Square du Temple, Paris (3e) – La trentaine de fémonationalistes de Némésis piétine et s’impatiente sous le soleil de ce 8 mars 2025. Alice Cordier, la fondatrice du collectif, espère bien pouvoir s’incruster dans la manifestation pour les droits des femmes, malgré les protestations de l’ensemble des mouvements féministes. Bras croisés, sourcils froncés, le service d’ordre du groupe identitaire scrute les alentours. Parmi eux, StreetPress a pu identifier un certain Louis Nabucet. L’homme de 22 ans est un militant néofasciste connu de la justice. Ce membre de la division Martel – un groupuscule néonazi parisien dissous en 2023 – a été condamné en mai 2024 à six mois de prison avec sursis et cinq ans d’interdiction de port d’armes pour violences volontaires en raison de la race et attroupement armé en vue de la commission de violences aggravées par le motif racial (1).
Le militant d’extrême droite, qui voulait intégrer les forces de l’ordre et rêvait de devenir commissaire, a en effet participé à l’attaque raciste et violente du lycée Victor Hugo le 20 avril 2023. Avec une quinzaine de militants de la division Martel armés de béquilles et de bombes lacrymogènes, Louis Nabucet agresse plusieurs mineurs de 13 à 16 ans à la sortie de l’établissement du 3e arrondissement de Paris. Plusieurs lycéens sont blessés et traités de « sales bougnoules ».
Devant la justice, Louis Nabucet n’a pas semblé mesurer la gravité des faits qui lui ont été reprochés. Quelle ne fut pas la surprise de StreetPress de le voir dans le square du Temple ce samedi 8 mars, photographié à plusieurs reprises avec une oreillette du service d’ordre enfoncée dans l’oreille. Régulièrement, il se penche pour y parler. Contacté par téléphone, le militant n’a cessé de nier sa présence. Quand StreetPress l’informe que des photos existent, il répond seulement :
« C’est marrant. »
Confronté aux photos et à son oreillette, il ironise ensuite : « La personne présente sur ces photos a encore le droit d’écouter de la musique sur la voie publique j’espère. » « Je n’ai aucun rapport avec le service d’ordre de Némésis ou celui de Sarah Knafo », assure-t-il à plusieurs reprises, avant de refuser de répondre à nos questions.

A la manifestation féministe du 8 mars 2025, Louis Nabucet est apparu aux côtés de Sarah Knafo. / Crédits : DR

Louis Nabucet est un militant néofasciste membre de la division Martel. / Crédits : DR
Il a milité chez Reconquête
Côté Némésis, on botte aussi en touche : Alice Cordier affirme n’avoir aucune trace de Louis Nabucet dans son listing de « près de 300 personnes », qui incluait nom, prénom et photo : « On demandait les papiers d’identité lors de l’inscription. » Et d’assurer :
« Je ne sais pas qui c’est, il ne faisait partie ni de nos inscrits, ni de nos sympathisants, ni de notre sécu. »
Au sein du cortège d’extrême droite, une seule autre personnalité était accompagnée par un service de sécurité : la députée européenne Sarah Knafo. Louis Nabucet apparaît effectivement sur de nombreuses photos tout près d’elle, toujours muni de son oreillette. Quel hasard : au moment de la campagne présidentielle de 2022, Louis Nabucet militait avec le parti Reconquête. Il a participé à plusieurs tractages et meetings de soutien à Eric Zemmour. Contactée, la députée européenne nous renvoie vers la porte-parole du parti, Diane Ouvry. « Il y avait des risques d’agression par des militants d’ultra gauche, donc nous avions effectivement un service d’ordre », détaille-t-elle depuis l’aéroport de Budapest où elle est en déplacement. « Mais on a fait des recherches en amont sur chacun des profils », indique-t-elle avant de promettre de vérifier si le nom de Louis Nabucet apparaît dans ses listings. À sa descente d’avion, à Paris, quelques heures plus tard, elle affirme : « Je ne le connais pas, Sarah Knafo ne le connaît pas. » Il ne faisait donc, assure-t-elle, « pas partie de son service d’ordre ».

« Je ne sais pas qui c’est », affirme Alice Cordier à StreetPress, au sujet de Louis Nabucet. / Crédits : DR

Des images de l’attaque raciste et violente du lycée Victor Hugo le 20 avril 2023. / Crédits : DR
Ce n’est pas la première fois qu’Alice Cordier fait appel à des gros bras pour protéger ses militantes lors de happenings pendant des manifestations de gauche. En novembre 2021, lors d’une manifestation du collectif féministe Nous Toutes, des activistes de la Cocarde étudiante a protégé Némésis, qui tentait de s’incruster dans le cortège et a fait preuve de violences envers les féministes. Ce 8 mars 2025, pas d’altercation physique pour le service d’ordre du groupe d’extrême droite, mais plusieurs militantes féministes présentes sur place ont rapporté des invectives de leur part au cours de l’après-midi.
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(1) StreetPress a demandé à l’intéressé s’il avait fait appel de la décision de justice de mai 2024, il n’a pas souhaité répondre à cette question.
Illustration de Une de Caroline Varon.
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