s’en mêle

    La ministre de l’Education Supérieure, Frédérique Vidal, s’est exprimée en début de matinée sur la polémique.


    « A la suite du tweet de Vidal, le nombre de mes messages a explosé », a constaté Guillaume. Du côté de l’Unef, la présidente s’étrangle : « Elle a posté la capture d’écran d’un tweet qui a été supprimé avec le prénom de la personne ! C’est pas une blague, ça met les gens en danger ». Mélanie comme Guillaume accusent la ministre d’alimenter le cyber-harcèlement dont ils sont victimes. En novembre dernier, le ministère de l’Éducation nationale avait pourtant sorti un clip contre le cyber-harcèlement.

    Contacté par StreetPress, le ministère de l’Enseignement Supérieur n’a pas répondu à nos questions.

    Cet article est à prix libre. Pour continuer la lecture, vous pouvez faire un don.

    StreetPress lance la plus grande enquête participative sur l'extrême droite en France. Notre média indépendant repose sur votre soutien, sans vos dons, nous mourrons. En savoir plus →

    mode payements
    Aidez-nous à combattre l’extrême droite

    Nous nous apprêtons à lancer la première plateforme d’enquête participative dédiée à l’extrême droite en France. Ce portail simple et sécurisé, permettra de collecter un maximum d’informations. Chaque citoyen pourra signaler la présence et les actions des groupuscules ou militants d’extrême droite.

    Jamais un média français n’a mis autant de moyens dans un projet d’enquête dédié à l’extrême droite. Nous travaillons au développement d’une plateforme sécurisée et nos journalistes vont pendant plus d’un an explorer la matière collectée. Nos spécialistes vont multiplier les enquêtes sur les violences de l’extrême droite, mais aussi ses sources de financement et ses appuis politiques. Nous proposons aussi de réaliser une cartographie interactive documentant de manière exhaustive les près de 150 groupuscules présents sur le territoire. Et enfin, nous réaliserons un manuel de riposte gratuit, proposant des pistes pour les combattre sur le terrain.

    Ce projet très ambitieux va coûter à StreetPress plus de 100.000 euros. Et comme nous ne pouvons pas compter sur l’argent de Bolloré, on a besoin de vous.

    Je soutiens StreetPress  
    mode payements

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER