2025 a été une année bien fournie. Dans les grandes lignes, le leader incontesté de l’extrême droite radicale, Jean-Marie Le Pen, est mort et sa fille Marine Le Pen a été condamnée à cinq ans d’inéligibilité politique. L’ancien président Nicolas Sarkozy a fait vingt jours de cabane après avoir été condamné à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs. Un club français a (enfin) gagné une coupe d’Europe.
C’est aussi l’année du « faux Brad Pitt » qui a arnaqué 830.000 euros à une quinquagénaire ; l’année où Aboubakar Cissé a été assassiné dans une mosquée du Gard, ou encore l’année où le parquet national antiterroriste a été saisi, pour la première fois, lors d’une attaque terroriste après le meurtre raciste d’Hichem Miraoui.
N’oublions pas François Bayrou et l’affaire Betharram, la pétition contre la loi Duplomb qui a rassemblé plus de 2 millions de signatures, le mouvement Bloquons tout et les violences policières, ou encore le gouvernement Lecornu I qui a duré 14 heures et 26 minutes. Et dites-vous que ce n’était même pas une année électorale ! La seule théoriquement avant 2029 — municipales en 2026, présidentielle en 2027 et régionales en 2028…
À StreetPress, nous avons continué d’enquêter et de raconter la société en collant ou non à l’actu du moment. Comme chaque fin d’année, nous prenons des congés bien mérités et fermons la rédaction : les publications reprendront le 5 janvier. Avant de vous souhaiter de bonnes fêtes, la rédaction vous propose ses articles ou vidéos préférées de 2025.
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Mathieu, co-rédacteur en chef du pôle enquête : « Les petites mains de la campagne du ciottiste Gérault Verny »
C’est quoi ? Début octobre, notre journaliste Daphné Deschamps révèle que le député ciottiste et actionnaire de « Frontières », Gérault Verny a bénéficié de l’apport de néofascistes et d’identitaires pour faire sa campagne lors des législatives 2024.
Pourquoi ? « Ce papier montre une fois de plus les liens étroits qu’entretiennent le RN et son allié ciottiste, l’UDR, à l’Assemblée nationale avec l’extrême droite groupusculaire la plus virulente et haineuse. »
Laura, journaliste en alternance aux réseaux : « Les espoirs et les rêves de la jeunesse enclavée du Haut-Jura »
C’est quoi ? Dans le cadre de notre série sur les municipales, plusieurs journalistes de StreetPress ont passé des semaines dans une ville de France afin de raconter au long cours ce territoire, ses habitants et les enjeux qui le traversent à l’aune du scrutin. Au cœur du massif du Jura, la journaliste Clara Monnoyeur et la photographe Pauline Gauer sont allées voir la jeunesse de la ville de Saint-Claude, qui a parlé de ses envies d’ailleurs, souvent restreintes par le manque de transports et de moyens.
Pourquoi ? « Parce que je trouve l’écriture très belle et j’apprécie que nos journalistes comme Clara aient pu prendre le temps d’aller sur le terrain pour raconter ce territoire enclavé. Ce sont rarement des communes et des gens au cœur de grands récits. Comme je viens de la campagne profonde, ça me fait du bien de lire ça ! »
Julien, en charge du marketing : « Diodio retrouve un logement »
C’est quoi ? En juin, notre journaliste Samuel Alerte filmait le quotidien de Diodio, 44 ans, qui venait d’être expulsée de son logement et dormait dans la rue avec sa fille de 4 ans. Quelques mois plus tard, c’est avec joie que StreetPress retrouvait Diodio, radieuse. Elle venait de retrouver un appartement.
Pourquoi ? « On ne peut être que hyper heureux et ému en regardant cette vidéo après tout ce parcours que nous avons suivi pendant plusieurs mois. »
Lina, journaliste au pôle enquête : « Keziah, frappé puis accusé de violences par les forces de l’ordre en Martinique »
C’est quoi ? En novembre, notre journaliste vidéo Thomas Porlon a publié un entretien avec Keziah Nuissier, qui a été violemment interpellé le 16 juillet 2020 par des gendarmes et des policiers à Fort-de-France, en Martinique. Alors qu’il est lui-même accusé de violences, il a dénoncé auprès de StreetPress un déni de justice avant l’ouverture de son procès.
