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Sur son compte Facebook, cette enseignante à la retraite partage quasi-quotidiennement citations philosophiques, opinions politiques et beaucoup de photos et vidéos sur le départ des pieds-noirs d’Algérie en 1962, à la fin de la guerre d’indépendance. Et parfois, elle dérape, et partage de longs textes à la gloire de l’OAS, une organisation terroriste clandestine créée en 1961 pour défendre la colonisation française en Algérie. Dans l’un d’entre eux, elle décrit l’OAS comme ayant été « créée par les plus glorieux officiers de l’armée française », et relativise les attentats de cette organisation terroriste. Si l’OAS a « abattu parfois après le 19 mars 1962, date des Accords d’Evian, des innocents [c’est] pour répondre aux enlèvements et aux assassinats ». Une autre fois, Monique Becker partage un post de Jean-Eudes Gannat, leader violent du groupuscule national-catholique dissout l’Alvarium, qui fait l’éloge du dictateur espagnol Franco et de son action « au secours des pieds-noirs oranais » en juin 1962.

Ici, Monique Becker partage un post de Jean-Eudes Gannat, leader violent du groupuscule national-catholique dissout l’Alvarium, qui fait l’éloge du dictateur espagnol Franco et de son action « au secours des pieds-noirs oranais » en juin 1962. / Crédits : DR
Du côté des pages Facebook likées par Monique Becker, on retrouve évidemment énormément de pages consacrées à l’histoire des pieds-noirs et des harkis, et des médias d’extrême droite, mais aussi nombre d’organisations islamophobes, comme « Vigilance Halal », « Lutter contre l’Islam », « Pas de mosquées avec nos impôts », ou encore « Tradition, Famille, Propriété », une organisation ayant « pour but de promouvoir dans l’opinion publique les valeurs fondamentales de la civilisation chrétienne qui forment sa devise, et de combattre – par des moyens pacifiques et légaux – la révolution culturelle athée, immorale et socialiste qui vise à les saper. » Tout un programme.
En 2022, à l’occasion de sa candidature précédente aux législatives, Monique Becker racontait dans un média local les raisons de son engagement au FN puis au RN : un « électrochoc » lié à la peur d’avoir en France « les mêmes problèmes » qu’en Algérie après la décolonisation. Elle évoque un « lien manifeste entre immigration et insécurité » autour de la frontière franco-basque avec l’Espagne, qu’elle justifie par son expérience dans l’enseignement. Un « lien manifeste » qu’aucune étude sociologique ne prouve.
Contactés, Monique Becker et le Rassemblement national des Pyrénées-Atlantiques n’ont pas donné suite à nos sollicitations.