Pourquoi ? « Depuis des années, StreetPress couvre les violences policières et cherche à mettre la lumière sur les territoires ultra-marins. Ce témoignage vidéo réunit ces deux thèmes : il permet de comprendre que l’impunité des forces de l’ordre est présente partout avec, ici, le contexte martiniquais de la lutte contre le chlordécone. »
Jo’, directeur de StreetPress : « Les manœuvres de Casino pour financer avec l’arrondi en caisse des écoles privées proches de la droite conservatrice »
C’est quoi ? À la rentrée, le groupe Casino avait été visé par des critiques d’associations car il avait un partenariat d’arrondi en caisse pour financer Espérance banlieues — un réseau d’écoles privées hors contrat pourtant accusé d’humiliations et de violences. Malgré les critiques, le groupe a maintenu l’accord, comme l’a fait remarquer notre journaliste Lou Brayet.
Pourquoi ? « Ça fait des années que, méfiant comme je suis, je préfère soutenir des assos en direct, et ne pas passer par l’arrondi en caisse. C’était juste un ressenti mais ça m’infantilisait. Une voix dans ma tête me disait que peut-être c’était moi qui était un peu trop une pince… Bref, je n’ai jamais su sur quel pied danser entre la touche verte et la touche rouge sur la calculette du TPE de mon supermarché. Maintenant, grâce à StreetPress, j’ai compris que cette structure était bel et bien opaque et qu’elle n’offrait aucune garantie sur les associations qu’elle proposait de soutenir. Alors si vous lisez ce message, vous pouvez décider de soutenir StreetPress en direct, en cliquant ici. Merci de votre confiance, chers lectrices et lecteurs ! »
Romane, journaliste au pôle société : « Les catcheurs des cités »
C’est quoi ? Cet été, au Blanc-Mesnil en Seine-Saint-Denis, Khao, une jeune structure de catch, a organisé le premier show de catch dans une cité de France. Chambrage, rap français et ambiance survoltée : nos journalistes vidéo sont allés s’immerger dans cette structure qui change les codes du catch français.
Pourquoi ? « Franchement, c’est une vidéo qui fait du bien à regarder. Elle est drôle, visuellement c’est assez lourd et ça fait aussi du bien des sujets un peu plus légers à StreetPress. »
Lucas, journaliste en charge des réseaux sociaux : « Le fiancé fan du IIIe Reich de Louise Morice, l’égérie du média “Frontières“ »
C’est quoi ? À la rentrée, StreetPress et le journaliste Sébastien Bourdon ont découvert que l’animatrice de la matinale de la web-radio de « Frontières » Louise Morice s’était récemment fiancée à un militant radical et collectionneur acharné d’objets liés au IIIe Reich. Ce nouveau visage féminin de la sphère médiatique de l’extrême droite, qui jure la main sur le cœur d’être contre l’antisémitisme, s’est également rendu au mariage de l’ex-leader néonazi, Marc de Cacqueray-Valmenier et de sa compagne journaliste à Radio Courtoisie.
Pourquoi ? « Parce que, dans toutes les révélations que la presse fait sur eux, c’est l’une des seules qui semble vraiment les déranger. Ils n’y ont jamais répondu et j’ai l’impression que ça les met profondément mal à l’aise — Jordan Florentin m’a bloqué. Beaucoup de gens se sont emparés de cette enquête pour les mentionner sous leurs posts, c’est aussi une forme d’impact. »
Mila, en alternance au pôle graphisme : « Le roi des brochettes du 93 »
C’est quoi ? Samba, alias « Feu de bois », s’est fait connaître avec un stand de brochettes installé dans un stade à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Après plusieurs buzz sur les réseaux sociaux et la fermeture de son emplacement non déclaré, il a ouvert un « vrai » restaurant. StreetPress y a passé la journée pour cet épisode de notre série vidéo « Légendes locales ».
Pourquoi ? « On ressent vraiment l’énergie et la bonne humeur dans cette vidéo. Le montage est dynamique et les animations sont drôles. Le parcours de Samba et sa passion pour la cuisine se ressentent à travers l’écran. »
Thomas, journaliste au pôle vidéo : « Un agriculteur de la Coordination rurale accusé de trafic d’êtres humains »
C’est quoi ? Pendant plusieurs mois, notre journaliste Lina Rhrissi a enquêté sur les conditions de vie et de travail indignes de saisonniers marocains dans une exploitation du Lot-et-Garonne, à coup de logements insalubres et de salaires de misère. Des vies étrangères sacrifiées pour des pommes françaises. Ça a donné un article et une vidéo qui a été très suivie, avec plus de 440.000 vues.
Pourquoi ? « À StreetPress, on essaie au maximum de dresser des ponts entre la vidéo et l’écrit. Ici, on a vraiment réussi à réaliser un travail hyper complet entre nous et le pôle enquête. Ça permet de toucher de nombreux publics et de donner une force considérable à nos informations. »
Charline, journaliste éditrice : « Le scandale du centre hospitalier de Mayotte »
C’est quoi ? Une enquête de la pigiste Sophie Ducluzaux sur la chambre mortuaire du centre hospitalier de Mayotte inaugurée il y a un an. Entre risques sanitaires, atteinte à la dignité des défunts, cette morgue, où plus d’un million d’euros de fonds publics ont été engloutis, illustre les multiples dysfonctionnements sur l’île.
Pourquoi ? « De ces nombreux papiers édités, il me reste surtout mes premières impressions. À la lecture de celui-ci, c’est d’abord la nausée qui me vient avec les descriptions des corps en état de décomposition, puis la stupeur face à cette situation révoltante, à la fois pour les défunts et leurs proches. C’est essentiel que StreetPress évoque ce sujet. »
Samuel, journaliste au pôle vidéo : « L’errance des sans-abri consommateurs de drogue à Lille »
C’est quoi ? Un autre article issu de notre série sur les municipales. Cette fois, le journaliste pigiste Jérémie Rochas et le photographe Arto Victorri ont suivi pendant des jours le quotidien des consommateurs de drogues sans-abri, abandonnés à leur sort par les pouvoirs publics lillois. Chassés par la police, exploités par les réseaux de dealers, Zoé, Céleste, Yvan et Louison racontent l’enfer sous crack et héroïne.
Pourquoi ? « Parce que le journaliste a réussi, selon moi, à mettre dans un article ce pourquoi StreetPress existe : donner la parole aux gens concernés par les problématiques, dont on parle. Là, on comprend le mécanisme de l’addiction, de la spirale infernale de la rue et surtout que la seule solution n’est ni la répression ni l’exclusion. »
Lou, journaliste en alternance au pôle enquête : « Danger au bloc de chirurgie cardiaque »
C’est quoi ? Une enquête en deux volets sur le professeur Thierry Folliguet, chef d’unité à qui on ne « confierait jamais un proche » par notre journaliste Lina Rhrissi. Depuis 2018, au groupe hospitalier universitaire Henri Mondor de Créteil, des chirurgiens cardiaques dénoncent un taux de mortalité suspect, un management par la peur et les mensonges de Folliguet. Pendant trois mois, Lina a rencontré de nombreux chirurgiens, des anciens de l’hôpital ou des lanceurs d’alerte placardisés. Elle s’est également demandé comment le professeur a été couvert par l’AP-HP malgré une décennie d’alertes.
Pourquoi ? « Ce sont des enquêtes sur lesquelles Lina a pris le temps nécessaire pour être la plus complète possible et dont les faits m’ont profondément révoltée. C’est essentiel pour bien travailler et c’est super que l’on puisse faire ça ici. »
Martin, en charge des formations : « À Douarnenez, la culture du rock ouvrier menacée ? »
C’est quoi ? Encore un papier de la série « municipales » ! Cette fois, notre journaliste Romane Lizée et la photographe Muelle Hélias sont allées à Douarnenez, ville ouvrière du Finistère, qui a vu éclore dans les années 1980 une scène rock soutenue par des politiques d’éducation populaire. Mais avec la touristification du port, les acteurs de la musique craignent de perdre leur identité.
Pourquoi ? « Ce genre d’histoire me rappelle qu’au-delà des révélations, des enquêtes et des commentaires, le journalisme c’est aussi raconter des parcours de vie de celles et de ceux qui vivent ces décisions économiques, sociales et politiques prises loin de chez eux et qui bouleversent leur quotidien. »
Luna, en charge des événements : « Les violences dans les écoles de la Fraternité Saint-Pie X »
C’est quoi ? Une enquête de notre pigiste Jeanne Casez. Après le débat national sur le contrôle de l’enseignement privé cette année, celle-ci a remarqué que le réseau scolaire de la Fraternité Saint-Pie X n’a pas été inquiété. De par son travail, elle a permis de révéler des faits de violences et d’endoctrinement dans cinq de ces écoles entre 1995 et 2020.
Pourquoi ? « Les violences sexistes et sexuelles représentent un sujet essentiel à traiter dans la société et StreetPress doit être un moteur de la lutte pour que ces faits ne se reproduisent pas. »
Clara, journaliste au pôle société : « Les cuisinières d’un foyer montreuillois en lutte pour sauver leur cantine solidaire »
C’est quoi ? En avril, notre journaliste Romane Lizée a détaillé comment les cuisines collectives, maillon essentiel de la solidarité dans les foyers de travailleurs immigrés, étaient menacées de destruction par un plan national de rénovation. Elle a raconté la rue Edouard-Branly à Montreuil, où résidents et cantinières tentaient de résister.
Pourquoi ? « Parce que StreetPress, c’est parler des luttes, de solidarité et de celles et ceux qui résistent. On tente au maximum dans notre travail de se conformer à cette ligne. »
Daphné, journaliste au pôle enquête : Le portrait de Christine Kelly
C’est quoi ? Quand StreetPress décide de confier au journaliste pigiste Florian Lefèvre un portrait de Christine Kelly, star du système Bolloré sur CNews ou Europe 1, nous sommes persuadés qu’il y a davantage à dire que ce qui est déjà connu sur elle. Comment la première présentatrice noire d’un JT national en 2000 est devenue une égérie réactionnaire très appréciée de l’extrême droite. Entre storytelling, blagues racistes et fan-club fantôme, Florian Lefèvre a signé un article fourmillant d’infos.
Pourquoi ? « À StreetPress, on est capables de sortir des infos sur des néonazis violents inconnus du grand public. Mais on ne s’est jamais arrêté à ça car nous savons que l’extrême droite a considérablement infusé dans le débat public depuis que Bolloré a transformé les télés ou les radios respectables en nid à fake news. On est parfaitement capables de sortir des faits inconnus sur des cadres de cette mouvance politique, et le papier sur Christine Kelly le montre bien. »
Caroline, directrice artistique : « Les drags des champs »
C’est quoi ? Un reportage des pigistes journalistes Arièle Bonte et Maud Veith sur la troupe des Joyaux de l’Arrée. Créée en Bretagne, dans le Finistère, elle propose un « drag rural et local » à un public de non-initiés, tranchant avec les codes esthétiques de l’émission « Drag Race ».
Pourquoi ? « Parce qu’on a donné la parole à la minorité de la minorité. Ça tord également le cou aux clichés : on peut être woke même dans les champs et ça montre aussi qu’on peut avoir de la culture même à la campagne (vous avez le jeu de mots ?). Et parce que ça donne le smile, tout simplement. »
Christophe, co-rédacteur en chef du pôle enquête : « Les jeunes exilés invisibles du centre de Paris »
C’est quoi ? Un reportage au long cours, comme beaucoup, de la journaliste Clara Monnoyeur, lors de cet hiver, pour suivre les mineurs isolés comme Ibrahima, dont la visite de la capitale n’est pas la priorité. La leur, c’est de survivre en attendant leur recours auprès de la justice pour que leur âge soit reconnu par l’État français. Magnifié par les photos d’Hervé Lequeux, Clara Monnoyeur décrit la vie de ces jeunes hommes, serrés dans une sorte de triangle au centre de la capitale entre les galeries marchandes, le Pont Marie où se trouvent leurs tentes et le parc de Belleville, devenu un lieu de sociabilité entre personnes migrantes.
Pourquoi ? « Aujourd’hui, StreetPress est reconnu pour des enquêtes sur l’extrême droite ou sur les violences policières. Mais notre rôle est, et a toujours été, de donner la parole à celles et ceux qui ne l’ont jamais. Un travail comme celui de Clara est primordial pour humaniser des personnes sans cesse réduites à l’état de faits divers, de chiffres ou de haine chez certains médias ou personnalités politiques. »
Photographie utilisée pour la Une est de Jeanne Gobin.
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